Laurent Berger, numéro un de la CFDT, a mis en garde jeudi contre la "vision assez totalitaire" que porterait Jean-Luc Mélenchon, candidat de La France insoumise, se disant "choqué" par des propos de son équipe sur le Venezuela.
Interrogé par France Inter, M. Berger a indiqué ne partager "quasiment aucune" position avec M. Mélenchon.
"Il y a aussi un risque en termes d'une vision assez totalitaire", a-t-il poursuivi, citant comme exemple des propos du directeur de campagne du candidat, Manuel Bompard. Ce dernier avait assuré mercredi sur LCP que l'ancien président "Hugo Chavez (avait) largement fait baisser la grande pauvreté dans son pays".
"J'ai été choqué qu'il y ait une forme de révérence qui soit faite à ce qui se passe au Venezuela", a déclaré le syndicaliste, dont la centrale soutient un "syndicat libre vénézuélien".
"Aujourd'hui, on a un pouvoir qui, depuis Chavez, a saigné le pays" et "une population extrêmement pauvre qui vit sous un régime totalitaire", a-t-il dénoncé.
Se défendant de toute "comparaison hâtive", il a pointé le "risque d'une vision assez brutale des rapports humains, des rapports sociaux et des rapports politiques que porte parfois Jean-Luc Mélenchon".
Laurent Berger a aussi déploré "les comportements et les attaques" contre son syndicat "de la part de gens qui sont autour de Jean-Luc Mélenchon". "Parfois, a-t-il ajouté, il y a des discours qui donnent à penser qu'il y aurait des ennemis, ceux qui ne penseraient pas comme lui. C'est dangereux."
Interpellé par un auditeur, délégué syndical CFDT et électeur de M. Mélenchon, il a répondu que, malgré ses critiques, son syndicat n'appellerait pas à battre le candidat de La France insoumise. "La seule consigne de vote, quelles que soient les configurations du second tour, c'est qu'il faut battre le Front national", a répété Laurent Berger.
Il s'en est aussi pris à François Fillon (LR), qui s'est dit mercredi favorable à la "clause Molière", adoptée par certaines collectivités de droite, qui impose le français sur les chantiers pour des questions de sécurité.
Il s'agit d'une "ligne rouge" pour la CFDT. "Il faut arrêter de stigmatiser des populations, arrêter de donner le sentiment que ce serait la faute (...) des travailleurs étrangers qu'il y aurait des difficultés de sécurité", a-t-il tempêté.