Budget 2026 : après la dramatisation de François Bayrou, le chemin difficile vers un consensus politique
L’opération « vérité » du Premier ministre sur l’état des finances publiques et les grandes orientations pour remédier au « surendettement du pays » est loin de faire l’unanimité chez les parlementaires ou les partenaires sociaux. Le chemin vers un budget de redressement s’annonce long.
Pour qui en doutait encore, la préparation du budget 2026 est bel et bien lancée. D’ordinaire à cette époque de l’année, les travaux sont essentiellement techniques et restent globalement dans l’enceinte des services de Bercy. L’année 2025 ne devrait ressembler à aucune autre, étant donné la bataille essorante des derniers textes budgétaires, promulgués en février, et l’étendue des difficultés à résoudre. À renfort de graphiques et de formules chocs, le Premier ministre a sonné ce 15 avril la mobilisation générale pour poursuivre le lent et douloureux redressement des finances publiques. En dramatisant son propos, et en revendiquant un discours de « vérité » appuyé sur des « faits », François Bayrou espère entraîner l’opinion publique à sa cause, et par ricochet éloigner le risque d’une censure à l’Assemblée nationale.
L’épreuve ne s’annonce pas plus clémente que l’an dernier, puisque Bercy évalue le prix de l’effort dans une fourchette allant de 40 à 50 milliards d’efforts budgétaires. La préparation du budget 2026 reposera en premier lieu sur la réalisation de l’actuelle loi de finances. C’était l’objet du comité d’alerte, qui se réunissait pour la première fois ce mardi. Face aux ministres Eric Lombard (Economie), Amélie de Montchalin (Comptes publics) ou encore François Rebsamen (Collectivités locales), des représentants du Parlement, des élus locaux ou encore des salariés et des employeurs ont pu avoir une première idée de la température budgétaire.
« Une volonté d’éviter un dérapage comme ces deux dernières années »
La photographie est encore toutefois loin de se révéler entièrement. « On n’a pas eu beaucoup d’éléments sur la réalisation du budget 2025 et l’objectif à mon avis, c’est de montrer qu’il y a une volonté d’éviter un dérapage comme on a pu en avoir ces deux dernières années », relève la sénatrice PS Florence Blatrix Contat. Le partage de données était d’autant attendu que le gouvernement a révisé à la baisse sa prévision de croissance pour l’année 2025, à seulement 0,7 %, dans le contexte d’une grande incertitude liée aux taxes douanières américaines.
Selon les parlementaires présents, il serait encore trop tôt pour apprécier le niveau des recettes en avril par rapport aux prévisions. Les données du premier trimestre seraient conformes à la trajectoire attendue. Quant aux dépenses, celles-ci pourraient être plus élevées que prévu au fil des mois, avec un aléa estimé à 5 milliards d’euros. « Si on continuait sur cette trajectoire actuelle, on arriverait à un déficit de 5,7 % à la place de 5,4 % », relève un sénateur.
Par précaution, le gouvernement a déjà pris des mesures de gestion. Près de 9 milliards d’euros de crédits budgétaires ont été mis en réserve. Une opération classique en début d’année. Le 9 avril, la ministre des Comptes publics a annoncé 5 milliards d’euros d’effort supplémentaire. Une partie des crédits mis en réserve devrait être à la fin annulées. Un montant de 3 milliards est évoqué ce mardi. Des parlementaires ont aussi retenu que les crédits mis en réserve pourraient être relevés. Ce comité d’alerte se réunira une nouvelle fois en juin.
« Ce diagnostic, c’est celui que le Sénat porte depuis deux ans », pointe Jean-François Husson
La seconde partie de la matinée, marquée par l’expression du Premier ministre qui s’est limitée au diagnostic global de la situation financière, n’a pas non plus bouleversé l’état des connaissances des parlementaires. Le chef du gouvernement est resté volontairement silencieux sur la teneur des coupes, préférant renvoyer ce sujet à une vaste concertation, et insister pour le moment sur le danger du « surendettement » national. « Ce diagnostic, c’est celui que le Sénat porte depuis deux ans, notamment dans la dégradation des comptes publics, cela montre que le temps qu’on a perdu, on a eu l’impression de prêcher dans le désert », relève le rapporteur général de la commission des finances du Sénat, Jean-François Husson (LR). « Dont acte, mais ce qui va être important, c’est la manière dont les choses vont se dérouler. Il y a beaucoup de travail devant nous ».
« Je pense qu’il a raison de prendre à témoin l’ensemble des Français sur cette question de la situation budgétaire du pays. Jouer la transparence, la vérité, sur la nécessité d’apporter des solutions, j’approuve cette méthode », salue aussi le sénateur (Union centriste) Bernard Delcros, à la tête de la délégation aux collectivités territoriales.
Les grandes lignes du discours du Premier ministre coincent en revanche à gauche, notamment quand il a martelé que toute hausse des prélèvements obligatoires serait « intenable ». « Il a voulu démontrer qu’il n’y avait qu’une solution, c’est la baisse des dépenses publiques. Le gouvernement oublie de dire que depuis le début du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, on a 1 000 milliards d’euros de dette en plus, en grande partie liée à des baisses d’impôts. On a eu un échec de la politique de l’offre, le gouvernement refuse de se pencher sur la question des aides aux entreprises », pointe la sénatrice socialiste Florence Blatrix Contat. Pour cette élue de l’Ain, la question de la justice fiscale et de nouvelles recettes visant les patrimoines les plus élevés « sera inévitable à terme ».
