« Il n’y a aucune majorité », tranche le président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, Éric Coquerel, pour résumer les débats budgétaires. Après le rejet de la taxe Zucman vendredi dans l’hémicycle, Éric Coquerel pointe l’impossibilité de faire évoluer la position du gouvernement sur la taxation des ultra-riches. « Il n’y a pas de compromis possible, car ce que l’on veut imposer, en réalité, c’est un budget macroniste. Il continue à exonérer les ultra-riches de l’effort qu’ils doivent consentir », déplore le président de la commission des finances.
« Ils ont un bon public avec les socialistes qui visiblement veulent absolument trouver un compromis »
Présent au banc vendredi, le premier ministre s’est empressé de donner des gages aux socialistes après l‘échec de la taxe Zucman. Sébastien Lecornu a notamment annoncé qu’il soutiendrait les amendements visant à revenir sur le gel des pensions de retraite et les minima sociaux dans le budget de la Sécu. Une maigre compensation pour les socialistes tant la mesure avait de grandes chances d’être rejetée par l’Assemblée. « Ils ont un bon public avec les socialistes qui visiblement veulent absolument trouver un compromis », pointe Éric Coquerel. Après avoir obtenu le décalage jusqu’en 2028 de la mise en œuvre de la réforme des retraites de 2023, les socialistes font planer le doute sur leur positionnement futur.
« Je ne sais plus où habitent les socialistes, ils sont tellement dans l’idée de trouver, à tout prix, un compromis pour éviter un retour aux urnes qu’ils en arrivent à accompagner le gouvernement dans cette espèce de théâtre d’ombres », déplore Éric Coquerel. Alors que socialistes et insoumis se sont opposés frontalement dans l’hémicycle à plusieurs reprises, le président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale juge que les députés socialistes sont pris au piège de leur tentative de compromis. « C’est la seule opposition qui, en commission, a voté le budget de la Sécu », souffle Éric Coquerel.
Le gouvernement « joue la montre »
Dans cette configuration, le député insoumis accuse le gouvernement de « jouer la montre » et de faire durer les débats. « On a un nombre d’amendements anormal de la part des groupes gouvernementaux, on avance très lentement », alerte le président de la commission des finances. Ce dernier considère que l’enlisement des débats pourrait profiter au gouvernement qui, en cas de dépassement des délais constitutionnels d’examen du budget, pourrait faire adopter le budget directement par ordonnances. « Si on voit arriver tout ça, on va déposer une motion de censure fin novembre », prévient Éric Coquerel qui appelle « ceux qui veulent éviter que le PLFSS et le PLF passent », à censurer.
Néanmoins, le budget pourrait être rejeté par le Parlement avant l’expiration des délais. Dans ce cas, le gouvernement pourrait passer, comme l’année dernière, par une loi spéciale pour autoriser le prélèvement des impôts avant de distribuer les crédits par décret. « Leur seul problème sur la loi spéciale, c’est le budget des armées, vous ne pouvez pas augmenter les budgets de cette manière-là », note Éric Coquerel rappelant que la loi spéciale reviendrait à « baisser les dépenses ».