Budget 2026 : « Je ne sais plus où habitent les socialistes », affirme Éric Coquerel 

Invité de la matinale de Public Sénat, Éric Coquerel, président de la commission des finances de l’Assemblée nationale et député insoumis de Seine-Saint-Denis s’étonne de positions défendues par les socialistes dans les débats budgétaires. Ce dernier alerte également sur les risques de dépasser les délais constitutionnels d’examen du budget.
Henri Clavier

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

« Il n’y a aucune majorité », tranche le président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, Éric Coquerel, pour résumer les débats budgétaires. Après le rejet de la taxe Zucman vendredi dans l’hémicycle, Éric Coquerel pointe l’impossibilité de faire évoluer la position du gouvernement sur la taxation des ultra-riches. « Il n’y a pas de compromis possible, car ce que l’on veut imposer, en réalité, c’est un budget macroniste. Il continue à exonérer les ultra-riches de l’effort qu’ils doivent consentir », déplore le président de la commission des finances. 

« Ils ont un bon public avec les socialistes qui visiblement veulent absolument trouver un compromis »

Présent au banc vendredi, le premier ministre s’est empressé de donner des gages aux socialistes après l‘échec de la taxe Zucman. Sébastien Lecornu a notamment annoncé qu’il soutiendrait les amendements visant à revenir sur le gel des pensions de retraite et les minima sociaux dans le budget de la Sécu. Une maigre compensation pour les socialistes tant la mesure avait de grandes chances d’être rejetée par l’Assemblée. « Ils ont un bon public avec les socialistes qui visiblement veulent absolument trouver un compromis », pointe Éric Coquerel. Après avoir obtenu le décalage jusqu’en 2028 de la mise en œuvre de la réforme des retraites de 2023, les socialistes font planer le doute sur leur positionnement futur.

« Je ne sais plus où habitent les socialistes, ils sont tellement dans l’idée de trouver, à tout prix, un compromis pour éviter un retour aux urnes qu’ils en arrivent à accompagner le gouvernement dans cette espèce de théâtre d’ombres », déplore Éric Coquerel. Alors que socialistes et insoumis se sont opposés frontalement dans l’hémicycle à plusieurs reprises, le président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale juge que les députés socialistes sont pris au piège de leur tentative de compromis. « C’est la seule opposition qui, en commission, a voté le budget de la Sécu », souffle Éric Coquerel. 

Le gouvernement « joue la montre »

Dans cette configuration, le député insoumis accuse le gouvernement de « jouer la montre » et de faire durer les débats. « On a un nombre d’amendements anormal de la part des groupes gouvernementaux, on avance très lentement », alerte le président de la commission des finances. Ce dernier considère que l’enlisement des débats pourrait profiter au gouvernement qui, en cas de dépassement des délais constitutionnels d’examen du budget, pourrait faire adopter le budget directement par ordonnances. « Si on voit arriver tout ça, on va déposer une motion de censure fin novembre », prévient Éric Coquerel qui appelle « ceux qui veulent éviter que le PLFSS et le PLF passent », à censurer.

Néanmoins, le budget pourrait être rejeté par le Parlement avant l’expiration des délais. Dans ce cas, le gouvernement pourrait passer, comme l’année dernière, par une loi spéciale pour autoriser le prélèvement des impôts avant de distribuer les crédits par décret. « Leur seul problème sur la loi spéciale, c’est le budget des armées, vous ne pouvez pas augmenter les budgets de cette manière-là », note Éric Coquerel rappelant que la loi spéciale reviendrait à « baisser les dépenses ».

Partager cet article

Dans la même thématique

General policy speech by Prime Minister at Senate
5min

Politique

Impôt sur la fortune improductive : une taxe adoptée au Sénat depuis 2019

Vendredi soir, une majorité de députés a adopté un amendement visant à transformer l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) en « impôt sur la fortune improductive ». Une mesure proposée par le groupe centriste du Sénat et adoptée depuis des années par la chambre haute mais dans une version dans laquelle les biens immobiliers locatifs sont exonérés.

Le

Senat- Questions au gouvernement
8min

Politique

Retraites : l’abandon du gel des pensions accueilli froidement par la majorité sénatoriale

Alors que le premier ministre fait un nouveau pas vers le PS, renonçant au gel des pensions de retraite et des minima sociaux, l’annonce est mal accueillie par les sénateurs de droite et du centre. « C’est un vrai renoncement », pointe la rapporteure de la Sécu au Sénat, Elisabeth Doineau, qui rappelle que l’idée de l’année blanche était justement proposée par la majorité sénatoriale…

Le

Budget 2026 : « Je ne sais plus où habitent les socialistes », affirme Éric Coquerel 
3min

Politique

Santé mentale : « 25% des lycéennes ont déjà pensé à la mort », s’alarme la spécialiste Angèle Malâtre-Lansac

Décrété « Grande cause nationale » en 2025, les troubles de la santé mentale concernent 13 millions de français. Un enjeu de santé publique qui touche fortement la jeunesse. Si la question est au centre du débat public, les solutions tardent à être mises en place et le secteur de la psychiatrie manque de moyens. Cette semaine dans Et la Santé ça va ?, Axel De Tarlé reçoit la sénatrice Céline Brulin et Angèle Malâtre-Lansac, déléguée générale de l’Alliance pour la Santé mentale pour en débattre.

Le