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Bayrou sur les finances publiques : « On retrouve le format inauguré par Edouard Philippe pendant la crise du covid-19, une forme de communication de crise »

En présentant aux Français un discours « de vérité » sur l’état des finances publiques, le premier ministre « essaye de reprendre la main sur l’agenda médiatique et de retrouver une sorte de leadership », selon le communicant Philippe Moreau Chevrolet. Mais pas sûr « que les Français achètent la cure d’austérité ».
François Vignal

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« C’est l’épreuve de vérité ». Pour le grand raout sur les finances publiques, organisé par le premier ministre ce mardi matin, le professeur Bayrou a fait passer aux Français quelques messages. Le temps des annonces viendra plus tard, avant le 14 juillet. D’un ton pédagogique, graphiques sur la dette et le déficit du commerce extérieur à l’appui, il a expliqué en long et en large l’état d’urgence de la situation financière du pays, multipliant les métaphores sur les catastrophes climatiques, pour donner le contexte : « Ouragan », « tsunami de déstabilisation venu chambouler la planète », « cyclone », « voilà le paysage tourmenté », bref « une montagne de difficultés » himalayesques. Une manière de préparer le terrain à l’énorme effort de 40 milliards d’euros que le gouvernement prépare pour le budget 2026.

« Remédier à ce sentiment d’immobilisme dans sa propre image »

Pour celui qui a souvent été pointé du doigt pour ses lacunes, pour ne pas dire son absence de communication, depuis son arrivée à Matignon, l’exercice a permis de se montrer aux manettes. « Il a subi beaucoup d’attaques et a été mis en cause. Il est en position de faiblesse avec une chute de popularité sensible. Donc c’est d’abord, pour François Bayrou, essayer de reprendre la main sur l’agenda médiatique et retrouver une sorte de leadership, et tenir l’engagement du dialogue avec les parties prenantes, en lançant le cycle de négociations budgétaires », réagit le spécialiste communication politique Philippe Moreau Chevrolet, avec un objectif pour le premier ministre : « Il veut remédier au sentiment d’impuissance collective » et « aussi remédier à ce sentiment d’immobilisme dans sa propre image ». Le communicant ajoute :

 Là, il lance le débat sur le budget, qui devait avoir lieu à l’automne. Il essaie de lancer ça en maitrisant le cadre du débat. En communication, on appelle ça le framing, c’est-à-dire le cadrage du débat. Il tente de cadrer le débat en amont. Voici ce dont on doit parler, à quoi on doit réfléchir. 

Philippe Moreau Chevrolet, président de MCBG Conseil.

« Il a ce style pédagogique qui est celui des instituteurs de la IIIe République, des hussards de la IIIe République »

Ce ton professoral, « cela a toujours été le style de François Bayrou. Je trouve que le style professoral et démonstratif, avec tableaux, est plutôt efficace. Il a ce style pédagogique qui est celui des instituteurs de la IIIe République, des hussards de la IIIe République, l’autorité qu’on écoute. C’est son registre à lui. Ce style a déjà été tenté dans le passé sur la question budgétaire, avec Valéry Giscard-d’Estaing ou Laurent Fabius, dans les années 80 », rappelle le communicant, qui note qu’« à chaque fois, avec une politique de rigueur, on a cette séquence où on explique aux Français la politique. Ce qui est nouveau, c’est de le lier au bonheur du peuple. Ça, c’est très populiste. Et de le lier à une logique de consommateur ». François Bayrou a en effet évoqué l’état d’esprit, qui serait plus heureux, des habitants des pays où les déficits sont moins élevés. Il a aussi affirmé que « les citoyens n’en ont pas pour leur argent » avec les dépenses publiques. « Le raccourci, c’est que l’austérité rend heureux », selon Philippe Moreau Chevrolet. Du sang, des larmes, mais le bonheur à la fin en somme.

Un discours centré sur la dette, qui est une constance, depuis au moins sa candidature à la présidentielle de 2007, pour François Bayrou. « Il faut lui reconnaître une chose. Il a toujours été dans cette posture du professeur, de l’apprenant et il a toujours été sur la ligne de l’austérité budgétaire. Il a toujours incarné ça. Il est totalement droit dans ses bottes », relève Philippe Moreau Chevrolet. Mais « le problème de tout ça, c’est qu’il n’y a pas de majorité au Parlement et une opposition des élus locaux, qui ont le sentiment qu’ils seront les dindons de la farce », tempère le spécialiste de communication politique, qui ajoute qu’« il n’est pas certain que les Français achètent la cure d’austérité et que lui soit capable de mener ce combat-là ». Il faudra peut-être l’illustrer avec un tableau sur la courbe de popularité du premier ministre.

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