Alors que le gouvernement s’apprête à tomber, chacun réfléchit à la suite. A droite, « le nom de François Baroin recircule », glisse le sénateur LR Roger Karoutchi. Au PS, on tend la main. « Nous sommes à la disposition du président de la République », avance Patrick Kanner, à la tête du groupe PS du Sénat. Pour le centriste Hervé Marseille, il faut « trouver une plateforme d’action, comme disent les socialistes, de non censurabilité, pour essayer de trouver un accord ». Les grandes manœuvres ont commencé.
Benoît Hamon investi par le PS, qui se remet à y croire
Par Stéphanie LEROUGE
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Une semaine après sa victoire à la primaire PS élargie, Benoît Hamon a été investi dimanche à la Mutualité par un parti socialiste qui se remet à espérer pour 2017, et qui s'est rangé derrière son candidat même si de nombreux ténors manquaient à l'appel.
"Après cet exercice réussi où ont été posées des nuances (...) des différences, aujourd'hui nous nous rassemblons", a déclaré Anne Hidalgo en ouvrant la convention d'investiture.
Comme la maire de Paris ou le Premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis, le candidat s'est félicité de la possibilité rouverte pour le PS d'accéder au second tour de la présidentielle, vu le bond de dix points dans les enquêtes d'opinion depuis sa victoire le 29 janvier.
"Rien ne sera fait sans nous, tout sera fait avec nous, c'est déjà le premier succès de ta campagne", a salué M. Cambadélis.
Devant quelque 2.000 militants, le vainqueur de la primaire (58,69% des voix selon le décompte définitif dévoilé par Thomas Clay) s'est dit conscient de son "immense responsabilité" de rassembler socialistes, gauche et citoyens "autour d'un horizon nouveau".
Il a remercié de leur présence ses anciens rivaux de la primaire, Vincent Peillon et Arnaud Montebourg, et s'est félicité que les autres soient représentés. Plusieurs proches de Manuel Valls étaient là: son directeur de campagne Didier Guillaume, le sénateur Luc Carvounas, ou le député Philippe Doucet.
Côté gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, Matthias Fekl, Axelle Lemaire, Thierry Mandon, Laurence Rossignol, Pascale Boistard, ou l'écologiste Emmanuelle Cosse avaient fait le déplacement, mais la plupart des poids lourds manquaient à l'appel.
Se sachant particulièrement attendu sur la question du bilan, ce "frondeur" s'est félicité de "tout ce que nous avons fait de positif qui est incontestablement un acquis à partir duquel se propulser". Il a salué notamment l'action de Mme Vallaud-Belkacem à l'Education, de Matthias Fekl au Commerce extérieur, "qui a dit non au traité transatlantique", ou de Christiane Taubira à la Justice -l'ex-garde des Sceaux, très applaudie, a prononcé un bref discours avant le sien.
Mais "l'essentiel" est désormais de "regarder l'avenir", a jugé le candidat PS, sur un ton mêlant émotion et décontraction, déroulant, sans dévier de son cap, les grands axes de son programme, y compris ceux qui avaient fait le plus débat dans la campagne de la primaire.
- +Créatures du système+ -
Réaffirmant sa conviction qu'il est vain d'avoir "l'oeil rivé " sur le taux de croissance, M. Hamon a de nouveau défendu avec conviction son revenu universel d'existence et son "49-3 citoyen", même s'il devra être mis en oeuvre "dans des conditions qui lui permettent de coexister avec une démocratie parlementaire".
Sur l'Europe, le député des Yvelines s'est davantage appliqué à rechercher la synthèse, reprenant l'idée de Vincent Peillon d'un grand plan d'investissement de 1.000 milliards d'euros et se réclamant de François Hollande pour proposer la construction d'une Europe de la défense.
Fidèle à la ligne qu'il s'est récemment fixée, il a distribué quelques piques à Emmanuel Macron, qui lui dispute une partie de l'électorat de gauche.
"En ce moment, c'est un peu l'humeur du temps, une sorte de doctrine du guépard, qui inspire peut-être d'autres candidats: tout change en surface pour qu'en réalité rien ne change derrière. On les voit les jeunes guépards, les créatures du système qu'une habile manipulation transforme soudain, par la grâce peut-être, en grand transformateur, moi je n'y crois pas", a ironisé l'ex-ministre de l'Education.
Un peu plus tard, il s'est dit "très frappé quand Emmanuel Macron disait qu'il fallait augmenter le temps de travail pour les jeunes et le baisser une fois qu'on est un peu plus vieux (...) Je veux dire c'est typiquement la proposition de quelqu'un qui jongle avec les fuseaux horaires, les nouvelles technologiques, mais qui ne connaît rien du travail tel qu'il se déploie aujourd'hui dans notre pays".
A Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon a redemandé de ne pas exiger "des têtes" comme préalable à toute discussion.
"Oui, il y a des désaccords entre nous, comme il y en a toujours eu dans la gauche" historiquement, a-t-il lancé.