Les soupçons d'emplois fictifs qui pèsent sur le MoDem de François Bayrou mettent "la pression" sur le garde des Sceaux et rejaillissent sur Emmanuel Macron qui va devoir trancher "sous la contrainte", souligne la presse mercredi.
Les accusations pesant sur des collaborateurs payés par le Parlement européen mais soupçonnés de travailler pour le parti centriste sont à l'origine du départ de la ministre des Armées Sylvie Goulard, qui fut adhérente du MoDem et qui a dit quitter le gouvernement afin de se défendre.
Le Parisien évoque "un redoutable piège qui se referme sur François Bayrou". "En acceptant la démission de Sylvie Goulard, Emmanuel Macron a mis implicitement le garde des Sceaux au pied du mur", explique le quotidien qui titre : "François Bayrou sous pression".
Guillaume Tabard confirme dans Le Figaro que "la démission surprise de Sylvie Goulard oblige (Emmanuel Macron) à agir sous la contrainte. Et à se poser la question globale de la présence du MoDem au gouvernement".
D'autant que le garde des Sceaux "doit aussi, dans cette atmosphère un peu trouble, défendre un projet de loi sur la moralisation de la vie publique", explique Laurent Joffrin dans Libération.
Le remaniement annoncé pour mercredi, qui devait être initialement purement "technique" après les élections législatives, revêt dès lors une dimension très politique que soulignent les éditorialistes.
Certes, "depuis qu'Emmanuel Macron a obtenu la majorité absolue pour ses marcheurs, François Bayrou n'est plus l'homme clé, il est sur un siège éjectable", souligne Bernard Stéphan de La Montagne.
Mais "peut-on se séparer de Bayrou sans en faire un adversaire politique, maintenant qu’il s’apprête à disposer d’un coquet groupe à l’Assemblée ? C’est tout l’enjeu", se demande Cécile Cornudet dans Les Echos.
- 'Le poison des affaires' -
"C’est dire si la pression autour du MoDem et de François Bayrou brouille jusqu’à +faire désordre+ la loi fondatrice de moralisation de la vie publique", commente Rémi Godeau dans L'Opinion.
Pour La Croix et son éditorialiste Guillaume Goubert, François Bayrou est "fragilisé, alors qu’il est le promoteur d’une loi visant à mettre fin aux mauvaises pratiques qui affectent la vie publique".
"Après avoir fait campagne sur le renouvellement et la moralisation des anciennes pratiques, les membres du gouvernement d’Édouard Philippe se doivent d'être, comme la femme de César, insoupçonnables et cela vaut pour Bayrou et Sarnez comme pour les autres", insiste Jean-Marcel Bouguereau dans le quotidien palois La République des Pyrénées.
"Le nouveau président doit au plus vite éloigner le poison des affaires, s’il ne veut pas ternir un début de mandat dont l’expérience a montré combien il est déterminant pour la suite du quinquennat", fait valoir Bruno Dive dans Sud-Ouest.
"Le président +jupitérien+ osera-t-il faire tomber la foudre sur un allié devenu très gênant ?", s'interroge Hervé Favre dans La Voix du Nord.