« Bayrou croit qu’il est l’une des grandes raisons de la victoire de Macron »

« Bayrou croit qu’il est l’une des grandes raisons de la victoire de Macron »

Le journaliste Alexandre Vatimbella, spécialiste du centrisme, analyse l’imbroglio entre le MoDem et la République en Marche autour des investitures aux législatives. Pour lui, François Bayrou n’est pas en position de force.
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Les images de février où François Bayrou et Emmanuel Macron s’affichaient ensemble tout sourire, heureux de leur « alliance » qu’ils venaient de sceller, semblent bien lointaines. L’imbroglio est né autour de la répartition des circonscriptions aux législatives entre les deux formations politiques. Le MoDem s’estime insuffisamment représenté, avec seulement 35 circonscriptions gagnables, loin des 113 revendiquées dans les négociations.

Cette situation témoigne de deux exigences différentes, selon le journaliste Alexandre Vatimbella, à la tête du Centre d'étude et de recherche du Centrisme :

« Du côté de François Bayrou, il y a l’idée qu’il devait être très bien servi parce qu’il avait aidé Emmanuel Macron à gagner. Il croit qu’il est une des grandes raisons de la victoire de Macron. En même temps, il s’aperçoit qu’il n’a pas été au centre de la campagne et que, quelque part, il ne sera pas Premier ministre. Il a tout remisé sur l’Assemblée nationale. »

Pour le directeur du Crec, le président du MoDem surestimerait son rôle dans la victoire du 7 mai. « Il n’est pas un personnage central dans la victoire d’Emmanuel Macron, même si effectivement son alliance lui a apporté quelques pourcentages, mais ce n’est pas lui le grand organisateur de la victoire. Il estime qu’il est un personnage central de la vie politique et qu’il est capable de faire roi quelqu’un, il exagère un peu. »

En face, les cadres la République En Marche, comme Richard Ferrand ou Arnaud Leroy ce matin, répètent qu’il n' a jamais été question d’un « accord d’appareil », ce que conteste le MoDem.

« Pour Bayrou, cela l’enterre définitivement s’il s’en va en claquant la porte »

« Pour Emmanuel Macron, François Bayrou représente l’ancienne classe politique, celle qu’il faut chasser du pouvoir, mais il ne peut pas fermer la porte à tout le monde car il en a besoin. Le rassemblement se traduira à Matignon, avec une personne du monde politique connue, mais manifestement, ce ne sera pas Bayrou. Pour la République en Marche, le maître mot c’est le renouveau. Et pour le décrocher : c’est à l’Assemblée nationale », explique Alexandre Vatimbella.

Le journaliste rappelle que le maire de Pau est peu apprécié à gauche et à droite, où beaucoup le perçoivent comme l’un des responsables de la défaite d’Alain Juppé à la primaire.

« Il va bien falloir trouver une entente. Pour Bayrou, cela l’enterre définitivement s’il s’en va en claquant la porte. Je ne vois pas d’autre issue pour lui que d’être dans la majorité présidentielle. »

Si l’hypothèse d’un accord entre les deux partis, rectifiant le tir après la publication de la liste des candidats, semble la plus probable aux yeux d’Alexandre Vatimbella, la piste d’un calcul n’est pas écartée :

« Il y a aussi la possibilité qu’Emmanuel Macron joue la carte du renouvellement plutôt que le rassemblement, jusqu’à aller au clash avec François Bayrou. Peut-être ne veut-il pas s’embarrasser d’un Bayrou trop embarrassant de part son histoire politique. »

Réponse dans les prochains jours  avec la nomination du gouvernement et des 150 derniers candidats de la République en Marche.

Dans la même thématique

« Bayrou croit qu’il est l’une des grandes raisons de la victoire de Macron »
7min

Politique

Ils quittent le Sénat : David Assouline, de la marche des beurs au Palais du Luxembourg

Des pavés parisiens de la Marche des beurs, en passant par les manifestations contre la loi Devaquet… jusqu’au Sénat, David Assouline n’aura, au fil de sa carrière politique, suivi que deux boussoles : l’antiracisme et la liberté de la presse. Des combats qu’il poursuivra de mener même après avoir rendu son dernier mandat de sénateur à la fin du mois.

Le

FRA : Parti Socialiste : Conseil National : ambiance
8min

Politique

Elections sénatoriales 2023 : derrière la « stabilité » attendue, le groupe PS déjà dans la bataille pour sa présidence

Une élection cache l’autre, au groupe PS du Sénat, où l’élection sénatoriale de dimanche va vite laisser la place à celle pour la présidence du groupe. Le PS mise pour le scrutin sur une « stabilité, avec l’espoir d’avoir peut-être deux ou trois sièges de plus », affirme Patrick Kanner, dont la présidence est contestée par Eric Kerrouche, « candidat » pour un « renouvellement des pratiques ».

Le