Avec ou contre Macron ? Les Républicains toujours divisés
Au lendemain de la victoire d’Emmanuel Macron, deux lignes s’opposent chez les LR. Certains, comme Bruno Le Maire, sont prêts à faire partie de la majorité Macron. François Baroin menace de nouveau d’exclure ceux qui franchiront le pas. Avec peu de succès.

Avec ou contre Macron ? Les Républicains toujours divisés

Au lendemain de la victoire d’Emmanuel Macron, deux lignes s’opposent chez les LR. Certains, comme Bruno Le Maire, sont prêts à faire partie de la majorité Macron. François Baroin menace de nouveau d’exclure ceux qui franchiront le pas. Avec peu de succès.
Public Sénat

Par Public Sénat

Temps de lecture :

6 min

Publié le

Mis à jour le

La victoire d’Emmanuel Macron ne change rien pour la droite : c’est compliqué. Les Républicains sont toujours dans la même situation que la semaine dernière, à savoir divisés sur l’attitude à avoir à l’égard du nouveau Président. D’un côté ceux qui sont prêts à marcher aux côtés d’Emmanuel Macron. Essentiellement des juppéistes et les proches de Bruno Le Maire. De l’autre  ceux qui veulent rester dans l’opposition, ou dans une cohabitation. Soit les sarkozystes et fillonistes.

Dès hier soir, Bruno Le Maire a de nouveau fait une offre de service. « Oui, je pourrais travailler dans une majorité de gouvernement », a réaffirmé l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy et François Fillon sur RTL. « Ca dépend des gestes que fera Emmanuel Macron en direction de cet électorat auquel j'appartiens », « tous ceux qui estiment qu'il faut faire plus pour la sécurité », « des gestes en ce qui concerne la montée de l'islam politique dans ce pays », « sur l'éducation », « sur la culture française », a expliqué le député de l'Eure, qui a indiqué avoir eu des contacts avec Emmanuel Macron. « Si c'est un socialiste qui est premier ministre, il n'y a aucune recomposition, enfin on est dans la vieille politique ! (...) Dans ce cas-là, Emmanuel Macron sera l'héritier de François Hollande », a-t-il mis en garde.

« Si Bruno Le Maire rejoint le gouvernement dans une dizaine de jours, de fait il quitte la famille »

Un peu plus tard, François Baroin l’a remis à sa place. Celui qui joue le chef de file des Républicains pour la campagne des législatives a lui aussi répété ses menaces de sanctions, déjà proférées la semaine dernière.

« Si Bruno Le Maire rejoint le gouvernement dans une dizaine de jours, de fait il quitte la famille, de fait il appartient à En Marche! » a mis en garde le sénateur-maire de Troyes sur France 2. Ceux qui rejoindront Macron, « la vérité, c’est qu’ils s’excluront tout seul de la famille, c’est une autre histoire. Naturellement qu’il y aura des candidats contre ceux qui rejoindraient Emmanuel Macron dans le gouvernement ou ceux qui voudraient éventuellement avoir l’investiture En Marche. Il n’y aura pas de double-investiture. Ils seront En marche pour une majorité présidentielle ou ils seront LR-UDI pour une majorité pour la France. Il n’y aura aucune ambiguïté » a ajouté François Baroin, qui insiste : « Si Bruno Le Maire, ou tout autre candidat, entre au gouvernement et s'il est candidat aux législatives, il aura (face à lui) un candidat LR ou UDI, lui et tous les autres ».

« On ne peut pas être dehors quand il fait beau et dedans lorsqu'il pleut, on est d'un coté ou de l'autre, il faut assumer », a ajouté de son côté Christian Jacob, président du groupe LR à l'Assemblée nationale, interrogé sur BFM-TV

Sur RTL, le député Eric Woerth, qui a chapeauté le projet des LR pour les législatives qui doit être validé demain en bureau politique, a appelé les Français à choisir la cohabitation. « M. Macron se dit ni de gauche, ni de droite. Nous, nous voulons lui donner une majorité claire de droite et du centre » a-t-il affirmé.

Raffarin pour que Macron ait un gouvernement « yin et yang »

Les rappels à l’ordre de François Baroin sonnent apparemment dans le vide. Dès lundi matin, l'ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin a plaidé sur France 2 pour qu'Emmanuel Macron ait un gouvernement « yin et yang », composé à la fois de « têtes nouvelles » et de gens d'expérience. « La France n'a pas intérêt à l'échec de M. Macron » car « qui profiterait d'un échec d'Emmanuel Macron ? Les extrêmes, Mélenchon, Le Pen » selon le sénateur. Ce juppéiste considère qu'« il faudra en effet aider la France à réussir ». « Pour cela la droite et le centre doivent avoir des députés, doivent pouvoir compter, doivent pouvoir peser, soutenir les politiques qui vont dans le bon sens : la construction européenne, la politique de l'offre, la politique des entreprises pour l'emploi », a-t-il détaillé.

