Face au détournement d’un avion de ligne par la Biélorussie, l’Union européenne a décidé lundi soir de nouvelles sanctions. Les pays de l’Union ferment leur espace aérien à la Biélorussie. Un nouveau train de sanctions est aussi adopté contre le régime du président biélorusse, Alexandre Loukachenko, qui a personnellement donné l’ordre à un Mig-29 d’intercepter le Boeing de Ryanair, qui reliait Athènes à Vilnius dimanche, pour le dérouter vers Minsk. Le régime d’Alexandre Loukachenko a ainsi arrêté un dissident qui se trouvait à bord. Il s’agit de Roman Protassevitch, un journaliste d’opposition de 26 ans, et de sa compagne, Sofia Sapéga. Le jeune homme est maintenant détenu à Minsk.
« Donc c’est un acte d’une extrême gravité qui ne peut rester impuni »
« Ces sanctions ont le mérite d’exister », réagit au micro de Public Sénat Christian Cambon, président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat (voir les images de Cécile Sixou). « Ce sont des mesures fortes, notamment l’interdiction de l’espace aérien aux compagnies biélorusses. Ça risque de gêner beaucoup le pays », pense le sénateur LR du Val-de-Marne. « Ça va quand même peser très lourd sur l’économie de ce pays. C’est un premier train de sanctions. Elles visent à faire changer d’attitude Loukachenko. Attendons de voir si ça a des conséquences. Si ça n’en a aucune, les Européens prendront leurs responsabilités », ajoute Christian Cambon. Reste que « Loukachenko est une personne dictatoriale extrêmement violente qui n’a pas trop l’habitude de se faire dicter ses actes de la part de démocratie », reconnaît le sénateur. Bref, l’effet des sanctions est incertain.
Pour le président de la commission des affaires étrangères, ce détournement « est un acte de folie, c’est de la piraterie aérienne. Il y a peu souvenir d’exemples aussi graves ». « Si des avions ne peuvent plus survoler d’autres pays, il n’y a plus d’aviation. Donc c’est un acte d’une extrême gravité qui ne peut rester impuni », insiste le sénateur.
« Il faut cesser, dès que quelque chose ne fonctionne pas à l’est, de considérer que la Russie est responsable »
Reste une question : la Russie a-t-elle pu jouer un rôle, d’une manière ou d’une autre, dans les événements, comme certains le pensent, ou du moins être au courant ? « Je ne crois pas que la Russie soit impliquée », répond Christian Cambon, « il faut cesser, dès que quelque chose ne fonctionne pas à l’est, de considérer que la Russie est responsable. On connaît le lien entre la Russie et la Biélorussie, mais je ne crois pas qu’un tel acte de piraterie serve véritablement la Russie. Des contacts que j’ai pu avoir avec la Russie ce matin, il n’y a pas d’implication de la Russie sur cette affaire ».
Pour le président de la commission des affaires étrangères, « on a besoin de dialoguer avec le Russie, ce n’est pas la peine d’en rajouter. Il y a assez de problème comme ça avec eux ». Il sera lui-même « En Russie la semaine prochaine », « à la faveur du forum économique de Saint-Pétersbourg », pour rencontrer ses « homologues Russes ». Ce sera « l’occasion de passer, au nom du président du Sénat, un certain nombre de messages. Mais en l’absence de preuves, il vaut mieux agir avec retenue », explique Christian Cambon, qui rappelle que « le Sénat français a maintenu le dialogue avec le Conseil de la fédération ». Il est toujours utile de garder une ligne ouverte.