Depuis sa création, l’Union européenne se construit sur des élargissements progressifs. Mais le 23 juin 2016, les britanniques votent en faveur du Brexit. Neuf mois plus tard, Theresa May, vient d’activer officiellement l’article 50 du traité de Lisbonne, qui lance deux ans de deux ans de négociations de sortie de l’UE. « C’est dramatique », déplore Cécile Kyenge, eurodéputée italienne, invitée de l’émission Europe Hebdo, « c’est la première fois qu’un État membre quitte l’Union européenne ». Ce divorce intervient de plus dans une Europe en plein doute. Selon elle, « l’Europe traverse une vraie crise [...] une crise de solidarité ».
« Une des stratégies de la diplomatie britannique est d’essayer de diviser les Européens »
Or les États membres vont devoir s’accorder très rapidement sur les lignes directrices des négociations qui s’ouvrent : « une des stratégies de la diplomatie britannique est bien sûr d’essayer de diviser les Européens en disant : vous avez des intérêts différents, moi je peux vous promettre ça à titre individuel » explique Jean-Sébastien Lefebvre, journaliste spécialiste des questions européennes à Contexte. Car c’est face à un risque de désagrégation encore plus important que l’UE est aujourd’hui confrontée : « Si les Européens ne sont pas unis, le risque c’est qu’on détricote une partie de l’acquis communautaire. […] Ce serait une défaite politique pour l’Union ».
Face à cette menace, les eurodéputées Cécile Kyenge et Viviane Reding, respectivement italienne et luxembourgeoise, rappellent l’unité et le courage dont devront faire preuve les Européens. Car au-delà de l’enjeu des négociations, c’est selon elles, la puissance et la voix de l’Europe dans le monde qui est ainsi menacée. Cécile Kyenge explique « Nous sommes dans une période où devant des pays comme la Chine, les Etats-Unis, c'est-à-dire des grands pays, des pays qui sont en train de devenir des grandes puissances, on ne peut pas aller là-bas divisés, on doit nécessairement faire un État fédéral ».
Le risque d’effet domino ? Non !
Europe Hebdo - Viviane Reding - Brexit
L’Europe va-t-elle s’étioler ? Sur ce point, Viviane Reding se veut rassurante. Les Européens sont attachés à l’Union : « Les Français pensent à 67% que l’UE est une bonne chose, les Allemands à 81% ». Ce n’est donc pas un Frexit qu’il faudrait craindre. Le risque d’effet domino ? « Non ! », Viviane Reding n’y croit pas. Mais il faut repenser et expliquer l’Europe : les citoyens « voudraient plus d’Europe mais pas sur les institutions, sur des projets très concrets » comme sur la sécurité par exemple.
Mais pour donner une direction cadre à l’Union européenne, et construire un projet à long terme, Jean-Sébastien Lefebvre rappelle qu’ « il faudra attendre la fin du calendrier électoral en Europe, en France et en Allemagne, pour voir émerger quelque chose de concret ».
Retrouvez le débat sur l’avenir de l’Union européenne dans l’émission Europe Hebdo sur Public Sénat jeudi 30 mars à 17h et vendredi 31 mars à 7h et 11h.