Bruno Le Maire : « La meilleure façon de rétablir les finances publiques, c’est la croissance »

Bruno Le Maire : « La meilleure façon de rétablir les finances publiques, c’est la croissance »

Bruno Le Maire était aujourd’hui l’invité de notre émission « Extra local ». Le ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance est notamment revenu sur les équilibres budgétaires que le gouvernement propose dans le budget pour 2022 en tentant de concilier rigueur budgétaire et soutien nécessaire aux ménages et aux entreprises.
Louis Mollier-Sabet

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« Non, je ne suis pas un homme de droite. » L’affirmation a de quoi surprendre dans la bouche d’un ancien ministre de Nicolas Sarkozy, directeur de cabinet de Dominique de Villepin et candidat à la primaire « de la droite et du centre » en 2016. Mais Bruno Le Maire nous rassure tout de suite : « Je ne suis pas davantage un homme de gauche. » Ouf, on aurait presque pu s’y perdre. Le ministre de l’Economie a simplement définitivement fait sienne la maxime « ni de droite ni de gauche » du chef de l’Etat, et lui donne même une connotation patriotique : « Je ne me reconnais plus dans ce clivage droite-gauche. C’est la raison pour laquelle j’ai rejoint Emmanuel Macron, c’était son intuition. »

Le Maire 2012 vs Le Maire 2020

Une intuition qui lui permet de se démarquer de ses anciens camarades de gouvernement, comme Valérie Pécresse qui avait accusé Emmanuel Macron et son ministre de l’Economie et des Finances de « cramer la caisse ». « Quand j’entends les candidats des Républicains désespérément dire qu’il faut restaurer la droite, non c’est la France qu’il faut restaurer », assène Bruno Le Maire. Le locataire de Bercy tient à défendre la gestion de la crise économique par son administration en comparaison de celle du quinquennat de Nicolas Sarkozy, où Valérie Pécresse était ministre du Budget de 2011 à 2012… quand un certain Bruno Le Maire était encore à l’Agriculture.

Qu’à cela ne tienne, le ministre de l’Economie n’en démord pas, son gouvernement de l’époque n’arrive pas à la cheville de son gouvernement actuel : « Je voudrais rappeler à Valérie Pécresse qu’elle avait eu à gérer une crise deux fois moins grande que la nôtre et que comme ministre du Budget elle a fait un choix radicalement différent. Elle a augmenté les impôts pour avoir 0 croissance et 10 % de chômage, joli résultat ! Nous avons dépensé beaucoup d’argent, mais nous avons protégé les salariés, nous avons une croissance à 6 % et nous avons baissé les impôts. »

« Le moment venu nous aurons besoin de la réforme des retraites »

Et comme toutes les bonnes choses ont une fin, Bruno Le Maire annonce depuis un mois le crépuscule du « quoi qu’il en coûte » alors que le marathon budgétaire commence dans quelques semaines. Pourtant, la droite, et notamment la majorité sénatoriale, ne cesse de dénoncer un gouvernement trop dépensier à quelques mois de l’élection présidentielle. Alors comment le ministre de l’Economie compte-t-il tenir les principes de sérieux budgétaire qu’il affiche depuis le début du quinquennat ?

« Je suis très honnête sur ce sujet, la meilleure façon de rétablir les finances publiques c’est la croissance. Il faut d’abord des rentrées d’argent importantes. La deuxième réponse c’est des réformes de structure comme nous l’avons fait avec l’assurance-chômage », répond Bruno Le Maire. Mais le ministre de l’Economie ne s’arrête pas là : « Le moment venu nous aurons besoin d’une réforme des retraites. C’est moins une affaire d’échéance électorale que de situation du pays, mais seul le Président de la République a la maîtrise du calendrier. » La mère des réformes reste donc dans les cartons, mais ne semble toujours pas être programmée avant la fin du quinquennat.

Mais comme le ministre de l’Economie marche maintenant sur deux jambes, la droite et la gauche, il « continue à surveiller de très près les prix du gaz et de l’électricité. » Bruno Le Maire poursuit : « Le marché unique de l’électricité fonctionne suivant des règles obsolètes, cela va devenir ingérable, il faut le revoir de fond en comble. Les Français en payent la facture de manière incompréhensible pour eux. Il faut en finir avec cet alignement sur les prix du gaz dans un marché unique. » De même dans le secteur de l’hôtellerie-restauration, le ministre de l’Economie en appelle à une « négociation par branche » de l’augmentation des salaires qui paraît « indispensable dans certains secteurs. » Ni de droite, ni de gauche donc.

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