Bruno Retailleau renonce à son amendement sur l’accélération de la suppression des régimes spéciaux
Bruno Retailleau, le président du groupe LR au Sénat, a renoncé ce samedi à défendre l’amendement qu’il portait pour accélérer l’extinction des régimes spéciaux, celui-ci n’ayant pas été retenu par l’exécutif dans le cadre de la procédure du 44-2, activée la veille. Par un effet domino, le retrait de cet amendement a aussi des conséquences plus politiciennes : il retire aux élus de gauche plusieurs heures de temps de parole. Explications.

Bruno Retailleau renonce à son amendement sur l’accélération de la suppression des régimes spéciaux

Bruno Retailleau, le président du groupe LR au Sénat, a renoncé ce samedi à défendre l’amendement qu’il portait pour accélérer l’extinction des régimes spéciaux, celui-ci n’ayant pas été retenu par l’exécutif dans le cadre de la procédure du 44-2, activée la veille. Par un effet domino, le retrait de cet amendement a aussi des conséquences plus politiciennes : il retire aux élus de gauche plusieurs heures de temps de parole. Explications.
Romain David

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Il aurait pu s’agir d’un temps fort au milieu de la dixième journée d’examen de la réforme des retraites au Sénat. Il n’en sera rien. L’amendement déposé par Bruno Retailleau, le président du groupe LR, pour mettre fin à la « clause du grand-père », et accélérer la fin des régimes spéciaux, a été retiré, faisant tomber avec lui 182 sous-amendements de gauche. Un coup dur pour les oppositions qui misaient sur ce moment pour gagner du temps, beaucoup de temps.

Depuis vendredi, les débats au Sénat se déroulent sous la contrainte de l’article 44, alinéa 3 de la Constitution, activé par le gouvernement en réponse aux tentatives d’obstruction à gauche. Seuls les amendements retenus par le gouvernement – 70 sur près d’un millier – seront soumis aux voix lors d’un vote unique sur l’ensemble du texte, vraisemblablement dimanche. Toutefois, les sénateurs ont toujours la possibilité de défendre les amendements qu’ils ont déposés, même si le gouvernement a choisi de les écarter de la version du texte qui sera mise au vote.

« Je pressentais un mouvement de joie… »

L’amendement de Bruno Retailleau ne faisait pas partie de ceux sélectionnés par l’exécutif après activation du 44-3. Il avait également soulevé quelques remous au sein de la majorité sénatoriale, Hervé Marseille, le patron du groupe centriste, allié des LR, avait estimé sur notre antenne « un peu rude » cette disposition. Bruno Retailleau, toutefois, avait encore la possibilité de prendre la parole pour défendre l’extinction de la « clause du grand-père ». Pour rappel, la « clause du grand-père » garantit aux salariés déjà employés sous un régime spécial de conserver les avantages de ce régime, même après son extinction pour les nouveaux entrants. Dans le cadre des débats, les groupes de gauche espéraient rallonger la discussion grâce aux très nombreux sous-amendements déposés pour contrer la proposition de suppression.

Lorsque Roger Karoutchi, le président de séance, a annoncé vers 15 heures le retrait de l’amendement Retailleau, de nombreuses protestations se sont levées depuis la gauche de l’hémicycle. « Je pressentais un mouvement de joie… », a ironisé le sénateur des Hauts-de-Seine depuis le plateau. Avant d’ajouter, sourire narquois aux lèvres : « Vous en rêviez, il l’a fait ».

Faire durer les débats

À raison de 2 minutes par intervention, c’est environ 5 heures de discussions que les socialistes, les communistes et les écologistes ont vu disparaître avec cette annonce, alors que la gauche sénatoriale espère toujours parvenir à jouer les prolongations pour empêcher un vote sur l’ensemble du texte, avant le couperet de dimanche minuit. « Monsieur Retailleau vient de retirer son amendement, je pense qu’au-delà du fait que l’objectif est de faire tomber 200 sous-amendements, la réalité c’est qu’il craint d’être minoritaire dans cet hémicycle », a commenté la sénatrice communiste Marie-Claude Varaillas. Avant de lancer, en marge de cette 7e journée de mobilisation intersyndicale contre la réforme : « Croyez-le bien Monsieur Retailleau, nous allons continuer à vous mettre en difficulté dans tout le pays ! »

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