Benalla: LR brandit la censure et s’affirme face au reste de l’opposition
En annonçant une motion de censure contre le gouvernement pour le sommer de "s'expliquer" sur l'affaire Benalla, Les Républicains...

Benalla: LR brandit la censure et s’affirme face au reste de l’opposition

En annonçant une motion de censure contre le gouvernement pour le sommer de "s'expliquer" sur l'affaire Benalla, Les Républicains...
Public Sénat

Par Baptiste PACE

Temps de lecture :

4 min

Publié le

En annonçant une motion de censure contre le gouvernement pour le sommer de "s'expliquer" sur l'affaire Benalla, Les Républicains (LR) veulent "prendre le leadership" de l'opposition, pour une fois coalisée par ce dossier qui fragilise l'Elysée et la majorité.

"Nous souhaitons que le gouvernement s'explique" sur "cette affaire Macron-Benalla", a expliqué mardi le patron des députés LR, Christian Jacob, en lançant ce nouvel épisode du feuilleton qui embrase l'Assemblée depuis une semaine.

Alors que les chefs des groupes LR, La France insoumise, communiste et socialiste avaient écrit à Edouard Philippe pour solliciter un débat au titre de l'article 50-1 de la constitution, "le Premier ministre a répondu par une fin de non-recevoir", a expliqué M. Jacob pour justifier sa démarche.

Le député de Seine-et-Marne l'a reconnu d'emblée: cette motion ne parviendra pas à "faire tomber le gouvernement", qui dispose d'une large majorité. Une seule motion de censure a d'ailleurs été couronnée de succès dans toute l'histoire de la Ve République, en 1962.

Mais le premier groupe d'opposition entend ainsi contraindre le gouvernement au débat, alors qu'Emmanuel Macron reste muet depuis la révélation de cette affaire et qu'Edouard Philippe voulait se contenter des séances de questions au gouvernement.

"La stratégie de Macron, c'est le pourrissement. Les députés vont donc au bout de ce que la constitution leur permet pour forcer l'exécutif à s'expliquer". L'exécutif: en l’occurrence, Edouard Philippe, "même si celui qui doit s'expliquer, c'est Macron", analyse une source au sommet de LR.

La motion ne devrait d'ailleurs pas être déposée mardi, mais plus tard dans la semaine, les LR préférant manifestement que le débat ait lieu la semaine prochaine. "On a les moyens de feuilletonner", expliquait l'un d'entre eux dès ce week-end.

"Ca fait du bien quand ça s'arrête"

Deuxième explication, plus politique: cette motion est "aussi pour nous une volonté de prendre le leadership des oppositions", coalisées depuis la révélation de cette affaire, explique un député LR.

"On est le seul groupe à pouvoir déposer seul une motion de censure. C'est donc aussi un moyen d'affirmer que Les Républicains sont une force alternative républicaine crédible au pouvoir en place", renchérit le vice-président de LR Damien Abad.

Le groupe LR comporte 103 membres. Au moins 58 signatures --un dixième de l'Assemblée-- sont requises pour déposer une motion de censure. Premier à avoir évoqué cette hypothèse, le groupe La France insoumise (17 membres) a au contraire besoin du concours d'autres groupes pour parvenir à ce seuil.

Sur BFMTV, la députée LFI Danièle Obono a indiqué que son groupe cherchait toujours l'appui des "partenaires" communistes et socialistes. Mais en fonction des "termes" de la motion LR, "nous nous donnons la possibilité de la voter".

Ce texte LR sera "signé uniquement par des membres du groupe" mais pourra être voté par "qui veut", a ajouté Christian Jacob.

Les députés RN (ex-FN) peuvent-ils voter une censure LR ? "Nous ne nous interdisons rien", a indiqué à l'AFP le député et porte-parole Sébastien Chenu.

Que fera le PS ? La présidente du groupe PS à l'Assemblée Valérie Rabault n'a pas répondu aux sollicitations de l'AFP. Mais pour le sénateur PS Rachid Temal, cette initiative LR est "une faute politique. Celle qu'attendait Macron pour hurler à la manoeuvre politique".

En attendant, les oppositions, LR en tête, relèvent la tête. "C'est un tournant dans la Macronie: c'est la tromperie officielle de la promesse initiale faite par Emmanuel Macron au peuple français", juge le N.3 du parti Guillaume Peltier.

"Quand on se prend des coups sur la figure pendant un an et demi, ça fait du bien quand ça s'arrête", glisse un autre.

Partager cet article

Dans la même thématique

PARIS , LES CANDIDATS REMI FERAUD ET EMMANUEL GREGOIRE
8min

Politique

« Force du dégagisme », « fin de cycle » et « bataille de chiens » à venir : les socialistes font le bilan, après la victoire d’Emmanuel Grégoire face à Rémi Féraud

La victoire d’Emmanuel Grégoire, dès le premier tour, lors de la primaire PS qui l’opposait au sénateur Rémi Féraud s’explique notamment par « la volonté de tourner la page Hidalgo » chez les militants, mais aussi le poids des rapports de force issus du congrès PS ou la « dérive clanique » autour de la maire sortante.

Le

SIPA_01206229_000010
6min

Politique

Programmation de l’énergie : en commission, les sénateurs ne reprennent pas le moratoire sur l’éolien et le photovoltaïque

En commission des affaires économiques, les sénateurs ont adopté la proposition de loi sénatoriale, dite Gremillet, qui avait été passablement dénaturée par des amendements des députés LR et RN, puis finalement rejetée par l’Assemblée nationale. Le moratoire sur l’éolien et le photovoltaïque ou encore la réouverture de la centrale nucléaire de Fessenheim ne figurent plus dans le texte adopté en commission pour une deuxième lecture prévue la semaine prochaine.

Le

Benalla: LR brandit la censure et s’affirme face au reste de l’opposition
3min

Politique

Loi Duplomb : un texte qui permet « de mettre les agriculteurs français au même niveau que les agriculteurs européens », assure son auteur

Ce mardi, Laurent Duplomb, sénateur LR de Haute-Loire, auteur du texte « visant à lever les contraintes sur le métier d’agriculteur », était invité sur la matinale de Public Sénat. Il a évoqué l’accord trouvé en commission mixte paritaire sur sa proposition de loi, ainsi que les critiques qu’elle suscite, notamment en ce qui concerne la réintroduction de l’acétamipride, un pesticide interdit en France depuis 2018.

Le

Benalla: LR brandit la censure et s’affirme face au reste de l’opposition
2min

Politique

Canicule : « La vigilance rouge ne concerne pas que les publics les plus fragiles, elle concerne tout le monde », déclare François Bayrou

Alors que la France fait face à un épisode caniculaire, François Bayrou, accompagné de Catherine Vautrin, Agnès Pannier-Runacher et Bruno Retailleau s’est rendu ce mardi au centre opérationnel de gestion des crises du ministère de l’Intérieur. L’objectif était de faire état de l’ensemble des mesures prises pour faire face à cette vague de chaleur.

Le