Échange assez froid aux questions au gouvernement du Sénat ce 13 mai, entre le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, et le sénateur socialiste du Maine-et-Loire, Joël Bigot. Ce dernier a interpellé le gouvernement au sujet du traitement réservé aux maires qui ont fait le choix de ne pas rouvrir les écoles le 12 mai, à cause de protocoles sanitaires difficilement applicables » ou de craintes sanitaires. « Le Conseil scientifique lui-même estimait que cette rentrée si particulière était prématurée », a rappelé l’ancien maire des Ponts-de-Cé.
Pour le sénateur PS, les élus qui ont pris cette « lourde décision » ne pas accueillir les élèves ne l’ont « pas fait pour des raisons politiciennes » ni par « coquetterie », mais pour des raisons matérielles et de santé publique. Le parlementaire s’est étonné de certaines réactions de la part de l’Éducation nationale. « Certaines académies ont fait comprendre à ces élus que leurs choix entraîneraient des conséquences fâcheuses, les enfants des personnels soignants n’y seraient plus accueillis et aucun enseignant ne serait disponible pour assurer l’éducation à leurs enfants. Voilà de quoi forcer la main à ces édiles réfractaires », s’est-il étonné.
« Nous avons vocation à accueillir les enfants des personnels soignants, y compris en zone rouge »
S’en est suivie une réponse sèche du ministre. « Je déduis de votre intervention que vous êtres contre le déconfinement scolaire et que vous souhaitez l’ouverture en septembre. Je pense qu’il faut que vous assumiez ce que vous dites, c'est-à-dire que vous pensez que des enfants peuvent rester chez eux, notamment des enfants jeunes de l’âge de l’école primaire, jusqu’au mois de septembre avec des conséquences sociales, sanitaires, sociétales que nous sommes en train de voir en ce moment même », a répliqué Jean-Michel Blanquer, pour qui l’école est « fondamentale » et non « secondaire ».
Sur le protocole sanitaire – qualifié ce matin même au Sénat par le vice-président de l’Association des maires de France de « monstre technocratique » – le ministre a encore partagé son incompréhension face à la question du sénateur. « Vous me reprochez un protocole sanitaire strict : je l’assume. Quand il y a une crise on se retrousse les manches ensemble. » Avant de souligner que « 90 % des communes » s’étaient engagées dans cette rentrée, permettant le retour de 1,5 million d’élèves.
Quant à la question de l’accueil des enfants de soignants qui ne pourraient plus bénéficier d’une scolarisation localement, le ministre a tenu à rassurer. « Oui bien sûr, nous avons vocation à accueillir les enfants des personnels soignants, y compris en zone rouge. Je rectifierai ce qu’il faut si nécessaire mais bien sûr nous les accueillerons. »