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Budget 2025 : « A partir du moment où on ne dope plus les prévisions, il n’y a pas à s’étonner d’avoir une exécution conforme », affirme Jean-François Husson

En pleine préparation de la loi de finances pour 2026, Bercy a publié les chiffres relatifs à l’exécution du budget pour 2025. Grâce à des recettes en progression et un recul des dépenses, l’Etat parvient à faire reculer le déficit par rapport à l’année dernière.
Henri Clavier

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Au 30 juin, le déficit budgétaire de l’Etat s’élève déjà à 100 milliards d’euros selon les données publiées par Bercy ce mardi 5 août. Un niveau important, mais tout de même inférieur au déficit accumulé par l’Etat lors du premier semestre 2024 qui avait atteint. Une amélioration de 3,1 milliards d’euros par rapport à l’année dernière.

Alors que François Bayrou a fait de la réduction du déficit public son principal objectif, la bonne exécution du budget adopté à la mi-février paraît indispensable pour assurer la survie du gouvernement. Pour cela, le déficit doit être ramené de 5,8 % du PIB en 2024 à 5,4 % en 2025.

Une augmentation des recettes malgré des inquiétudes sur la TVA

Principal élément de satisfaction pour le gouvernement, l’augmentation de 4,2 % des recettes par rapport au précédent exercice. Cette augmentation de 7 milliards d’euros des recettes fiscales supplémentaires, s’explique principalement par une hausse des recettes générées par l’impôt sur les sociétés (+ 7,9 %) ainsi qu’une hausse des taxes sur l’énergie liées à la fin du bouclier tarifaire. L’application d’une TVA à 20 % sur les abonnements énergétiques à partir du 1er août devrait également renforcer les ressources fiscales alors que les recettes dégagées grâce à la taxe sur la valeur ajoutée ont reculé (-0,5 %). « Ce recul des recettes liées à la TVA semble logique compte tenu de la situation économique et politique du pays, les acteurs économiques et les Français se posent des questions et donc consomment moins », affirme Jean-François Husson (LR), rapporteur général de la commission des finances du Sénat.

Pour le premier semestre, les dépenses du budget général de l’Etat ont reculé d’un peu plus de 2,4 milliards d’euros. Un effort rendu possible par une diminution des dépenses de fonctionnement qui ont reculé de 16,1 % par rapport à l’année précédente, ce qui représente environ 700 millions d’économies. Néanmoins, les dépenses de personnel ont progressé de 2,5 % et les charges de la dette de 6 %. Pour contenir ces augmentations, le gouvernement a gelé 3,1 milliards d’euros de crédits en avril. « Il faut espérer qu’il n’y ait pas de nouvelles annulations de crédits, mais c’est la responsabilité de l’exécutif de réussir à tenir les engagements de la loi de finances », estime Jean-François Husson.

« S’il y a des gels supplémentaires, on sera pris à contrepied puisque l’on doit déjà réduire la dépense publique »

Pour l’instant, le rapporteur général de la commission des finances du Sénat se réjouit de ces chiffres qui tranchent avec la gestion financière du précédent exercice. En effet, le déficit de l’Etat s’était révélé, pour 2024, supérieur de 9 milliards d’euros à ce qui était prévu par la loi de finances. « A partir du moment où on ne dope plus les prévisions, il n’y a pas à s’étonner d’avoir une exécution conforme, la commission des finances a expliqué que ce n’était pas spécialement un problème de recettes, mais de prévisions trop optimistes », tacle Jean-François Husson. 

Selon la Cour des comptes, les recettes fiscales de l’Etat, en 2024, s’étaient révélées inférieures de 22,8 milliards d’euros par rapport à la loi de finances votée. Une situation qui avait poussé le gouvernement a multiplié les annulations de crédits et à revoir sa trajectoire en termes de déficit public. Une situation que Jean-François Husson espère ne pas voir se reproduire. « S’il y a des gels supplémentaires, on sera pris à contrepied puisque l’on doit déjà réduire la dépense publique, cela poserait un problème majeur de devoir freiner budgétairement là où l’Etat s’est engagé », pointe le sénateur de Meurthe et Moselle. En tout état de cause, la marge de manœuvre de l’Etat pour respecter la trajectoire qu’il s’est fixée semble particulièrement fragile. Avec des dépenses largement supérieures aux recettes (262 milliards d’euros de dépenses pour 182,5 milliards d’euros de recettes, hors comptes spéciaux), l’Etat doit s’astreindre à une vigilance renforcée, surtout si certaines recettes, comme la TVA, venaient à manquer. « Cela annonce un exercice budgétaire très acrobatique », prédit Jean-François Husson.

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