« Certains ont créé l’illusion en disant que le Brexit n’aurait aucun impact sur nos vies et que les négociations se termineront sans douleur, mais ce n’est pas le cas », avertit d’emblée Michel Barnier. Le négociateur en chef de l’UE pour le Brexit regrette les « dix mois d’incertitudes » qui se sont écoulés depuis la décision des Britanniques de quitter l’Union européenne et appelle à ouvrir au plus vite ces négociations « extraordinaires ». « Dès que le Royaume-Uni sera prêt à s’asseoir à la table », précise t-il.
« Le Royaume-Uni va essayer de rentrer dans une position de force », prédisait François Hollande samedi dernier, à l’issue de son dernier Conseil européen. Pour lui, la décision de Theresa May d’avancer la date des élections législatives pour renforcer sa majorité avant le début des négociations illustre parfaitement cette volonté britannique d’un « Brexit dur ». « Ce qui est essentiel c’est que les 27 puissent être unis dans ces négociations et c’est le cas », a-t-il affirmé. « Il n’y a pas de négociation entre les 27 mais entre les 27 et le Royaume-Uni. »
Préserver les droits des citoyens, une priorité
Ce matin, lors de sa conférence de presse, Michel Barnier a d’ailleurs salué « l’unité » des 27 Etats membres réunis samedi dernier pour décider des lignes directrices des négociations à venir. Des lignes directrices qu’il a traduites en « recommandations ». Trois grands dossiers ont été identifiés par les 27 Etats membres, dont un « prioritaire » : les droits des citoyens. Michel Barnier rappelle qu’ « il y a plus de 4 millions d’européens vivant au Royaume-Uni ou de Britanniques européens vivant sur le territoire des 27 » et tient à ce qu’ils puissent « continuer à vivre comme aujourd’hui, toute leur vie ». Cela implique de protéger leur droit de résidence, mais également ceux liés à l’accès au marché du travail, à l’éducation, au droit à la santé et à celui la reconnaissance des diplômes et des qualifications ».
L’autre sujet qui devra être abordé lors des négociations entre l’Union européenne et le Royaume-Uni, c’est le règlement financier. « Il ne s’agit pas d’une punition ni d’une taxe de sortie », assure Michel Barnier. Côté européen, on évalue cette facture entre 40 et 60 millions d’euros. Une somme qui correspond aux engagements financiers de Londres dans « les projets et programmes décidés ensemble, dont nous bénéficions ensemble et que nous finançons ensemble ». « Nous devons solder les comptes ni plus, ni moins », conclut le négociateur en chef.
Brexit : « Nous devons solder les comptes ni plus, ni moins », affirme Barnier
Enfin, « les 27 » et le Royaume-Uni devront ensemble redéfinir « les nouvelles frontières extérieures », et notamment celle entre les deux Irlande. Michel Barnier a prévu de s’y rendre la semaine prochaine.
Le Pen « camoufle le danger de la sortie de l’UE »
Le négociateur en chef de l’UE pour le Brexit, ancien ministre du gouvernement Fillon, n’a pas évoqué les conséquences que pourrait avoir l’accession de Marine Le Pen à la présidence de la République sur les négociations relatives à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. François Hollande a lui, samedi dernier, mis en garde contre la volonté affichée de Marine Le Pen de retarder la sortie de la France de la zone euro : « (Sa) volonté c’est la sortie de la France de la zone euro et de l’UE (…) (Elle) camoufle le danger de la sortie de la France de l’UE car (elle) sait bien que les Français ne veulent pas que leur pays sortent de l’Union et se privent de la monnaie unique. » « Comme (elle) ne veut pas faire peur (elle) préfère renvoyer à plus tard cette sortie », finit-il par conclure. Si la candidate de l’extrême-droite venait à être élue, l’unité serait donc à l’évidence fragilisée. « Le choix qui va être fait est un choix pour la France mais c’est aussi un choix européen qui va être exprimé », termine François Hollande.
Hollande : « Comme Marine Le Pen ne veut pas faire peur, elle préfère renvoyer à plus tard cette sortie »,