Budget 2025 : « Le message qui est envoyé est dramatique, ce n’est pas un coup de rabot, on y est allé à la hache », déplore Guillaume Gontard
Avant la commission mixte paritaire sur le budget, les oppositions formulent leurs réserves sur le texte issu du Sénat. Sur le plateau de Parlement Hebdo, l'écologiste Guillaume Gontard dénonce un budget « totalement austéritaire », le député RN, Gaëtan Dussausaye, évoque un « budget de punition sociale ». Néanmoins, le fond des critiques et la position à adopter en cas de recours au 49-3 divergent.
Si le budget vient d’être adopté au Sénat, la suite du parcours du projet de loi de finances s’avère périlleuse. Malgré les concessions obtenues par les socialistes auprès du Premier ministre, la copie du Sénat ne convient pas à la gauche et le contenu du texte issu de la commission mixte paritaire, qui se tiendra à partir du 30 janvier, reste incertain. Les sénateurs sont revenus sur la promesse de François Bayrou de ne pas supprimer 4 000 postes dans l’éducation nationale.
« La gauche n’est pas satisfaite et encore moins les écologistes », estime Guillaume Gontard, président du groupe écologiste au Sénat qui qualifie le budget de « totalement austéritaire ». Dans une Assemblée nationale fragmentée, le RN fait durer le suspense sur sa position sur le budget et une éventuelle censure du gouvernement. « On va voir si oui ou non le gouvernement tient compte de nos exigences », prévient le député et porte-parole du RN des Vosges, Gaëtan Dussausaye.
Un « budget de punition sociale » pour le RN, de « déni de la question climatique » pour les écologistes
Rare point de convergence entre les deux parlementaires, le rejet des équilibres proposés par le gouvernement pour ramener le déficit public à hauteur de 5,4 % du PIB. « Le message qui est envoyé est dramatique, ce n’est pas un coup de rabot, on y est allé à la hache », déplore Guillaume Gontard qui évoque notamment un « déni total de la question climatique » suite à la baisse des crédits d’un milliard sur le budget de l’écologie. Pour le porte-parole du RN, il s’agit d’un « budget de punition sociale » qui va « faire payer la France du travail, faire payer les Français les plus honnêtes ». En matière de réduction du déficit public, Gaëtan Dussausaye privilégie la réduction des crédits affectés à l’aide médicale d’Etat ou à la prise en charge des mineurs non accompagnés. Le parti de Marine Le Pen souhaite également s’attaquer à « la multiplication des structures publiques », notamment les agences et opérateurs de l’Etat.
Néanmoins, la position du RN reste floue sur certains points proposés par le gouvernement. Si le gouvernement a renoncé à l’allongement du délai de carence dans la fonction publique,la baisse de 10 % de l’indemnisation des fonctionnaires durant les arrêts maladies de moins de trois mois a été maintenue. « La seule chose que nous n’accepterons pas c’est que tout effort demandé aux fonctionnaires ne permette pas de l’autre côté de leur rendre du pouvoir d’achat », affirme Gaëtan Dussausaye qui plaide pour une meilleure rémunération des heures supplémentaires pour les agents publics.
Le recours au 49-3, une ligne rouge ?
Malgré les critiques formulées par le RN, Gaëtan Dussausaye écarte l’idée d’une censure d’office en cas d’utilisation du 49-3 par François Bayrou. « Il n’y a pas de majorité à l’Assemblée nationale et donc très peu d’alternatives pour le gouvernement de faire autrement que de passer par un 49-3 », reconnaît Gaëtan Dussausaye. A l’inverse, Guillaume Gontard fustige le recours probable au 49-3 pour faire adopter le budget et y voit un échec des tentatives de négociations avec le gouvernement. « Le fait qu’on utilise encore le 49-3 ça montre que l’on n’a rien compris », s’agace le chef des écologistes au Sénat. « S’il y a quelqu’un d’inflexible c’est François Bayrou, son gouvernement et sa méthode, les écologistes ont participé à l’ensemble des discussions », continue Guillaume Gontard, sceptique sur l’issue de la commission mixte paritaire.
Par ailleurs, même si le PS a renoncé à voter la motion de censure à l’issue de la déclaration de politique générale de François Bayrou, Guillaume Gontard veut croire à la poursuite de l’alliance entre les partis de gauche au sein du Nouveau front populaire. « Je ne pense absolument pas que ce soit la fin du NFP, qui est un projet, un programme très précis. Le PS, avec sa méthode, appuie sur cette ligne-là », juge le sénateur écologiste, prenant le renoncement du gouvernement à la suppression de postes dans l’éducation nationale comme exemple.
Invité de la matinale de Public Sénat, le sénateur écologiste de Paris, Yannick Jadot, a fustigé les reculs du gouvernement en matière environnementale alors que le Parlement doit se prononcer aujourd’hui sur la loi Duplomb et sur la programmation énergétique.
Les parlementaires communistes sont sortis de leur entretien avec le ministre de l’Economie, Eric Lombard, comme ils y étaient entrés : sans espoir. « On nous a expliqué que ce serait comme ça et pas autrement », dénonce la présidente du groupe communiste du Sénat.
Le ministre de l’Economie a consulté les parlementaires socialistes sur le budget. S’ils n’ont pas obtenu de réponses sur les choix du gouvernement, Eric Lombard leur a remis « une lettre de deux pages sur le bilan des engagements pris par François Bayrou » l’hiver dernier, explique Patrick Kanner, patron des sénateurs PS.
L’ancien patron des députés LR a été retrouvé mort à son domicile d’Anet en Eure-et-Loir, ce lundi 7 juillet. La classe politique rend hommage à un homme d’expérience et de conviction. La droite se souvient de son attachement au gaullisme et à la souveraineté française, « l’un de ses sujets forts ».