Laurent Berger, le numéro un de la CFDT, a réclamé du gouvernement mardi des politiques sociales "beaucoup plus affirmées" et qui aient "du sens", à sa sortie d'une réunion à Matignon, critiquant à nouveau les arbitrages budgétaires.
"J'en ai appelé à des politiques beaucoup plus affirmées, beaucoup plus assumées, (à) des politiques de solidarité beaucoup plus fortes", a dit le secrétaire général, après une rencontre d'une heure avec Edouard Philippe et ses ministres Agnès Buzyn (Solidarités et Santé) et Muriel Pénicaud (Travail).
"J'ai affirmé auprès du Premier ministre qu'il y avait un ressenti négatif à l'égard des politiques menées, qu'il y avait un prisme budgétaire qui ne faisait pas sens pour les travailleurs", a-t-il ajouté, regrettant que la politique sociale et de développement durable du gouvernement "ne fasse pas sens".
Concernant la prochaine négociation sur l'assurance chômage réclamée par l'exécutif, le leader syndical a redit que "si la seule logique était budgétaire, la CFDT n'y verrait pas d'intérêt". "On nous a dit que la seule logique ne serait pas budgétaire", a-t-il assuré.
Il a écarté l'idée d'un boycott de la négociation si la lettre de cadrage n'allait pas dans le sens de son syndicat: "Le boycott n'a jamais été la tasse de thé de la CFDT".
Autres sujets abordés: la santé au travail, les discriminations (jeunes, seniors, inégalités entre les femmes et les hommes, couleur de peau...) et le "mal-être dans la fonction publique".
Sur le plan pauvreté, qui doit être annoncé cette semaine, Laurent Berger a demandé que l'exécutif ait un "discours empathique et pas culpabilisant".
Interrogé pour savoir s'il avait été entendu par le Premier ministre, il a répondu: "Dans ce style de rencontre, il y a toujours une courtoisie qui fait qu'on est écouté. La question est d'être entendu", a relevé le dirigeant, très critique dans la presse vis-à-vis de l'exécutif depuis lundi.
Quant à une éventuelle mobilisation, évoquée lundi dans une interview au Monde, il s'est montré moins offensif. "Les organisations syndicales, c'est d'abord une capacité de propositions", a-t-il fait valoir.
De son côté, Luc Bérille, secrétaire général de l'Unsa, reçu juste après M. Berger, a dit avoir réclamé au gouvernement une politique "efficace et comprise des salariés".
Il a également demandé que la négociation de la transition écologique "soit mise au coeur de l'agenda social". "Derrière le remaniement ministériel, ce n'est pas une question de personne, c'est celle de l'orientation" de la politique écologique, a-t-il ajouté, alors que le gouvernement vient de nommer François de Rugy pour remplacer Nicolas Hulot à la tête du ministère de la Transition écologique.