La CGT dénonce « une opération de communication, pour installer un climat anxiogène »
Les organisations syndicales partagent les mêmes critiques, à l’image de la CGT. « Sa politique de l’offre est aujourd’hui un naufrage […] On voit que l’opération de ce matin est une opération de communication, pour installer un climat anxiogène, et installer l’idée qu’il faudrait encore une fois que les salariés fassent des sacrifices », s’exclame la secrétaire générale Sophie Binet. « Nous refusons cette dramaturgie budgétaire qui veut faire croire à l’inéluctabilité des sacrifices du monde du travail et de la création », dénonce également le groupe communiste du Sénat, parlant d’une « politique d’austérité qui ne dit pas son nom ».
« Sur le budget 2026, il faut viser prioritairement la réduction des dépenses mais on n’arrivera à redresser les comptes que si on agit aussi sur les recettes », reconnaît également le sénateur centriste Bernard Delcros. « Les principes de base sont la justice fiscale et la justice territoriale, si on veut que les efforts soient compris et acceptés par nos concitoyens et les élus. Je ne suis pas pour des hausses d’impôts qui s’appliqueraient de manière uniforme à tout le monde. Il faut que les plus grosses fortunes, les plus gros profits, les plus gros dividendes participent au titre de l’effort de redressement. »
« Oui à un discours de vérité, mais la vérité il faut la regarder vraiment en face », selon le président des départements de France
À l’image de cette demande d’équité, portée par le sénateur du Cantal, les représentants des élus locaux qui ont bien voulu répondre à l’invitation du Premier ministre (l’Association des maires de France a décidé de boycotter l’évènement) ont également appelé à regarder finement la situation de chaque collectivité. « Oui à un discours de vérité, mais la vérité il faut la regarder vraiment en face », a fait savoir le président des départements de France, François Sauvadet (UDI). « Il faut un dialogue franc, ne pas simplement se dire qu’on va à nouveau faire ensemble un effort, il faut que l’Etat fasse d’abord cet effort de réinterrogation de ses propres fonctions », ajoute-t-il. « 8 milliards d’économies, c’est absolument impensable », s’inquiète la sénatrice socialiste Florence Blatrix Contat, au sujet de l’effort qui pourrait être demandé aux collectivités, selon La Tribune.
« Chacun doit prendre sa part. Les Français entendent bien qu’il va falloir produire un effort, mais ils souhaitent que cet effort soit collectif, bien réparti et le plus juste possible », avise également Jean-François Husson. Le rapporteur général souligne en guise de rappel que les « trois quarts » de la dégradation des comptes publics sur les cinq dernières années relèvent de l’Etat.
Véritable chef d’orchestre des débats budgétaires dans la commission des finances, le sénateur de Meurthe-et-Moselle ne se prononce pas encore sur les pistes d’économies à entreprendre pour garantir le retour du déficit à un niveau de 4,6 % du PIB l’an prochain, après les 5,4 % visés en 2025. « Il y a beaucoup de travail », confie-t-il. Les sénateurs veulent en tout cas être au rendez-vous de l’accélération atypique du calendrier budgétaire, annoncée par François Bayrou. Le chef du gouvernement veut qu’une concertation aboutisse à des grandes orientations d’ici la mi-juillet. Tous les acteurs, parlementaires, partenaires sociaux, et collectivités devront contribuer à ce travail. Les collectivités ont d’ailleurs rendez-vous le 6 mai pour une « conférence des territoires ».
« On a prévu trois mois de travail intense et nous allons, pour le début de l’été rendre une copie de propositions en travaillant avec la commission des finances mais aussi celle des affaires sociales, et l’ensemble des sénateurs et sénatrices du bloc majoritaire. Mais il y a aussi une diversité d’opinions, nous aurons des arbitrages à rendre », se projette Jean-François Husson.
« Il y a déjà des travaux informels conduits au sein du groupe [Union centriste]. On va structurer ce travail et en discuter de façon formalisée dès la rentrée, pour que l’on soit capable de faire des propositions les plus partagées possibles », espère également Bernard Delcros.
En avançant l’idée d’une « contribution modeste » pour recréer le lien entre communes et citoyens, le ministre François Rebsamen a relancé ce débat sensible de la fiscalité locale. Au Sénat, tous les sénateurs dénoncent la suppression de la taxe d’habitation par Emmanuel Macron. A la place, le sénateur Bernard Delcros, président de la délégation aux collectivités, soutient l’idée d’une « contribution » qui serait « différentiée, en fonction des revenus des habitants », via « une remise à plat » des impôts locaux.
Selon Valeurs Actuelles, l’animateur star, Cyril Hanouna songe à se présenter à la prochaine élection présidentielle. La réalité peut-elle dépasser la fiction ? Interview du communicant, Philippe Moreau-Chevrolet co-auteur de la bande dessinée « Le Président » (ed Les Arènes 2020) dans laquelle il avait imaginé la candidature de Cyril Hanouna à la Présidentielle de 2022.
La sénatrice socialiste, Corinne Narassiguin présentait, ce mardi, sa proposition de loi visant à encadrer et réduire le nombre de contrôles d’identité. L’objectif est de mettre fin aux contrôles « au faciès ». Un premier pas, selon elle, pour retrouver des rapports apaisés entre la police et la population dans certains quartiers.
Défenseur de ce mode de scrutin de longue date, le premier ministre consulte mercredi le RN, favorable aussi à la proportionnelle. Manière d’envoyer un gage au parti qui le menace encore d’une censure. La gauche est pour, mais ses alliés LR sont clairement opposés. A moins que le retour du cumul des mandats entre aussi dans les discussions.
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