Bernard Thibault, ancien secrétaire général de la CGT, regrette dimanche dans une interview au Parisien les "divisions et la multiplication" des syndicats, qui empêchent de peser sur des réformes sociales décriées.
Interrogé sur la capacité des syndicats à peser sur la future réforme des retraites, il se montre sceptique.
"En 2010, la mobilisation avait été forte mais ignorée du pouvoir politique, contrairement à 1995 avec la réforme Juppé où l'exécutif avait reculé", rappelle M. Thibault, qui a dirigé la CGT de 1999 à 2013.
"Nicolas Sarkozy l'a payé dans les urnes; il a perdu les élections sur sa gestion du social. Macron est sur la même trajectoire en contestant aux syndicats leur rôle de porte-parole de la colère sociale", estime-t-il.
Mais les syndicats ont aussi des choses à se reprocher, reconnaît le cégétiste: "Nous n'avons sans doute pas assez rappelé aux jeunes générations les combats collectifs pour gagner des droits sociaux".
"Les divisions et la multiplication des syndicats nous ont affaiblis. Enfin, les grandes centrales n'ont pas su s'ouvrir à la multitude de travailleurs précarisés", analyse le leader.
Le mouvement des "gilets jaunes" "en est le révélateur: il a prospéré sur des déserts syndicaux".
M. Thibault, qui s'exprime très peu dans la presse depuis qu'il a quitté la direction de la CGT, revient aussi sur la loi travail de 2016, votée sous le quinquennat Hollande, et celle réformant le code du travail de 2017, sous Emmanuel Macron: les deux "ont affaibli notre droit, qui est un repère international".
Lors de l'élection présidentielle de 2012 la CGT avait appelé à sanctionner Nicolas Sarkozy, et donc à voter pour François Hollande.
Mais Bernard Thibault avoue que "François Hollande est un grand point d'interrogation tant le fossé est grand entre le François, premier secrétaire du PS, et le Hollande, président de la République": "A peine élu, il m'avait appelé, le 8 mai 2012, pour remercier la CGT de son engagement. Tout ça, pour faire voter la loi El Khomri!"
Siégeant actuellement au sein de l'OIT, il souligne que l'Organisation internationale du travail pourrait rendre un avis "en fin d'année" sur le barème prud'homal pour licenciement abusif, mis en place dans la réforme de 2017.