Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, dénonce le "coup de rabot budgétaire" qui touche les plus précaires, sans "logique politique" ni "vision à long terme", dans une interview au Monde datée de mardi, où il se montre très critique envers le gouvernement.
"Il n'y a pas de logique politique derrière – si ce n'est budgétaire –, pas de vision à long terme", estime au sujet des annonces budgétaires le leader syndical, qui sera reçu à Matignon mardi après-midi, comme l'ensemble des partenaires sociaux depuis la semaine dernière.
"On a un quasi-renoncement à une revalorisation digne de ce nom des minima sociaux. Sur les pensions de retraite, pour l'instant, il n'y a pas de distinction entre les basses pensions et les autres. Sur la fonction publique, on a encore une présentation des agents comme un coût", énumère-t-il.
Mardi sera l'occasion pour lui de dire à Edouard Philippe "que notre pays a besoin de justice sociale et de savoir où le gouvernement souhaite aller".
"Ce sentiment de réformer pour réformer ou du pragmatisme à tout crin ne fait pas sens. Quelle est la finalité de ce qui est proposé aujourd'hui ? Du progrès social ? Du progrès démocratique ? Ou bien uniquement des mesures égrenées les unes après les autres ?".
Il est opposé à l'exonération des cotisations sociales pour les heures supplémentaires, annoncée par le Premier ministre et promesse de campagne d'Emmanuel Macron.
"On peut comprendre que les salariés soient intéressés, car cela leur fait un gain de pouvoir d'achat, mais cela donne le sentiment que la cotisation sociale est une charge. Or, la cotisation sociale est la construction de droits collectifs attribués à chacun". Sans compter qu'avec "plus de 9% de chômeurs, l'encouragement aux heures supplémentaires n'est pas le chemin à emprunter pour essayer de résorber le chômage".
A propos de la négociation sur l'assurance chômage, voulue par l'exécutif, le numéro un de la CFDT se dit prêt à négocier, mais à "plusieurs conditions", dont le fait qu'il ne soit "pas question de faire moins sur l'indemnisation".
Dimanche, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a dit n'avoir "aucun tabou" sur la réforme de l'assurance chômage, y compris en matière de dégressivité des allocations. L'idée de dégressivité pour les cadres, avancée par le député LREM Aurélien Taché, est "très mauvaise", selon M. Berger.
Reprenant la formule de Mme Pénicaud, Laurent Berger dit ne pas avoir de "tabou" sur la négociation de l'assurance chômage, s'il s'agit de discuter de bonus-malus ou de renforcer la sécurisation des demandeurs d'emploi. En revanche, "si la logique est purement budgétaire, ce sera +niet+ pour nous", met-il en garde.