C’est reparti. Les relations entre l’exécutif et le Sénat se tendent à nouveau. Cette fois, c’est le rapport du sénateur PS Jean-Pierre Sueur sur le budget de l’Elysée qui en est à l’origine. Comme publicsenat.fr l’expliquait la semaine dernière, l’ancien président de la commission des lois a dénoncé « la forte hausse » de 3,7 millions d’euros des dépenses de l’Elysée en 2020. Au passage, Jean-Pierre Sueur a regretté que le directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, Patrick Strzoda, ait refusé de le recevoir. « Il n’a pas voulu. J’ai pourtant été reçu tous les ans » nous a précisé Jean-Pierre Sueur, qui a pointé « un geste peu républicain ».
Difficile de ne pas y voir un lien avec la commission d’enquête Benalla, dont Jean-Pierre Sueur était le co-rapporteur. Pour rappel, le bureau de la Haute assemblée avait transmis au procureur le cas de Patrick Strzoda pour possible « faux témoignage », dossier classé sans suite par la justice.
Termes peu habituels
L’histoire ne s’arrête pas là. Car ce mercredi, dans un courrier envoyé au journal Le Monde, Patrick Strzoda met en cause le sénateur PS du Loiret en des termes peu habituels. « Quand je suis sollicité pour un entretien, je ne reçois que les personnes respectables et/ou celles qui ne me font pas perdre mon temps » lâche ce proche du chef de l’Etat… Il rappelle que rien ne l’oblige, dans la loi, à répondre à un sénateur. Les pouvoirs publics doivent seulement se soumettre aux demandes des commissions des finances de l’Assemblée nationale et du Sénat. Patrick Strzoda répond aussi sur les différents points du rapport, comme la hausse du budget transport ou l’utilisation de la réserve financière de l’Elysée.
A la Haute assemblée, les mots employés par le directeur de cabinet du Président passent mal. En fin de journée, c’est directement le président du groupe PS du Sénat, Patrick Kanner, qui réagit par communiqué. Il exprime sa « vive protestation suite aux propos insultants que vient de tenir M. le Directeur de cabinet du président de la République à l’égard de Jean-Pierre Sueur ».
« Ni la rancœur, ni l’amertume, ne sont bonnes conseillères »
« Ce dérapage intervient après que cet élu de la République a exercé, au nom du Sénat, les missions de contrôle prévues par la Constitution. Il l’a fait avec l’intégrité et la rigueur qui caractérisent, depuis toujours, son travail parlementaire » souligne le sénateur PS du Nord. Selon Patrick Kanner, « ces propos montrent que ni la rancœur, ni l’amertume, ne sont bonnes conseillères ». Et d’ajouter : « Devant la réalité des faits et des déclarations, qui ont été relatés en toute clarté dans un rapport et que rien n’a pu démentir, il est inquiétant de voir le mépris dont fait preuve le premier collaborateur du président de la République à l’égard de la représentation nationale ».
La sortie de Patrick Strzoda n’a pas seulement ému du côté du groupe PS. A droite aussi, les responsables de la Haute assemblée ont peu apprécié. On croirait retrouver l’ambiance des grandes heures de la commission d’enquête Benalla.