Sur Public Sénat, la sénatrice juppéiste Fabienne Keller, qui avait été l’une des premières à évoquer après le premier tour l’idée d’une coalition avec En marche !, s’est de nouveau dite ouverte à cette hypothèse. « On attend les preuves d’amour, le actes. (…) Il faut rassembler toutes celles et ceux prêts à faire des efforts sur les questions de marché du travail, les questions européennes » a-t-elle souligné (voir la vidéo ci-dessus).

Christian Estrosi, président de Provence-Alpes-Côte d'Azur, qui se montre aussi ouvert à Macron, a averti lundi son parti sur la ligne à suivre pour les législatives. Il s’oppose aussi à l’idée d’exclusions. « Le premier mot dans ma famille politique, au lendemain de la victoire d'Emmanuel Macron, ça doit être rassemblement, ça ne devrait pas être exclusion. Si on part sur le mot exclusion plutôt que sur le mot rassemblement, c'est la radicalisation pour les législatives telle que nous l'avons eue pour la présidentielle, et comme les mêmes causes produisent les mêmes effets, vous avez l'échec assuré », a estimé Christian Estrosi sur CNews.

Le député-maire LR du Havre Edouard Philippe à Matignon ?

Tout en indiquant qu'il « soutiendrait » les candidats de la droite et du centre aux législatives, Alain Juppé a salué la « très belle victoire » d'Emmanuel Macron, « celle des valeurs républicaines ». En fonction de la majorité issue des législatives, « il appartiendra au président de la République de prendre les initiatives qui s'imposent, et ce sera le moment, bien sûr, de prendre à notre tour nos propres responsabilités », a ajouté le maire de Bordeaux.

Les juppéistes sont nombreux à se laisser tenter par le leader d’En marche !. L’un de ses proches, le député-maire du Havre, Edouard Philippe, est même cité comme possible premier ministre… Il serait une prise de choix. Il coche toutes les cases : renouvellement, jeune en politique (46 ans), connaissance de la procédure parlementaire et de centre-droit. Ce qui aurait l’avantage d’accélérer l’explosion des LR et la recomposition qu’Emmanuel Macron appelle de ses vœux.

Partager cet article

Dans la même thématique

Paris : session of questions to the government at the Senate
9min

Politique

Face à un « budget cryptosocialiste », la majorité sénatoriale veut « éradiquer tous les impôts » votés par les députés

Ils vont « nettoyer » le texte, le « décaper ». Les sénateurs de droite et du centre attendent de pied ferme le budget 2026 et le budget de la Sécu. Après avoir eu le sentiment d’être mis à l’écart des discussions, ils entendent prendre leur revanche, ou du moins défendre leur version du budget : plus d’économies et faire table rase des impôts votés par les députés.

Le

Marseille: Amine Kessaci candidate
4min

Politique

Assassinat du frère d’Amine Kessaci : le militant écologiste engagé contre le narcotrafic était « sous protection policière et exfiltré de Marseille depuis un mois »

Le petit frère d’Amine Kessaci, jeune militant écologiste marseillais, connu pour son combat contre le narcotrafic, a été tué par balles jeudi soir à Marseille. L’hypothèse d’un assassinat d’avertissement est privilégiée et pourrait faire basculer la France un peu plus vers ce qui définit les narco Etats. C’est ce que craignaient les sénateurs de la commission d’enquête sur le narcotrafic. Le sénateur écologiste de Marseille Guy Benarroche, proche d’Amine Kessaci a pu s’entretenir avec lui, ce matin.

Le

Avec ou contre Macron ? Les Républicains toujours divisés
2min

Politique

Assassinat du petit frère d’Amine Kessaci : revoir le documentaire sur le combat contre le narcotrafic du militant marseillais 

Mehdi, le petit frère d’Amine Kessaci, jeune militant écologiste marseillais, connu pour son combat contre le narcotrafic, a été tué par balles jeudi soir à Marseille. En 2020, c’est l’assassinat de son grand frère Brahim, qui avait conduit le jeune garçon à s’engager en politique. Son parcours est le sujet du documentaire « Marseille, des larmes au combat », Anaïs Merad, à revoir sur Public Sénat.

Le

Avec ou contre Macron ? Les Républicains toujours divisés
3min

Politique

Projet de loi anti-fraudes : « C’est un objet politique qui vise essentiellement à montrer du doigt la fraude sociale »

Invités sur le plateau de Parlement Hebdo, le sénateur Bernard Jomier (Place Publique) et le député Sylvain Berrios (Horizons) sont revenus sur le projet de loi pour lutter contre les fraudes fiscales et sociales, examiné par la Chambre haute depuis mercredi. La majorité rassemblant les élus de la droite et du centre au Sénat ont affermi le texte en commission, y ajoutant une batterie de mesures qui ne fait pas consensus.

Le