Des applaudissements nourris, des parlementaires socialistes debout, sous les charpentes du palais des Papes, à Avignon. Au terme d’un discours d’une heure, sans notes, Bernard Cazeneuve a dévoilé aux députés et sénateurs son programme pour relancer la gauche et sa famille politique. Sa stratégie ? Tout miser sur l’écologie et la justice sociale.
« Articuler la transition écologique et la lutte contre les inégalités »
Pour l’ancien Premier ministre, « le réchauffement climatique et la pauvreté sont étroitement liés. En France 10% des plus riches ont une contribution carbone 40 fois supérieure à celle des 10% les plus pauvres. Les plus mal logés ont une plus lourde facture énergétique. Il faut donc articuler transition écologique et lutte contre les inégalités », assure Bernard Cazeneuve, « sinon on débouche sur la crise des ronds-points. »
« Pas d’énergie décarbonnée avec une sortie brutale du nucléaire »
Pour réaliser cette transition écologique, l’ancien locataire de Matignon et Beauvau propose des grands chantiers, financés par l’Union européenne sur le modèle du New Deal, dans les secteurs des transports, du bâtiment et de l’énergie. Et il prend le risque de défendre l’énergie nucléaire : « 80% des gaz à effet de serre viennent des énergies fossiles. Il n’y aura pas d’énergie décarbonnée avec une sortie brutale du nucléaire. Il faut donc une sortie progressive et continuer la recherche sur le nucléaire. »
« L’objectif du gouvernement actuel ce n’est pas la justice sociale »
Bernard Cazeneuve tacle Emmanuel Macron sur ses petites phrases
Bernard Cazeneuve a mis en garde ses camarades socialistes de « ne pas oublier la justice sociale et l’Etat-Providence. » Il a également dénoncé la politique du gouvernement. « Depuis 2 ans, l’objectif de l’actuel gouvernement n’est pas la justice sociale. Pourquoi rééquilibrer le budget en piochant dans les comptes de la Sécurité sociale, comme c’est ce qui est prévu ? » Il s’est montré très critique envers Emmanuel Macron et ses phrases polémiques : « tu n’as qu’à traverser la rue pour trouver un emploi », les aides sociales « qui coûtent un pognon de dingue », « en France on se plaint toujours ».
« Au Parti socialiste, on ne peut plus passer son temps à être malveillant avec son prochain »
Bernard Cazeneuve appelle les socialistes à la bienveillance et à l'unité
Bernard Cazeneuve est revenu sur les déclarations d’anciens ministres du quinquennat Hollande, publiées cet été dans le journal Le Monde, dénonçant le manque d’autorité du président de l’époque et la « trahison » de ses promesses de campagne de 2012. « Je vous appelle à l’unité. Au Parti socialiste, on ne peut plus passer son temps à être malveillant à l’égard de son prochain. »
Au terme de cet échange avec les parlementaires, une élue l’a interrogé sur ses ambitions pour la présidentielle de 2022. L’ancien Premier ministre a démenti vouloir se construire « un destin individuel » et s’avoue impuissant face aux rumeurs médiatiques : « si je ne dis rien, c’est que je prépare quelque chose. Si je m’exprime, cela en est la preuve… »
« Bernard Cazeneuve est un talent, c’est pour ça que je l’avais choisi » conclut François Hollande
"Bernard Cazeneuve est un talent, c'est pour ça que je l'avais choisi" assure François Hollande
Invité par les parlementaires socialistes pour un dîner dans la soirée, l’ancien président de la République François Hollande s’est exprimé à propos de son ancien Premier ministre : « Bernard Cazeneuve est un talent et c’est pour ça que je l’avais choisi. »