Avenir du PS ?  « Vous entendrez bientôt parler de Bernard Cazeneuve » promet Henri Weber

Avenir du PS ? « Vous entendrez bientôt parler de Bernard Cazeneuve » promet Henri Weber

Avec la vente de son siège rue de Solférino à Paris, le PS tourne une page de son histoire. Largement battus à la dernière élection présidentielle, les socialistes peuvent-ils revenir dans le jeu politique ? Le PS peut-il renaître de ses cendres ? À en croire Henri Weber, figure historique du parti, « C’est un cycle qui se ferme, ce n’est pas le premier, et je n’espère pas le dernier ». Espoir, ou mirage… Jérôme Chapuis et ses invités en débattent dans « Un monde en docs » après la diffusion de « L’Adieu à Solférino » un film de Grégoire Biseau et Cyril Leuthy.
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Par Marie Oestreich et Pierre Bonte-Joseph

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François Hollande sait ce qu’il doit à son parti, dans le documentaire, il le dit lui-même, c’est grâce à la force du Parti Socialiste qu’il a été élu, et pourtant ce qui reste dans les mémoires, c’est le sentiment de trahison aux idées de son camp. Pour Frédéric Sawicki, professeur en sciences politiques à Paris I, les décisions politiques prises par le Président ont été « en décalage avec ce qu’il a annoncé lors de sa campagne ». Un « choc », une « incompréhension totale », pour les électeurs de gauche d’après Sylvain Courage, rédacteur en chef à l’Obs ; mais surtout une famille politique scindée en deux, entre « l’aile hollandaise » et des frondeurs dès les premières semaines du quinquennat.

Pas de « mea-culpa » pour l’ancien Président

Florange, loi travail, déchéance de nationalité, si les sujets de fracture ne manquent pas, jamais l’ancien président de la République ne reconnaît d’erreur. Interrogé dans le film, sur ce qu'on peut pointer comme des échecs, François Hollande détaille les raisons, et la méthode. Pour Grégoire Biseau « Le mea culpa et le lâcher-prise » semblent être un exercice difficile pour l’ancien président.

Comme le rappelle Sylvain Courage : « en 2012 le PS avait tous les pouvoirs, et aujourd’hui il n’en a plus aucun, il faut donc aujourd’hui tout reconstruire ». Une chose est sûre, c’est que le pacte de confiance entre la gauche et les Français semble aujourd’hui brisé. Un rendez-vous manqué peut-être, mais surtout un grand chantier à venir.

Un éloignement durable avec les classes populaires, socle du vote socialiste. Si elles représentent encore « 40 % de la population active » pour Frédéric Sawicki, elles ont fui la gauche et se sont réfugiées dans l’abstention.

Sylvain Courage : « en 2012 le PS avait tous les pouvoirs, et aujourd’hui il n’en a plus aucun, il faut donc aujourd’hui tout reconstruire ».

 

Frédéric Sawicki : « Il y a parmi les gilets jaunes des valeurs qui sont raccord avec les valeurs historiques de la gauche. » #UMED
02:25

 

« Redonner de l’espoir en l’action politique » du Parti Socialiste

Une fracture mais pas d’hostilité vis-à-vis des valeurs portées par la gauche pour le politologue mais « le PS n’apparaît plus comme celui qui va défendre les Français ». Le parti n’a pas tenu ses promesses et, est devenu « depuis longtemps un parti de professionnels de la politique » sans ouvriers, ni employés.
De ce point de vue, pour Sylvain Courage, « ce qu’avait tenté Benoît Hamon était intéressant », car il avait remis le travail au cœur du discours du Parti Socialiste, avec l’idée du revenu universel. Mais ça n’aura pas suffi à rapprocher le candidat socialiste de son électorat traditionnel.

Alors comment renouer ? Pour Sylvain Courage, peut-être en revenant vers les syndicats, comme la CFDT, qui s’intéresse aux questions actuelles de l’ubérisation et du nouveau prolétariat. Le rédacteur en chef à l’Obs rappelle que « le rebond des travaillistes en Grande Bretagne doit beaucoup » à un rapprochement avec le syndicalisme. Peut-être une leçon à tirer.

Une crise de la social-démocratie « pas spécifiquement française »

Pour Henri Weber cette crise, la chute du PS est d’abord due à une crise de la social-démocratie en Europe. « Bien sûr on a fait des erreurs, mais regardez la SPD en Allemagne (…) aujourd’hui, alerte-t-il, le fond de l’air est brun ».Mais pour Frédéric Sawicki, cela pourrait aussi constituer une opportunité : « en France et à l’étranger il y a une aspiration à plus d’égalité, ajoutée à une volonté de sauvegarde de la planète », valeurs que pourrait incarner le Parti Socialiste, s’il parvient à s’adapter et à se réorganiser. Mais le politologue reste méfiant : « Est-ce que la gauche sera capable d’incarner ça ? Rien ne peut permettre aujourd’hui de le dire. »

Frédéric Sawicki : « en France et à l’étranger il y a une aspiration à plus d’égalité, ajoutée à une volonté de sauvegarde de la planète »

Où sont passés les ténors du Parti Socialiste ?

Déménager, dépoussiérer, se rapprocher des classes populaires, moderniser la communication notamment via les réseaux sociaux, documenter les nouveaux enjeux des conditions de travail dans une société qui vit un capitalisme à mille lieues de celui des années quatre-vingt, voilà des pistes. Mais qui pour porter ces engagements ? Où sont passés Bernard Cazeneuve, Anne Hidalgo et toutes les têtes connues du Parti Socialiste ? Pour Henri Weber une figure se détache, encore dans l’ombre celle du dernier premier ministre De François Hollande : « Cazeneuve est là, et vous en entendrez parler. Et pas seulement de lui. ». L’ex député européen socialiste se dit « certain » qu’il y a toujours un espace en France pour un gouvernement de gauche social-démocrate, « parce que la critique social-démocrate est plus actuelle que jamais. »

Henri Weber : « Cazeneuve est là, et vous en entendrez parler. Et pas seulement de lui. »

Henri Weber : « Rassurez-vous, Cazeneuve est là, et vous en entendrez parler. » #UMED
01:13

 

Le film qui débute par les images d’une photo de Jean Jaurès que l’on décroche des murs de « Solfé » se termine par celles des nouveaux locaux du PS à Ivry-sur-Seine encore vides… et en travaux tout comme le projet du parti socialiste.

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