Budget de la Sécu : « Ce n’est pas un budget de gauche, c’est un budget qui inclut des demandes du PS », estime Clément Beaune

Le gouvernement tentera de faire adopter le budget de la Sécurité sociale à l’Assemblée nationale ce mardi 9 décembre. Le vote s’annonce serré, même si Sébastien Lecornu devrait pouvoir compter sur les voix des députés socialistes, à qui Olivier Faure a demandé d’approuver le PLFSS. « On est capable d’avoir un PS qui se détache de la gauche radicale et de LFI », salue Clément Beaune, haut-commissaire à la stratégie et au plan.
Théodore Azouze

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Journée risquée pour Sébastien Lecornu. Le Premier ministre espère ce mardi 9 décembre faire adopter le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) à l’Assemblée nationale. Ce texte a fait l’objet d’âpres débats parmi les députés, mais aussi les sénateurs, depuis plusieurs semaines. « Les parlementaires de tous bords ont joué le jeu », salue ce matin Clément Beaune, haut-commissaire à la stratégie et au plan, invité de la matinale de Public Sénat. « J’aurais clairement voté pour ce PLFSS : il a été le fruit d’efforts, de compromis. »

Le PS appelle à voter pour, pas Edouard Philippe

Abandon de l’augmentation des franchises médicales, pas d’année blanche sur le versement des prestations sociales… Pour avoir une chance de faire approuver le budget de la Sécu, Sébastien Lecornu a dû donner des gages au Parti socialiste, comme la mise en pause de la loi Borne de 2023. « Il y a des sujets, comme la réforme des retraites, où, personnellement, je regrette qu’on doive faire ce compromis, mais c’est l’état de la situation aujourd’hui », souligne ainsi Clément Beaune. Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a appelé lundi les députés du parti à voter pour le texte, jugeant que le chef du gouvernement avait été « fiable » durant les discussions. 

Ce ne devrait pas être le cas de certains des partenaires du camp gouvernemental. Lundi, le président d’Horizons, Édouard Philippe, a recommandé aux élus de son mouvement au Palais-Bourbon de s’abstenir. « Ce texte ne nous satisfait pas et nous ne pouvons pas le voter », a lâché sur LCI l’ex-Premier ministre. « On est à 25, 26 milliards [d’euros] de déficit, pour un texte qui commençait à 17. C’est quand même un peu préoccupant. » Le patron des Républicains, Bruno Retailleau, a estimé de son côté sur BFMTV que Sébastien Lecornu « s’est mis dans les mains des socialistes » et a appelé les députés du parti à voter contre le PLFSS.

« Une deuxième haie tout aussi dure à franchir », celle du budget de l’État

Clément Beaune, lui, défend le texte en l’état. « Ce n’est pas un budget de gauche, (…) c’est un budget qui inclut des demandes, des propositions du Parti socialiste », justifie-t-il. « On est capable d’avoir un PS qui se détache de la gauche radicale et de LFI. » Le résultat des votes, attendu d’ici à ce soir, s’annonce en tout cas très serré. Sébastien Lecornu compte entre autres sur l’abstention de certains députés écologistes pour obtenir la marge nécessaire à l’adoption du projet de loi. 

Si ce texte était adopté, il serait de nouveau transmis au Sénat. Dans le même temps, les élus du palais du Luxembourg continuent, eux, d’examiner le budget de l’État, dont ils ont approuvé le volet « recettes » jeudi. Le possible vote du PLFSS ne présage toutefois pas de l’issue des discussions sur le projet de loi de finances (PLF). Sur ce second texte, « je ne vois pas le chemin », a pointé le président des députés PS, Boris Vallaud, dans Le Monde lundi. 

Clément Beaune se veut pour sa part plus optimiste. « Il y a une haie à franchir cet après-midi. Il y en a une deuxième qui est tout aussi dure, qui est celle du budget de l’État », détaille le responsable. « S’il y a un compromis qui s’est dégagé malgré tout avec ce vote sur ce PLFSS, je pense que ça créera un autre climat politique et parlementaire (…) sur le PLF. » Le gouvernement doit faire adopter l’ensemble des textes budgétaires avant la fin de l’année.

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