Banlieues : « La grosse piqûre de rappel » de Borloo à Macron
Un mois après les annonces d’Emmanuel Macron sur les banlieues, Jean-Louis Borloo est sorti de son silence pour égratigner la vision « monarchique » « inefficace et dangereuse » du chef de l’État. Pour Valérie Létard, proche de l’ancien ministre, la rénovation urbaine nécessite des moyens supplémentaires.

Banlieues : « La grosse piqûre de rappel » de Borloo à Macron

Un mois après les annonces d’Emmanuel Macron sur les banlieues, Jean-Louis Borloo est sorti de son silence pour égratigner la vision « monarchique » « inefficace et dangereuse » du chef de l’État. Pour Valérie Létard, proche de l’ancien ministre, la rénovation urbaine nécessite des moyens supplémentaires.
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

« Il faut faire attention à ce que notre pays ne se retrouve pas dans la situation désagréable où le gratin se sépare des nouilles ». Quelques semaines après les annonces d’Emmanuel Macron sur les banlieues et où il avait grandement pris ses distances avec le rapport de Jean-Louis Borloo (voir notre article), l’ancien ministre de la ville a enfin exprimé sa déception.

« C'est le problème d'une monarchie qui en fait n'a plus de moyens »

C’est dans son ancienne ville, à Valenciennes, où se tenait un évènement sur la rénovation urbaine (Les Rendez-vous avec la ville), que Jean-Louis Borloo, a pris la parole à la fin d’une table ronde et le chef de l’État en a pris pour son grade. « Mon sentiment c'est qu'on est en train de remplacer le vieux monde des solidarités par le jeune monde des abandons de ceux qui ont besoin de la solidarité » (…) « C'est le problème d'une monarchie qui en fait n'a plus de moyens, et ce qui me dérange c'est que les quelques moyens qu'elle a, elle a décidé d'arbitrer pour permettre à ce qui courent le plus vite de courir de plus en plus vite » (…) « Cette vision de la société, je la trouve inefficace et dangereuse ». Un changement de ton radical en comparaison avec la timide réaction de l’ancien ministre de la ville, le 22 mai dernier à l’Élysée, où il avait estimé « que toutes cases (de son rapport) étaient cochées.

« Jean-Louis Borloo ne s’exprime jamais à chaud. Il a fait une grosse piqûre de rappel à l’exécutif. « Il a choisi de le faire quelques jours avant le début de l’examen de la loi Elan au Sénat et avant l’expression prochaine d’Emmanuel Macron sur les banlieues prévue pour juillet » commente la sénatrice centriste du Nord, Valérie Létard, proche de Jean-Louis Borloo et présente à Valenciennes hier soir. La sénatrice s’oppose à l’approche globale du gouvernement et souhaite que « des moyens supplémentaires soient alloués à des situations exceptionnelles ». Elle considère aussi insuffisant le doublement de l’enveloppe de l’ANRU de 5 à 10 milliards, promis par Emmanuel Macron. « Il faut changer de braquet. Le compte n’y est pas ».

Borloo n'assume pas l'attaque destinée à Emmanuel Macron

« Une piqûre de rappel » que Jean-Louis Borloo n’a pas assumée. Interrogé par le Figaro, ce jeudi, l’ancien édile de Valenciennes assure que son intervention « n’avait rien à voir » avec le Président. « Si on essaie de faire le lien, c'est juste ridicule » indique-t-il.

Pour le vice-président LR du Sénat, Philippe Dallier qui a lui-même interpellé le chef de l’État après les annonces faites à l’Élysée « la réaction de Jean-Louis Borloo est forte. J’espère qu’elle fera prendre conscience à l’Élysée et au gouvernement qu’il y a un vrai sujet banlieues. Pour l’instant, c’est une politique qui vise à réaliser des économies sans se soucier des conséquences ».

Partager cet article

Dans la même thématique

Paris : session of questions to the government at the Senate
9min

Politique

Face à un « budget cryptosocialiste », la majorité sénatoriale veut « éradiquer tous les impôts » votés par les députés

Ils vont « nettoyer » le texte, le « décaper ». Les sénateurs de droite et du centre attendent de pied ferme le budget 2026 et le budget de la Sécu. Après avoir eu le sentiment d’être mis à l’écart des discussions, ils entendent prendre leur revanche, ou du moins défendre leur version du budget : plus d’économies et faire table rase des impôts votés par les députés.

Le

Marseille: Amine Kessaci candidate
4min

Politique

Assassinat du frère d’Amine Kessaci : le militant écologiste engagé contre le narcotrafic était « sous protection policière et exfiltré de Marseille depuis un mois »

Le petit frère d’Amine Kessaci, jeune militant écologiste marseillais, connu pour son combat contre le narcotrafic, a été tué par balles jeudi soir à Marseille. L’hypothèse d’un assassinat d’avertissement est privilégiée et pourrait faire basculer la France un peu plus vers ce qui définit les narco Etats. C’est ce que craignaient les sénateurs de la commission d’enquête sur le narcotrafic. Le sénateur écologiste de Marseille Guy Benarroche, proche d’Amine Kessaci a pu s’entretenir avec lui, ce matin.

Le

Banlieues : « La grosse piqûre de rappel » de Borloo à Macron
2min

Politique

Assassinat du petit frère d’Amine Kessaci : revoir le documentaire sur le combat contre le narcotrafic du militant marseillais 

Mehdi, le petit frère d’Amine Kessaci, jeune militant écologiste marseillais, connu pour son combat contre le narcotrafic, a été tué par balles jeudi soir à Marseille. En 2020, c’est l’assassinat de son grand frère Brahim, qui avait conduit le jeune garçon à s’engager en politique. Son parcours est le sujet du documentaire « Marseille, des larmes au combat », Anaïs Merad, à revoir sur Public Sénat.

Le

Banlieues : « La grosse piqûre de rappel » de Borloo à Macron
3min

Politique

Projet de loi anti-fraudes : « C’est un objet politique qui vise essentiellement à montrer du doigt la fraude sociale »

Invités sur le plateau de Parlement Hebdo, le sénateur Bernard Jomier (Place Publique) et le député Sylvain Berrios (Horizons) sont revenus sur le projet de loi pour lutter contre les fraudes fiscales et sociales, examiné par la Chambre haute depuis mercredi. La majorité rassemblant les élus de la droite et du centre au Sénat ont affermi le texte en commission, y ajoutant une batterie de mesures qui ne fait pas consensus.

Le