Politique
Deux semaines après la mobilisation du 18 septembre, l’intersyndicale tente de mobiliser pour une nouvelle journée de contestation contre les orientations budgétaires. Néanmoins, le nombre de participants devrait être en recul.
Le
Par François Vignal
Temps de lecture :
6 min
Publié le
Mis à jour le
Elle est sénatrice depuis un mois mais ne découvre pas les Palais de la République. Si Brigitte Bourguignon fait ses premiers pas au Sénat, la sénatrice du Pas-de-Calais a déjà été députée, socialiste puis LREM, pendant huit ans, avant de devenir ministre déléguée en charge de l’Autonomie du gouvernement Castex, puis éphémère ministre de la Santé du gouvernement Borne, en 2022. Défaite d’un cheveu aux législatives, elle au dû alors quitter son maroquin.
Brigitte Bourguignon fait son retour dans l’arène parlementaire, à la faveur d’un accord politique entre Renaissance et le Modem. Elle vient en effet de prendre la place du sénateur Modem du Pas-de-Calais, Jean-Marie Vanlerenberghe, ancien rapporteur de la commission des affaires sociales, spécialiste des retraites, qui était le doyen du Sénat, à 86 ans. Lors des sénatoriales de septembre 2023, elle occupait la seconde place de sa liste. Le deal prévoyait que le centriste, proche de François Bayrou, laisse la place en cours de mandat à sa seconde de liste. « C’était un accord avec Jean-Marie Vanlerenberghe. Si on faisait chacun notre liste, on paumait tous les deux », explique aujourd’hui Brigitte Bourguignon, sous les dorures de la salle des conférences, qui jouxte l’hémicycle.
Elle est maintenant bel et bien sénatrice. Mais petite surprise : elle siège au groupe Union centriste d’Hervé Marseille, comme le faisait le Modem Jean-Marie Vanlerenberghe, et non au groupe RDPI (Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants), présidé par François Patriat et où siègent les sénateurs Renaissance. Un choix qui fait grincer quelques dents au sein du parti présidentiel, d’autant qu’elle est aussi référente Renaissance du Pas-de-Calais et membre du « burexe », le bureau exécutif du parti, en tant que secrétaire générale déléguée à la coordination des instances. « On peut être déçus », confie un membre du mouvement, « elle doit tout à Macron ».
L’intéressée assume parfaitement. « Je siège dans le groupe de Jean-Marie, par respect de sa position. Par ailleurs, le groupe centriste défend le pouvoir actuel. Il y a beaucoup d’idées proches avec la majorité présidentielle », fait valoir l’ancienne ministre. « On ne m’a pas débauché », assure encore la sénatrice du Pas-de-Calais, qui ajoute : « Tout ça a été annoncé clairement à François Patriat en avril ». Autre précision utile : « C’est en accord avec mon parti que je suis au groupe Union centriste » et donc avec celui de « Gabriel Attal ». Et qu’importe si le groupe UC est aussi, avec le groupe LR, l’autre pilier de la majorité sénatoriale de Gérard Larcher. Pour l’heure, le socle commun a rapproché sous la même ombrelle toutes ces chapelles. A moyen terme, l’avenir incertain de la macronie aurait rendu aussi plus difficile une arrivée au groupe RDPI. Certains prédisent la disparition du macronisme avec la fin du quinquennat d’Emmanuel Macron, dans un retour du clivage droite/gauche.
Plus prosaïquement, avec aujourd’hui 59 sénateurs, contre 19 pour le groupe RDPI, le groupe Union centriste a aussi des arguments de poids à faire valoir. En comptant davantage de membres, « ça donne plus de marges de manœuvre et plus d’outils pour travailler », avance la sénatrice.
Mais son choix ne fait pas les affaires du groupe RDPI. « Le groupe centriste nous a déjà piqué deux sénateurs », grince un membre de Renaissance. Ludovic Haye, élu en 2020 sénateur du Haut-Rhin sous les couleurs de Renaissance, a rejoint le groupe UC après avoir d’abord siégé au RDPI. Il est maintenant membre d’Horizons. Même chose pour un autre soutien d’Edouard Philippe, Olivier Bitz, élu sénateur de l’Orne en 2023, qui est d’abord passé par le RDPI, avant de poser ses valises chez l’Union centriste. Pour le RDPI, ce n’est pas neutre. Car s’il avait pu accueillir Brigitte Bourguignon, il se serait retrouvé à égalité avec le groupe Les Indépendants. Ce qui compte pour la répartition des postes clefs au bureau du Sénat ou pour les places en commission mixte paritaire.
A noter que d’autres sénateurs issus d’autres groupes ont aussi trouvé l’asile dans la maison d’Hervé Marseille : le sénateur de l’Oise, Edouard Courtial, qui est venu du groupe LR, et le sénateur de Haute Corse, Paul Toussaint Parigi, qui a quitté le groupe écologiste pour l’UC. La petite entreprise centriste ne connaît pas la crise.
L’ancienne présidente de la commission des affaires sociales de l’Assemblée, qui siège dans la même commission à la Haute assemblée, entend reprendre les thématiques qui lui sont chères. « Frustrée d’avoir laissé (ses) sujets » par la fin de son aventure ministérielle, elle compte être présente sur les questions du grand âge, de l’autonomie, de la protection de l’enfance, et surtout de « la fin de vie ».
« C’est important de défendre ce texte », soutient celle qui avait fait « le tour de France aux côtés de Marie Humbert (figure de la lutte pour la légalisation de l’euthanasie, décédée en 2018, ndlr), qui était mon amie », confie Brigitte Bourguignon. Quand le texte, en cours d’examen au Parlement, sera inscrit au Sénat – il devait l’être le 7 octobre, avant la chute du gouvernement Bayrou – elle sera l’une des oratrices du groupe UC lors de la discussion générale, pour défendre le texte. Un autre membre du groupe prendra aussi la parole pour défendre la position inverse, sur ce sujet qui divise. C’est justement aussi cette « grande liberté de vote », qui prévaut au groupe centriste, qui a convaincu Brigitte Bourguignon de le rejoindre. Après les clivages de l’Assemblée, elle découvre petit à petit un Sénat dont elle voyait les rapports de force politique comme « nébuleux », quand elle était ministre. Maintenant, elle apprécie cette vision moins dogmatique : « Ici, les gens se parlent en commission ».
Pour aller plus loin
Bonjour chez vous !