Brouille Macron/Philippe : « Édouard Philippe doit dire qu’il sera solidaire durant tout le mandat », estime Alain Richard

Brouille Macron/Philippe : « Édouard Philippe doit dire qu’il sera solidaire durant tout le mandat », estime Alain Richard

Après le refus d’Emmanuel Macron de voir le parti de Franck Riester, Agir, fusionner avec celui d’Édouard Philippe, Horizons, l’ancien Premier ministre montre des signes d’agacements. Au Sénat, certains comprennent la crainte du chef de l’Etat de voir son ancien Premier ministre prendre trop de place dans la future majorité, si Emmanuel Macron était réélu.
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Sans pousser très loin la métaphore, au sein de la maison commune, « Ensemble citoyens ! », on peut dire que le parti Horizons, d’Édouard Philippe fait maintenant chambre à part.

En cause ? Une brouille qui dure depuis plusieurs semaines entre l’ancien Premier ministre et Emmanuel Macron.

« La maison commune » se fissure à droite

Lancée en novembre dernier, « Ensemble citoyens ! » la maison commune de la majorité devait faire bloc autour du chef de l’Etat en vue de sa campagne de réélection, ses membres se sont « laissé la possibilité de faire une coopération renforcée ». Et c’est là que ça coince. Emmanuel Macron aurait refusé catégoriquement une fusion entre Horizons et le petit parti Agir de la majorité, dirigé par le ministre Franck Riester. Face au veto présidentiel, Édouard Philippe a, de son côté, suspendu la participation de son parti à Ensemble citoyens.

Dans le journal l’Opinion, l’ancien Premier ministre fait part de son incompréhension. « Je ne veux pas être ministre. Je ne veux pas aller à l’Assemblée. Je ne demande rien. Mais je n’ai pas envie qu’on m’emmerde, puisque c’est un terme à la mode », rappelle-t-il en faisant référence au verbe élyséen adressé aux non-vaccinés, il y a 15 jours. Édouard Philippe dit ne pas comprendre non plus « la stratégie de se départir de son flanc droit face à la candidature de Valérie Pécresse ». « Je ne suis même pas sûr que cela fasse gagner sur le flanc gauche », insiste-t-il.

Deux petits groupes de centre droit dans la majorité plutôt qu’un

Au groupe RDPI (à majorité LREM), la réaction du président est pourtant facile à comprendre. « Elle fortement liée au contexte de la campagne électorale et l’engagement d’Édouard Philippe change un peu la donne », perçoit Alain Richard, sénateur du Val d’Oise et ancien ministre de la Défense. Car si la personnalité politique préférée des Français a réaffirmé, ce week-end, sa « loyauté totale » au chef de l’Etat, Il n’a jamais caché ses ambitions pour la présidentielle de 2027.

« Son soutien pour la présidentielle est clair. Mais il doit dire aussi qu’il sera solidaire durant tout le mandat. Dans l’hypothèse où Emmanuel Macron est réélu, l’enjeu, c’est la continuité de la législature entre 2022 et 2017. Depuis 4 ans, nous avons eu peu de disputes entre les groupes qui composent la majorité. Mais, je sais ce qu’il se passe lorsqu’un Président entame son dernier mandat, cela entraîne certains comportements de la part de ceux qui préparent l’avenir. Le choix du chef de l’Etat de ne pas faciliter la fusion entre Agir et Horizons, ça veut dire, que pour lui, deux petits groupes de centre droit dans la majorité, sont plus faciles à faire converger avec les autres au sein de la majorité », explique Alain Richard.

« C’est une tempête dans un verre d’eau. Si la fusion ne s’est pas faite, c’est aussi parce que Franck Riester n’aurait plus eu de job » estime un cadre de la majorité avant d’ajouter : « Qu’il y ait des arrières pensés au sein des États-majors d’En Marche et d’Horizons, c’est certain. Mais il ne faut pas vendre la peau de l’ours. La composition de la prochaine majorité à l’Assemblée nationale, dépendra surtout du score qu’aura fait Emmanuel Macron au premier et au second tour ».

» Lire aussi : Lancement « d’Ensemble citoyens ! » : Patrick Mignola favorable à « un grand parti démocrate à la française »

Législatives : « Édouard Philippe va attirer des nouveaux candidats qui voudront profiter de sa dynamique »

« Nous avons les mêmes idées et les mêmes valeurs à Agir et à Horizons. La fusion ne s’est pas faite, mais ce n’est vraiment pas très important, d’autant que nous pouvons avoir la double appartenance » rappelle la sénatrice (Les Indépendants- République et territoires), Colette Mélot, elle-même, membre d’Agir et d’Horizons.

Dany Wattebled, sénateur membre du groupe Les Indépendants- République et territoires, qui ne fait pas partie des deux formations, souligne quant à lui, que lorsqu’Édouard Philippe a été reçu par son groupe au Sénat, « il a présenté un projet qui s’appuie que les élus locaux. Or, son parti est neuf et pour les législatives, il va attirer des nouveaux candidats qui voudront profiter de sa dynamique. On comprend bien que le chef de l’Etat ne veut pas d’un groupe Horizon trop important dans sa majorité pour ne pas avoir les mains liées. Et du côté d’Édouard Philippe, sans groupe à l’Assemblée, son horizon est bouché », résume-t-il.

« Certains élus qui le soutiennent, sont dans des majorités locales LR »

En effet, Édouard Philippe était en déplacement à Niort ce week-end, pour inaugurer la première déclinaison locale d’Horizons, au moment où 130 comités étaient étrennés le même jour, et qu’une centaine d’autres sont prévus d’ici à la fin janvier. « Lorsqu’Édouard Philippe reçoit les soutiens d’élus locaux, il faut être assuré que ceux-là feront bien campagne pour le président de la République jusqu’au 10 avril (date du premier tour). Selon les contextes locaux, certains élus qui le soutiennent, sont dans des majorités locales LR, avec des présidents de régions qui sont engagés dans la campagne de Valérie Pécresse. Ces élus soutiennent Édouard Philippe mais rien ne dit qu’ils vont s’engager pour le Président de la République », note Alain Richard.

Pour l’épineux sujet des investitures aux législatives, Ensemble citoyens doit aussi fonctionner comme « une chambre de conciliation », où les leaders de ces différentes familles politiques doivent s’accorder dans les circonscriptions où il n’y a pas de sortant. « C’est une démarche pragmatique, mais ça ne pourra pas faire en 15 jours », insiste Alain Richard, qui aimerait voir ce comité préparer le terrain à la fin du mois ou dès le mois de février.

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