Boycott de la déclaration de Castex : les chefs de groupes du Sénat lancent une « alerte démocratique »
Les chefs des principaux groupes parlementaires au Sénat dénoncent d’une même voix lors d’une conférence de presse inédite, la « captation du pouvoir » et le « déni de démocratie » d’Emmanuel Macron après avoir boycotté le vote sur les nouvelles mesures sanitaires. 

Boycott de la déclaration de Castex : les chefs de groupes du Sénat lancent une « alerte démocratique »

Les chefs des principaux groupes parlementaires au Sénat dénoncent d’une même voix lors d’une conférence de presse inédite, la « captation du pouvoir » et le « déni de démocratie » d’Emmanuel Macron après avoir boycotté le vote sur les nouvelles mesures sanitaires. 
Public Sénat

Par Héléna Berkaoui

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

L’image est rare. Même « exceptionnelle » pour Bruno Retailleau. Côte à côte, les présidents de la plupart des groupes parlementaires de la Haute assemblée (LR, Union centriste, groupe écologiste, PS, groupe communiste) ont donné une conférence de presse ensemble ce jeudi après avoir boycotté le vote sur les nouvelles mesures sanitaires, détaillées par Jean Castex au Sénat. « On n’a pas voulu céder au piège que constitue ce vote, le gouvernement voulait qu’on vote sur rien, sur des mesures déjà prises, à quoi bon voter si tout était décidé », justifie le président du groupe LR au Sénat. Seuls 45 sénateurs sur 348 ont pris part au vote, pour un total de 41 suffrages exprimés, 39 pour, 2 contre. La grande majorité de l’hémicycle, droite et gauche confondue, a dénoncé « un simulacre de démocratie ». « Le Sénat a adopté, voilà », a commenté le président du Sénat, Gérard Larcher, laconique, avant d’étouffer un petit éclat de rire. Le débat s’était déjà déroulé dans une atmosphère houleuse le matin à l’Assemblée nationale.

« Nous avons à ce stade, zéro stratégie covid-19 »

« On a exprimé un désaccord sur la méthode, un désaccord sur le fond », développe le sénateur LR de Vendée Bruno Retailleau en fustigeant une stratégie vaccinale qui place la France au 50e rang mondial de la vaccination. « A quoi bon voter, si tout est décidé ? », avait-il demandé après le discours du chef du gouvernement sur les mesures de restrictions, pour expliquer que LR ne prendrait pas part au vote.

« Nous avons à ce stade, zéro stratégie covid-19 », abonde le président du groupe socialiste Patrick Kanner justifiant à son tour le boycott du vote : « Le président de la République doit entendre qu’il ne peut pas seul décider pour tout le monde dans le bunker du Conseil de défense, ce n’est plus possible ».

« Cette forme d’autosatisfaction permanente, de captation du pouvoir par un seul homme est contraire au bon fonctionnement de notre démocratie et met en péril potentiellement notre République en favorisant le populisme », alerte Patrick Kanner.

La présidente du groupe communiste, Éliane Assassi, appuie sur le caractère « inédit que des groupes politiques aboutissent à la même décision de ne pas participer à un vote ». La sénatrice de Seine-Saint-Denis dénonce, d’une même voix, « un déni de démocratie qui s’installe insidieusement dans notre pays ».

C’est une « alerte démocratique » pour le président du groupe centriste, Hervé Marseille. « On ne peut pas continuer comme ça, il y a des institutions et l’action d’un seul homme, fusse-t-il le président de la République, ne peut pas constituer l’alpha et l’oméga de la politique française », tonne le sénateur des Hauts-de-Seine. « Nous avons voulu le marquer de façon assez solennelle parce que c’est une dérive », explique-t-il encore.

Ce geste « témoigne de la gravité du moment et de notre colère », insiste la sénatrice écologiste, Esther Benbassa pour qui « nous avons besoin en ce moment d’état d’urgence besoin d’une vraie démocratie et d’une vraie concertation ». Hier soir déjà, après l’allocution télévisée du chef de l’Etat, les principaux présidents de groupes saluaient les mesures de fond mais déploraient la méthode de prise de décision d’Emmanuel Macron. « Les choix d’un homme seul », pilonnent-ils en boucle.

Peu de partisans du gouvernement

Les soutiens du gouvernement se comptent sur une poignée de main. Le président du groupe RDPI à majorité En Marche François Patriat a défendu les choix du gouvernement, récusant les accusations de « fausse concertation » dans une atmosphère houleuse. Disant comprendre « l’agacement » de ses collègues, le président du groupe Indépendants Claude Malhuret a, lui, défendu la participation au vote, n’estimant « pas possible […] de ne pas prendre nos responsabilités ».

Partager cet article

Dans la même thématique

World News – October 14, 2025
10min

Politique

Suspension de la réforme des retraites : vers « un vote contre » des députés Renaissance, mais un soutien des sénateurs macronistes

La suspension de la réforme des retraites divise au sein de Renaissance. « Il y a deux écoles », entre ceux, plutôt issus de l’aile gauche, prêts à soutenir « le deal » entre Sébastien Lecornu et le PS, et les autres, notamment de l’aile droite, qui ne veulent pas se « dédire » et pour qui cette « concession énorme » reste au travers de la gorge…

Le

« Gérard Larcher n’était pas content » : crispation au Sénat sur le calendrier budgétaire proposé par le gouvernement
5min

Politique

« Gérard Larcher n’était pas content » : crispation au Sénat sur le calendrier budgétaire proposé par le gouvernement

La définition des séances de travail sur le budget 2026 a froissé le président du Sénat, mardi, lors d’une réunion avec les présidents de commission et le gouvernement. Il estime que le Sénat ne peut pas prendre le relais des textes budgétaires dans de bonnes conditions. Une nouvelle conférence des présidents doit revenir sur la question la semaine prochaine.

Le

General policy speech by Prime Minister at Senate
5min

Politique

Lutte contre le communautarisme : la droite du Sénat propose encore une fois de réviser la Constitution

Lundi, le Sénat examinera une proposition de loi de la droite et du centre visant à inscrire dans la Constitution que « nul individu ou nul groupe ne peut se prévaloir de son origine ou de sa religion pour s’exonérer du respect des règles applicables ». Un principe que la majorité sénatoriale remet à l’ordre du jour régulièrement ces dernières années par le dépôt de différents textes. On retrouve aussi la même idée dans un texte de Marine Le Pen.

Le

Boycott de la déclaration de Castex : les chefs de groupes du Sénat lancent une « alerte démocratique »
3min

Politique

Suspension de la réforme des retraites : « Si cet amendement est proposé, il est fort possible qu’on le vote », indique le sénateur RN Aymeric Durox

Au micro de Public Sénat et LCP, le sénateur RN Aymeric Durox annonce que sa famille politique votera en faveur de l’amendement de suppression de la réforme des retraites, qui doit être présenté par le gouvernement lors de l’examen du budget de la Sécu. Il émet toutefois de sérieuses réserves sur les chances d’aboutissement du texte au vu du contexte politique.

Le