Un rapport parlementaire d’évaluation de l’action de l’État en Seine-Saint-Denis, sur les missions police, justice, et éducation, a été remis la semaine dernière au gouvernement.
« Les conclusions de ce rapport sont édifiantes. Dans ce département qui est le plus pauvre de France, le plus jeune de France, où l’échec scolaire est devenu endémique, département le plus criminogène de France, on devrait avoir des moyens de l’État hors-norme » étrille Philippe Dallier, sénateur LR de Seine-Saint-Denis.
Le sénateur déroule son argumentaire : « Que dit le rapport ? Ah oui, les moyens sont hors-norme. Mais dans le mauvais sens. Au tribunal de Bobigny, les magistrats n’en peuvent plus, beaucoup de dossiers sont classés sans suite. Dans nos commissariats, on nous a annoncé que prochainement un tiers serait fermé la nuit, pour plus d’efficacité. En matière d’éducation, dans nos collèges, on découvre que le mieux doté des collèges de Seine-Saint-Denis, est moins bien doté que le moins bien doté des collèges parisiens ».
« Tout le monde sait cela, Monsieur le ministre. Il y a eu 2 700 visites ministérielles en dix ans en Seine-Saint-Denis, une par jour ! Qui peut dire qu’il ignore cela ? » martèle-t-il avant de questionner : « Qu’est-ce que vous entendez faire pour donner un peu de sens au terme d’égalité républicaine dans ce département ? »
« Puis-je vous dire que je partage votre constat, et votre question. Oui, effectivement, nous sommes dans un département qui a beaucoup de problèmes » répond le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, avant de dérouler les moyens mobilisés par l’État sur le sujet. « Dans le domaine de l’Éducation nationale, le département bénéficiera à la rentrée prochaine de 466 postes supplémentaires pour le seul premier degré, et il bénéficiera du dédoublement des classes. Ma collègue garde des Sceaux, est également, pleinement mobilisée pour améliorer la situation au tribunal de grande instance de Bobigny. Elle s’est engagée à pourvoir l’ensemble des postes de magistrats et de fonctionnaires, dès septembre 2018, et à affecter un certain nombre de magistrats en surnombre. Concernant la sécurité, alors que les forces avaient diminué, entre 2010 et 2014, elles sont aujourd’hui au plus haut ».
« Peut-être faut-il sur la région Ile-de-France, et en particulier sur la petite couronne, faire un certain nombre de réformes de structure » conclut-il.
En colère, Philippe Dallier exulte : « Assez de rapports, assez de visites ministérielles. Des actes, des actes, des actes ! ».
Le sénateur persiste et signe : « Quand la politique de droit commun n’est pas au niveau, comment voulez-vous que la politique de la ville donne des résultats ? Alors nous ne sommes pas des citoyens de seconde zone, nous ne sommes pas là pour être visités, nous voulons effectivement de l’action, nous y avons droit comme partout en France ».