Sur la taxe carbone, la position de l’exécutif semble flottante. Etincelle qui a déclenché le mouvement des gilets jaunes, le sort de la taxe carbone fait débat au sein même du gouvernement et jusqu’au plus haut sommet de l’Etat.
Mardi, Emmanuel Macron a ouvert la porte à un retour d’une taxe flottante sur le carburant, en fonction des évolutions des prix du pétrole. Si le chef de l’Etat a écarté une « augmentation automatique » de la taxe carbone, en raison des « incertitudes » des cours du baril, il a évoqué, devant des élus de la région Grand Est, la possibilité d'une « taxation qui varie en fonction des cours mondiaux ». C’est le modèle appliqué en 2000 par Lionel Jospin avec la TIPP « flottante », dont l’efficacité fait débat.
« Il ne faut pas augmenter les impôts, il faut les baisser davantage »
Mais le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, ne reprend pas cette idée à son compte. Interrogé ce jeudi 28 février dans la matinale de Public Sénat sur la possibilité d’un retour d’une taxe carbone flottante, il a clairement pris ses distances. « Ma position sur toutes les questions fiscales est extraordinairement simple : il ne faut pas augmenter les impôts. Il faut baisser davantage les impôts et pour ça, baisser davantage la dépense publique » affirme le locataire de Bercy.
Est-il en désaccord avec le président de la République ? Réponse de Bruno Le Maire, qui se répète : « La position du ministre des Finances est très simple : les impôts sont trop lourds pour les ménages comme pour les entreprises. Nous avons commencé à les baisser. Et ils vont baisser fortement en 2019 pour les ménages en particulier. (…) Mais je souhaite qu’on puisse baisser davantage les impôts des ménages, comme des entreprises ».
« C’est le président de la République qui arbitrera à la fin »
S’il ne reconnaît pas formellement sa divergence d’interprétation, pour ne pas dire son désaccord, avec Emmanuel Macron, il admet que « c’est le président de la République qui arbitrera à la fin. Mais je pense que c’est bien d’avoir des ministres qui ont des positions claires. Je souhaite que nous baissions davantage les impôts ».
Bruno Le Maire rappelle au passage que « la manifestation des gilets jaunes est née d’une exaspération fiscale, du sentiment que pour beaucoup, payer un ou deux euros en plus, c’était trop. Le signal doit être entendu. Et notre réponse doit être très simple : nos impôts n’augmenteront pas ».
Mi-février, quand François de Rugy et Brune Poirson, ministre et secrétaire d'Etat à la Transition écologique, se sont prononcés pour un retour de la taxe carbone, le premier ministre Edouard Philippe avait prévenu qu’il était hors de question d'« augmenter la pression fiscale ». Mercredi, François de Rugy a cependant évoqué lui aussi la piste d’une taxe carbone flottante, reconnaissant que le sujet fait « débat »…