Alors que le gouvernement continue d’exclure le 49.3 pour le budget de la Sécurité sociale, malgré des critiques croissantes jusque dans ses propres rangs, les appels à accélérer se multiplient. Après Édouard Philippe mardi, Bruno Retailleau a, lui aussi, demandé mercredi à Sébastien Lecornu « d’assumer » le recours à l’article 49.3, qui permet d’adopter un texte sans vote sauf en cas de motion de censure adoptée. Hervé Marseille assume une position claire : « Moi, je n’ai pas d’états d’âme concernant le 49.3. La non-utilisation du 49.3 résulte d’un choix politique du Premier ministre qui a répondu à une proposition des socialistes. » Il estime que le gouvernement a voulu aller au bout du débat parlementaire : « Il a fait le choix de ne pas utiliser le 49.3, de favoriser le débat. Pourquoi pas. Il y a eu débat, et on a vu les additions arriver. »
Mais pour la patron des sénateurs centriste, le temps de conclure est venu, même si cela implique de déclencher le 49.3. « Il faut sortir du débat. Il y a des outils constitutionnels, le 49.3 en est un. Je préfère une conclusion, même imparfaite, à l’absence de conclusion, car le pays a besoin d’un budget. » Il met aussi en garde sur le recours à une loi spéciale, évoquée comme plan B, qu’il compare à un simple pansement : « On ne peut pas prévoir l’avenir en se disant qu’il existe une solution miracle appelée loi spéciale. C’est comme le baume du tigre : on en met sur la plaie et on croise les doigts. »
Le blocage vient-il du « bloc central » ?
Face aux critiques venues du camp d’Édouard Philippe et d’Horizons, qui jugent le budget de la Sécurité sociale inacceptable en l’état, Hervé Marseille rejette l’idée que le centre serait responsable du blocage. « Il y a un débat, c’est tout. Chacun défend ses positions. Certains estiment qu’il y a trop d’impôts et pas assez d’économies. C’était la position du Sénat. »
Selon lui, Édouard Philippe ne fait qu’exprimer tout haut ce que beaucoup pensent tout bas : « Le gouvernement ne peut pas débattre uniquement avec les socialistes en les consultant chaque matin pour savoir ce qu’il doit faire. » Il appelle à un effort partagé : « Il faut que chacun fasse un pas. Beaucoup de concessions ont été faites au Parti socialiste. Il faut maintenant savoir ce que le Parti socialiste est prêt à concéder. Cela ne peut pas être unilatéral. »
Malgré les tensions, Hervé Marseille se dit « optimiste » quant à l’adoption du budget : « Beaucoup de parlementaires savent qu’il est indispensable d’en avoir un. On ne peut pas terminer l’année sur un échec. » Il rappelle enfin l’enjeu politique majeur : « Si nous ne sommes pas capables de nous entendre pour adopter un budget, cela se passera mal pour tout le monde. »