Les images de février où François Bayrou et Emmanuel Macron s’affichaient ensemble tout sourire, heureux de leur « alliance » qu’ils venaient de sceller, semblent bien lointaines. L’imbroglio est né autour de la répartition des circonscriptions aux législatives entre les deux formations politiques. Le MoDem s’estime insuffisamment représenté, avec seulement 35 circonscriptions gagnables, loin des 113 revendiquées dans les négociations.
Cette situation témoigne de deux exigences différentes, selon le journaliste Alexandre Vatimbella, à la tête du Centre d'étude et de recherche du Centrisme :
« Du côté de François Bayrou, il y a l’idée qu’il devait être très bien servi parce qu’il avait aidé Emmanuel Macron à gagner. Il croit qu’il est une des grandes raisons de la victoire de Macron. En même temps, il s’aperçoit qu’il n’a pas été au centre de la campagne et que, quelque part, il ne sera pas Premier ministre. Il a tout remisé sur l’Assemblée nationale. »
Pour le directeur du Crec, le président du MoDem surestimerait son rôle dans la victoire du 7 mai. « Il n’est pas un personnage central dans la victoire d’Emmanuel Macron, même si effectivement son alliance lui a apporté quelques pourcentages, mais ce n’est pas lui le grand organisateur de la victoire. Il estime qu’il est un personnage central de la vie politique et qu’il est capable de faire roi quelqu’un, il exagère un peu. »
En face, les cadres la République En Marche, comme Richard Ferrand ou Arnaud Leroy ce matin, répètent qu’il n' a jamais été question d’un « accord d’appareil », ce que conteste le MoDem.
« Pour Bayrou, cela l’enterre définitivement s’il s’en va en claquant la porte »
« Pour Emmanuel Macron, François Bayrou représente l’ancienne classe politique, celle qu’il faut chasser du pouvoir, mais il ne peut pas fermer la porte à tout le monde car il en a besoin. Le rassemblement se traduira à Matignon, avec une personne du monde politique connue, mais manifestement, ce ne sera pas Bayrou. Pour la République en Marche, le maître mot c’est le renouveau. Et pour le décrocher : c’est à l’Assemblée nationale », explique Alexandre Vatimbella.
Le journaliste rappelle que le maire de Pau est peu apprécié à gauche et à droite, où beaucoup le perçoivent comme l’un des responsables de la défaite d’Alain Juppé à la primaire.
« Il va bien falloir trouver une entente. Pour Bayrou, cela l’enterre définitivement s’il s’en va en claquant la porte. Je ne vois pas d’autre issue pour lui que d’être dans la majorité présidentielle. »
Si l’hypothèse d’un accord entre les deux partis, rectifiant le tir après la publication de la liste des candidats, semble la plus probable aux yeux d’Alexandre Vatimbella, la piste d’un calcul n’est pas écartée :
« Il y a aussi la possibilité qu’Emmanuel Macron joue la carte du renouvellement plutôt que le rassemblement, jusqu’à aller au clash avec François Bayrou. Peut-être ne veut-il pas s’embarrasser d’un Bayrou trop embarrassant de part son histoire politique. »
Réponse dans les prochains jours avec la nomination du gouvernement et des 150 derniers candidats de la République en Marche.