Baisse de dépenses des collectivités : les sénateurs dénoncent « l’enfumage » du gouvernement
Le projet de loi de programmation des finances publiques prévoit une baisse de 13 milliards d’euros des dépenses des plus grandes collectivités d’ici à 2022. Mais les sénateurs calculent cet effort à 21 milliards d’euros.

Baisse de dépenses des collectivités : les sénateurs dénoncent « l’enfumage » du gouvernement

Le projet de loi de programmation des finances publiques prévoit une baisse de 13 milliards d’euros des dépenses des plus grandes collectivités d’ici à 2022. Mais les sénateurs calculent cet effort à 21 milliards d’euros.
Alexandre Poussart

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« Se targuer auprès des élus locaux de ne pas faire de baisses de dotations s’apparente à une belle opération de mystification, que certains traduisent par de l’enfumage », a lancé, ce jeudi au Sénat, Jean-François Husson, sénateur (LR) et membre de la commission des Finances du Sénat, à Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics.

13 milliards de baisses de dépenses en 4 ans

Le sénateur fait référence à la baisse de 13 milliards d’euros des dépenses de fonctionnement des 300 plus grandes collectivités que le gouvernement prévoit pour les 4 prochaines années. Cette mesure est comprise dans le projet de loi de programmation des finances publiques pour la période 2018 - 2022, que le Sénat a examine ce jeudi.

Baisse de dépenses de fonctionnement contre soutien à l’investissement

Se défendant de ne pas faire de baisse sèche de dotations aux collectivités pour atteindre cet objectif de 13 milliards, l’Etat prévoit de conclure un contrat avec les 300 plus grandes collectivités territoriales pour qu’elles n’augmentent pas leurs dépenses de fonctionnement de plus d’1,2% par an en échange d’un bonus de dotation ou d’un soutien à l'investissement. En cas de non-respect du contrat, les collectivités concernées seraient sanctionnées par « un baisse des concours financiers de l’Etat ».

21 milliards d’euros d’efforts réels

« Selon les calculs de la commission des Finances du Sénat, l’effort demandé aboutit à 21 milliards d’euros et non 13. L’addition devient beaucoup plus amère », constate Jean-François Husson. Les sénateurs ont donc prévu, dans ce contrat avec les collectivités, de demander une hausse des dépenses limitée à 1,9% par an au lieu d’1,2%, ce qui correspondrait selon leurs calculs à un effort réel de 13 milliards d’euros sur 4 ans.

Le Sénat ne veut pas encadrer l’endettement des collectivités

Le gouvernement prévoyait d’encadrer le ratio d’endettement des collectivités, c’est-à-dire le nombre d’années qui leur est nécessaire pour se désendetter. Les sénateurs souhaitent supprimer cette mesure.

Etat-collectivités : une relation compliquée

Cet effort demandé aux collectivités s’inscrit dans une relation entre l’Etat et les élus locaux devenue compliquée après la suppression de la taxe d’habitation et de la réserve parlementaire, et la baisse de 300 millions d’euros de la dotation générale de fonctionnement cet été.

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