Baisse de popularité : « Emmanuel Macron est obsédé par l’idée qu’il maîtrise sa communication »
Emmanuel Macron plus impopulaire que François Hollande à la même période de son quinquennat, selon un sondage. Pour Arnaud Benedetti, auteur de « Le coup de com permanent » ed. du Cerf, le chef de l’État récolte les fruits « des changements permanents de son mode de communication ».

Baisse de popularité : « Emmanuel Macron est obsédé par l’idée qu’il maîtrise sa communication »

Emmanuel Macron plus impopulaire que François Hollande à la même période de son quinquennat, selon un sondage. Pour Arnaud Benedetti, auteur de « Le coup de com permanent » ed. du Cerf, le chef de l’État récolte les fruits « des changements permanents de son mode de communication ».
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Selon un sondage publié par l’IFOP ce mardi, 31 % des Français, seulement, sont satisfaits de l’action du Président de la République. C’est 10 points de moins qu’en juillet. Et c’est surtout 1 point de moins que François Hollande, qui, en septembre 2013 recueillait 32 % d’opinion favorable. Pour Arnaud Benedetti, professeur en histoire de la communication à l'université Paris IV Sorbonne et auteur de « Le coup de com permanent » ed. du Cerf, « la communication d’Emmanuel Macron qui était un atout durant la campagne est devenue un handicap ».

Emmanuel Macron plus bas que François Hollande dans les sondages. C’est un pied de nez pour celui qui critiquait la présidence trop « bavarde » de son prédécesseur ?

En réalité, Emmanuel Macron a changé en permanence de mode de communication. En accédant au pouvoir, il a donné l’impression de vouloir maîtriser sa parole, la faire correspondre à la fonction présidentielle, le fameux « président Jupitérien ». Ce qu’on ne retrouvait pas chez François Hollande et même chez Nicolas Sarkozy. Au mois d’août 2017, les études d’opinion montrent un infléchissement de sa popularité, il choisit alors d’avoir recours aux médias traditionnels, avec un grand entretien dans le Point, sur TF1 et LCI en octobre, sur France 2 en décembre. Dans le même temps, il continue à avoir recours aux médias sociaux, en diffusant des petits modules où sa vie privée est mise en scène. L’idée est de vouloir garder un contact direct avec les Français. Pour lui, sa communication est l’incarnation de sa personnalité. Il est obsédé par l’idée qu’il maîtrise sa communication.

Emmanuel Macron a connu un été mouvementé. L’affaire Benalla, le retour des Bleus… Deux séquences où sa communication n’a pas été sans reproche…

Depuis quelques mois, Emmanuel Macron ne semble plus maîtriser sa communication comme il le faisait en début de mandat. Même avant l’affaire Benalla, deux séquences illustrent ces tâtonnements. Fin juin, au Mont-Valérien, il reprend un enfant qui l’appelle « Manu ». La vidéo tourne en boucle et même reprise sur le compte Twitter de l’Élysée. Elle est voulue comme une métaphore du respect que l’on doit à un chef d’État. Deux jours plus tard, pour la fête de la musique, il introduit une sorte de techno parade à l’Élysée qui vient percuter l’image de gravité de la fonction présidentielle qu’il souhaitait insuffler. L’affaire Benalla a été un hiatus entre sa campagne basée sur la République exemplaire et son exercice du pouvoir. Il n’y a rien de pire en publicité qu’une contradiction entre le slogan et le produit. L’Élysée a évidemment manqué de réactivité dans la gestion de crise, et en plus Emmanuel Macron n’a pas fait preuve de compassion et à même dit que si c’était à refaire, il réembaucherait Alexandre Benalla.

François Hollande a collé à Emmanuel Macron l’étiquette de « Président des très très riches » comment peut-il s’en défaire ?

Les débuts de mandats sont les plus importants pour fixer une image. Pas seulement en termes de communication mais aussi par l’action politique. Nicolas Sarkozy a traîné comme un boulet le Fouquet’s et son séjour sur le yacht de Vincent Bolloré. Pour Emmanuel Macron ce sont deux de ses premières mesures qui ont fixé son mandat : le démantèlement de l’ISF et la hausse de la CSG pour les retraités.

« Les couacs » dans la majorité ont marqué le quinquennat de François Hollande. Jusqu’à présent, Emmanuel Macron s’en était prémuni. Et puis en une semaine, Laura Flessel et surtout Nicolas Hulot ont démissionné avec fracas.

Il est intéressant de relever que ce sont deux ministres parmi les plus connus, issus de la société médiatique, qui ont démissionné. Les autres sont soit des techniciens, soit des politiques qui lui doivent leurs postes. Or, il y a 60 ans jour pour jour, naissait la Constitution de la Ve République. Le général de Gaulle l’a voulu « monarchique » mais également collective avec un Premier ministre qui fait écran entre le Président et les Français. Ce que montre le macronisme c’est un exercice solitaire du pouvoir. Un chef de l’État ne peut pas être seul face à l’opinion.

 

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