Politique
François Bayrou écarte une suspension de la réforme des retraites
A quelques heures du discours de politique générale, le premier ministre a commencé à donner ses arbitrages aux présidents des groupes du socle commun.
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Par Public Sénat
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Se dirige-t-on vers une privatisation de Pôle emploi ? Selon les informations du Parisien, la piste serait à l’étude. Signe avant-coureur, la suppression de « plusieurs milliers de postes de cadres du service public de l’emploi serait dans le viseur de Bercy » révèle le quotidien. Invitée de franceinfo, la ministre de du Travail, Muriel Pénicaud a démenti la baisse de 2 milliards du budget de son ministère pour l’année prochaine. Une baisse qui participerait au plan d’économies de 16 milliards au lieu de 20 annoncées que l’exécutif entend mettre en œuvre en 2018 (voir notre article).
Au sujet de Pôle emploi, Muriel Pénicaud s’est bornée à affirmer que seules quelques centaines d’emplois seraient « en évolution », « comme chaque année », sur « un peu plus de 50 000 postes ». « C’est normal, il faut savoir que la croissance repart. Donc, c’est normal, c’est proportionnel » a-t-elle justifié avant de renvoyer les annonces à la semaine prochaine.
Des mots qui n’ont pas vraiment rassuré les syndicats du service public de l’emploi. « C’est une bombe qui vient d’arriver ce matin » (…) On ne nous l’a pas dit. On l’apprend par les médias. Sur la forme, c’est absolument malpropre d’agir comme ça » juge Jean-Charles Steyger, secrétaire général du syndicat SNU-Pôle Emploi. Il met en avant « des charges de travail qui explosent » et des effectifs « qui n’augmentent pas depuis la première année du quinquennat de François Hollande ». « Aujourd’hui, je le dis très tranquillement aux dirigeants. Les personnels vont se mettre en phase 2 et vont bloquer les affaires. Ce sera la grève » prévient-il.
Pour Hervé Chapron, ancien directeur adjoint de pôle emploi et coauteur en 2014 de « Pôle emploi : autopsie d’un naufrage » (ed. Opportun), le problème est structurel. Il faut pour cela remonter aux origines de Pôle emploi, crée en 2008, suite à la fusion de l'ANPE (Agence nationale pour l'emploi) et de l'Assedic (organisme chargé des allocations-chômage). « Dès la création de Pôle emploi on s’est retrouvé avec trop de salariés dans le back-office, par exemple, des contrôleurs de gestion, comptables, conseillers marketing… Et pas assez dans le front office, c'est-à-dire les conseillers. Or, il existe à Pôle emploi une convention collective qui conditionne la mobilité professionnelle au consentement du salarié » explique Hervé Chapron. Selon les informations révélées dans la presse, les « cadres avec de gros salaires » du back-office seraient dans le collimateur de Bercy.
Auditionné au Sénat en 2011, Christian Charpy, alors directeur général de Pôle emploi, reconnaissait que la fusion entre l’ANPE et les Assedic n’avait pas été une « chose facile ». « De fait, il a fallu absorber le choc du rapprochement de deux établissements aux statuts, missions, comptabilité et personnels différents (…) L’affaire a été complexe avec un système de front office et de back-office » expliquait-il. Actuellement, pôle emploi compte 54 000 salariés, dont 90% sont des contrats de droits privés, pour plus 6 millions de chômeurs toutes catégories.
Ce que craignent les syndicats, c’est bien une privatisation prochaine de tout ou partie des missions de Pôle emploi. « La vision du service public du président de la République, c’est la mise en concurrence, c’est faire du chiffre. Que vous soyez chômeur, malade ou retraité, vous devez rapporter de l’argent » s’emporte Jean-Charles Steyger. Et ses inquiétudes peuvent être confortées par l’ancienne proposition du candidat Bruno Le Maire, lors de la primaire des Républicains. L’actuel ministre de l’Économie se disait favorable à la privatisation de Pôle emploi. « Aujourd'hui, avec Pôle Emploi, cela ne marche pas. Regardez l'efficacité d'un site comme Le Bon coin, je pense que c'est une bonne illustration de ce qu'aujourd'hui beaucoup de demandeurs d’emploi passent par des organismes privés pour retrouver un travail » expliquait-il, il y a un an.
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