Une journée de tensions comme le Sénat en a rarement vu. Depuis cette séance nocturne sur l’article 7 de la réforme des retraites, le torchon brûle entre droite et gauche dans le palais du Luxembourg. Socialistes, communistes et écologistes qualifient la disparition d’un millier de leurs amendements de « dérive démocratique », quand la droite dénonce l’obstruction à l’œuvre. « Nous assistons à une mélenchonisation de la gauche sénatoriale, et notamment sous l’effet et la pointe du petit groupe écologiste, d’une petite minorité au Sénat », déplore ce 8 mars, Bruno Retailleau sur l’antenne de Public Sénat.
Le président du groupe LR en donne pour preuve le tweet « très préoccupant » de Jean-Luc Mélenchon. Le leader des Insoumis a adressé ses félicitations aux « sénateurs de la NUPES » (bien que la NUPES n’ait aucune réalité théorique au Sénat), pour leur « magnifique bataille pour bloquer l’article 7 cette nuit ».
Bruno Retailleau appelle ses collègues de gauche à revenir « à la raison ». « Parce que si on importe les mauvaises habitudes de l’Assemblée nationale au Sénat, je pense que c’est le parlementarisme qui va en prendre un coup », s’inquiète-t-il. « On a assisté avec beaucoup de patience pendant cinq jours et cinq nuits à des amendements répétitifs […] L’objectif ce n’était pas de faire progresser le débat, c’était de le bloquer, de faire en sorte qu’on ne parvienne pas au vote. C’est ça qui est une manœuvre antidémocratique et on ouvre les portes à l’antiparlementarisme car les François vont constater que le Parlement discute mais à quoi sert-il s’il ne vote pas ? » s’interroge-t-il. Et de conclure : « Je souhaite qu’on revienne à la raison, et qu’une minorité ne bloque pas le travail d’une majorité. »
À lire aussi » Réforme des retraites : le Sénat active une nouvelle procédure pour limiter les prises de parole