Blocages dans les prisons : mêmes causes, mêmes effets ?
Alors que le mouvement de blocage de prisons entame sa 11e journée, l’ampleur du confit interpelle par sa durée. Pour autant, ces 30 dernières années, plusieurs actions similaires ont eu lieu. 

Blocages dans les prisons : mêmes causes, mêmes effets ?

Alors que le mouvement de blocage de prisons entame sa 11e journée, l’ampleur du confit interpelle par sa durée. Pour autant, ces 30 dernières années, plusieurs actions similaires ont eu lieu. 
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1983 : « conditions très difficiles dans les prisons françaises »

« Quatre agressions en l’espace de 48H à Fleury-Mérogis » provoquent en juin 1983 une grève du personnel pénitentiaire de l’établissement. Un an plus tôt une révolte de détenus provoque un mouvement de blocage de trois jours du personnel pénitentiaire qui demande un alignement de leurs primes de risque sur celles de la police et plus de « dignité » dans leurs fonctions.

En début d’année 1983, le ministre de la Justice, Robert Badinter reconnaît « des conditions  très difficiles dans les prisons françaises » et « un état de surpopulation carcérale ». Il assure « que sa politique ne changera pas, avec comme objectif « le progrès, et l’humanisation continue dans les prisons ».

Pour humaniser les prisons, le garde des Sceaux décide de supprimer la vitre des parloirs. C’est l’application de cette réforme qui mécontente les syndicats  de surveillants qui ne s’estiment pas assez nombreux pour assurer la sécurité de ces parloirs libres.

C’est sous son mandat que se développeront les peines non privatives de libertés et les travaux d’intérêt généraux pour les délits mineurs.

2001 : journée de « paralysie totale »

 « La sécurité est indispensable », car « on ne peut pas avancer sur des problèmes d'insertion, assurer des missions de relations humaines s'il y a trop de détenus par rapport aux capacités d'accueil ». « Cela rend les conditions de travail horribles pour les surveillants ». La citation n’est pas de Nicole Belloubet mais de Marylise Lebranchu, garde des Sceaux en 2001. Cette année-là, une prise d’otage dans la prison de Fresnes agit comme un catalyseur de la colère des surveillants. Onze jours après la tentative d’évasion ratée en hélicoptère, qui avait blessé grièvement un gardien, un mouvement de « paralysie totale » touche 150 établissements pénitentiaires selon les syndicats, 131, selon l’administration. (voir la vidéo)

En juillet, Marylise Lebranchu présente son avant-projet de loi pénitentiaire. Le texte prévoit l’affectation de certains établissements aux détenus les plus dangereux. Seront placés « en niveau 3 », les auteurs d’actes terroristes, de trafic de stupéfiants, de proxénétisme, de vol en bande organisée ou d’actes de torture et de barbarie. Un contrôleur général des prisons sera désormais nommé pour six ans en Conseil des ministres. Les syndicats l'Ufap et FO ne voient dans ce texte que des « douceurs » réservées aux « sauvageons ». 

2009 : cinq jours de blocage

L’Eurodéputée LR, Rachida Dati, s’est montrée  critique, cette semaine, sur la gestion de crise du gouvernement. En 2009, à l’époque garde des Sceaux, Rachida Dati, a elle-même connu un mouvement de contestation du personnel pénitentiaire. Les syndicats réclamaient entre 1.000 et 2.000 créations dans un contexte de surpopulation carcérale chronique. Les prisons françaises abritaient en 2009,  63.351 détenus pour seulement 52.535 places disponibles, soit un taux de densité carcérale de 120,5%.

Le mouvement de blocage durera cinq jours avant la signature d’un accord avec la chancellerie. Il prévoit la création de 174 emplois supplémentaires et 177 promis pour février 2010.

 

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