Trois ministres, trois argumentaires
Suite à la note de Bercy sur la réduction des aides sociales, chaque ministre réagit individuellement.
Bruno Le Maire ouvre le bal en ne fermant pas la porte à une possible réduction des aides. Une mauvaise stratégie pour Thierry Herrant, consultant en stratégie de communication : « Suite à la diffusion de cette note, Bruno Le Maire n’opte pas pour le bon démarrage car il rentre plutôt sur une problématique d’équations budgétaires. Cette approche, c’est le meilleur moyen de toute de suite crisper le débat ».
Capture d'écran « Le Grand Rendez-Vous »
Gérald Darmanin tente alors de rectifier le tir, en déplaçant la question sur les critères d’attributions de ces aides.
Pour Thierry Herrant, « on rentre alors dans une problématique assez classique pour ce gouvernement quand il veut faire bouger les choses : d’abord on dramatise la situation, en disant qu’il y a trop d’aides puis on cherche à être en résonance avec ce que pense l’opinion et les gens pensent qu’il y a trop d’aides ».
Deux voix dissonantes au sein du gouvernement auxquelles s’ajoute celle de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn.
Pour Mariette Darrigrand, sémiologue et fondatrice du cabinet Des Faits et des Signes, il y a une vraie gradation dans le discours de chacun. Pour elle, « Bruno Le Maire a un discours de droite sur ces questions alors qu'Agnès Buzyn rejoint la vision sociale d'Emmanuel Macron ». Une gradation symptomatique de la ligne gouvernementale sur ce sujet :
« Le problème qui explique ces argumentaires différents, c’est que le président n’a pas aujourd'hui stabilisé son discours et c’est pour cela que ses ministres rament ».
C’est donc le Premier ministre qui va tenter de remettre à plat les objectifs de son gouvernement.
Édouard Philippe, médiateur de la question sociale ?
Les désaccords et imprécisions des ministres conduisent le Premier ministre à réagir à plusieurs reprises.
1ère étape, le 30 mai, lors d’un séminaire gouvernemental. Pour Régis Lefèbvre, communicant et enseignant à l’Université Paris II :
« Édouard Philippe cherche alors à bien repositionner le débat sur les aides sociales ce qui est très compliqué »
Le communicant assure pourtant que c’est la bonne stratégie car « le Premier ministre cherche d’abord à mettre le sujet au niveau des enjeux : savoir quels sont les objectifs que le gouvernement et l’État s’assignent ». Édouard Philippe privilégie alors la pensée macronienne : accompagner les personnes en difficulté.
Alors, pourquoi tant de cafouillages autour des questions de politique sociale ?
Comme l’explique Mariette Darrigrand, ces couacs sont peut-être le reflet d'un président "peu à l'aise" sur cette question. Une thèse corroborée par le report de l’annonce du plan pauvreté par Emmanuel Macron à septembre prochain…
Retrouvez l’intégralité de l’émission Déshabillons-Les, Quand le gouvernement fait couac sur le social, samedi 7 juillet à 15h sur Public Sénat.