En déplacement au Salon de l’élevage à Cournon d’Auvergne (Puy-de-Dôme), Michel Barnier a annoncé une aide de 75 millions d’euros pour les éleveurs de brebis victimes de la fièvre catarrhale ovine et des prêts garantis par l’Etat pour les exploitations en difficulté. Des mesures bienvenues pour les agriculteurs qui ne calment pas pour autant leur colère.
Banlieues : « Il n’y a plus d’illusions, plus d’envie, plus de révolte »
Par Public Sénat
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Dans quelques jours, Jean-Louis Borloo, ancien ministre de la Ville, va remettre au Président de la République, un rapport sur les banlieues. Un énième plan banlieue ?
En tout cas, Manon Quérouil-Bruneel, grand reporter, souhaite que la parole des habitants des banlieues soit recueillie pour « leur demander ce dont ils ont envie, ceux dont ils ont besoin ». C’est ce qu’elle a voulu faire avec Malek Dehoune, dans leur livre « La part du ghetto, la vérité sur les banlieues » (Éditions Fayard). Malek Dehoune a guidé Manon Quérouil-Bruneel, dans une cité qu’il connaît bien, pour lui permettre de rentrer en relation avec les habitants. « De nos jours en banlieue, on ne fait plus trop confiance aux journalistes. Donc pour que les personnes se livrent vraiment, fallait quelqu’un de l’intérieur (…) Les jeunes me faisaient confiance. Et comme ils m’ont fait confiance, ils ont fait confiance à Manon » explique-t-il.
Dans cette enquête, Manon Quérouil-Bruneel et Malek Dehoune parlent de la désillusion de certains enfants d’immigrés, nés dans les années 80, qui souhaitent aujourd’hui « faire de l’argent » et s’installer dans le pays d’origine de leur famille : « Ce sont des gens qui n’ont pas trouvé leur place dans la société française. Qui avaient forcément des envies qui n’ont pas été comblées. Donc, effectivement, maintenant il n’y a plus d’illusions, plus d’envie, plus de révolte (…) Les gens se focalisent sur le quotidien, c'est-à-dire s’en sortir d’une façon ou d’une autre. Les grandes révoltes, le sentiment de haine, de rage, que pouvait avoir la génération de Malek notamment (…) [se sont] complètement évanouies » estime Manon Quérouil-Bruneel.
La réelle difficulté à trouver un emploi quand on porte un nom à consonance maghrébine et que l’on habite en banlieue, est une fois de plus, soulignée : « J’ai rencontré beaucoup de gamins dont les demandes de stage sont restées lettre morte (…) Certains s’en sortent, passent le bac, un BTS ou un bac +5 [mais] le chemin pour gagner un emploi est beaucoup plus compliqué que quand on s’appelle Pierre ou Jacques et qu’on habite dans le 5e arrondissement » regrette la grand reporter. Malek Dehoune acquiesce : « Sans se positionner en victime, c’est un fait ».
Une nouvelle forme de prostitution
Dans leur livre, Manon Quérouil-Bruneel et Malek Dehoune évoquent aussi les activités illicites parallèles, notamment une nouvelle forme de prostitution.
Il y a les jeunes femmes qui sont escort girls et qui continuent à vivre dans leur banlieue : « Les jeunes filles qui rentrent dans l’ « escort », pour elles, c’est un ascenseur social. Elles ont en tête Zahia (…) Elles racontent toutes le même parcours. Ça commence quand elles découvrent qu’on peut monnayer un rapport sexuel et que finalement on peut gagner 4,5, 6 000 euros par mois, en enchaînant les passes » raconte Manon Quérouil-Bruneel. Mais il existe surtout de nouveaux réseaux de prostitution, tenus par des jeunes des quartiers : « Les réseaux de drogues [sont] saturés. Le braquage, est quand même réservé à une « élite » chez les voyous donc (…) [la prostitution] c’est le chemin facile pour eux pour faire de l’argent, comme ils disent, « les bras croisés » » ajoute la grand reporter.
Des chambres d’hôtels proches de Paris sont louées, des appartements également : « Ça se passe même dans la cité mais c’est un peu plus rare (…) C’est tenu par des mecs de cité, avec des filles du quartier » renchérit Malek Dehoune.
Mais alors que faire, face à ce constat si sombre ? « Il faut tout reprendre par la base, donner la chance aux jeunes de banlieues » préconise Malek Dehoune. Et il ajoute : « Il faut peut-être leur rouvrir des associations, qui apprennent aux jeunes comment se comporter dans un entretien, à faire des cours de théâtre au lieu de cours de rap…Il y a un grand travail à faire. Parce que c’est vrai que l’on est assis un peu sur un volcan ».
Vous pouvez voir et revoir l’entretien avec Manon Quérouil-Bruneel et Malek Dehoune, en intégralité :