Budget de l’Elysée : Larcher dénonce des propos «offensants et irrespectueux» du directeur de cabinet de Macron

Budget de l’Elysée : Larcher dénonce des propos «offensants et irrespectueux» du directeur de cabinet de Macron

Patrick Strzoda, directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, avait refusé de recevoir le sénateur PS Jean-Pierre Sueur sur le budget de l’Elysée. « Je ne reçois que les personnes qui ne me font pas perdre mon temps » avait-il justifié. Des propos dénoncés par Gérard Larcher dans un courrier au premier ministre.
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Il n’entendait pas laisser passer ça. Les relations continuent d’être tendues depuis quelques jours entre l’exécutif et le Sénat, et il ne s’agit pas cette fois d’une attaque contre le régime de retraite des sénateurs (voir notre article). Dernier épisode en date, et pas des moindres : Gérard Larcher a écrit au premier ministre pour dénoncer l’attitude, et surtout les mots, de Patrick Strzoda, directeur de cabinet d’Emmanuel Macron. Un moment de tension lié à un rapport sénatorial sur la hausse du budget de l’Elysée, sur fond d’affaire Benalla.

Le président LR du Sénat a peu apprécié l’attaque de ce proche du Président à l’égard du sénateur PS Jean-Pierre Sueur. Dans ce courrier, dont l’AFP a obtenu copie, il dénonce des propos « offensants et irrespectueux à l'égard de notre collègue comme de la représentation nationale ».

La commission d’enquête Benalla a laissé des traces

Explication : fin novembre, dans le cadre de l’examen du budget 2020, le socialiste rend un rapport pour avis, au nom de la commission des lois, sur les crédits de la mission pouvoirs publics. Jean-Pierre Sueur dénonce particulièrement la « forte hausse des dépenses » de 3,7 millions d’euros dans le budget de l’Elysée. Au passage, il regrette que Patrick Strzoda ait refusé de le recevoir, contrairement aux années précédentes. L’ancien président PS de la commission des lois dénonce sur publicsenat.fr « un geste peu républicain ».

Pour rappel, Jean-Pierre Sueur était le co-rapporteur de la commission d’enquête Benalla, qui avait, déjà, énormément tendu les relations entre exécutif et Sénat. Le bureau de la Haute assemblée avait ensuite décidé de transmettre au procureur le cas de Patrick Strzoda pour possible « faux témoignage », dossier classé sans suite par la justice. La commission d’enquête Benalla a visiblement laissé des traces. Fin du premier acte.

« Mépris »

L’Elysée décide de répliquer. La semaine dernière, Patrick Strzoda attaque frontalement Jean-Pierre Sueur dans un courrier adressé au journal Le Monde. « De manière générale quand je suis sollicité pour un entretien, je ne reçois que les personnes respectables et/ou celles qui ne me font pas perdre mon temps » écrit ce proche d’Emmanuel Macron… Dans un premier temps, Jean-Pierre Sueur ne réagit pas, mais échange par téléphone avec Gérard Larcher, qui apprécie peu la nouvelle.

C’est d’abord Patrick Kanner, président du groupe PS du Sénat, qui monte au créneau le jour même. Par communiqué, il dénonce les « propos insultants », le « dérapage » et le « mépris » du directeur de cabinet du Président. Fin de l’acte deux.

« Caractère de gravité tout particulier »

La réponse de Gérard Larcher allait venir lundi. C’est le troisième acte, et peut-être pas le dernier. Dans ce courrier en date du 9 décembre, le président LR du Sénat dénonce donc des propos « offensants et irrespectueux ». Pour Gérard Larcher, c’est la fonction même de parlementaire qui est attaquée, au travers de Jean-Pierre Sueur. Les propos « présentent un caractère de gravité tout particulier dès lors qu'ils mettent en cause un membre du Parlement dans l'exercice de la mission qui lui a été confiée à l'occasion de l'examen de la loi de finances », ajoute le président de la Haute assemblée.

Rappelant que le chef du gouvernement assume « la responsabilité des relations entre l'exécutif et le Parlement », Gérard Larcher demande à Edouard Philippe de lui « confirmer que le pouvoir exécutif ne considère pas que les parlementaires (...) lui « font perdre son temps » lorsqu'ils assument leurs missions constitutionnelles »… On imagine mal le locataire de Matignon dire le contraire. Quoique. Dans la première version de la réforme constitutionnelle, aujourd’hui à l’arrêt faute, là aussi, d’accord entre le Sénat et l’exécutif, le gouvernement voulait accélérer la procédure parlementaire, au détriment notamment du Sénat. Les relations institutionnelles ne sont pas de tout repos. Et entre l’exécutif et la Haute assemblée, c’est compliqué.

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