Budget : « Il y a une addiction à la dépense publique » en France, selon Éric Woerth

Ce jeudi, Éric Woerth, député Ensemble pour la République de l’Oise et ancien ministre du Budget était l’invité de la matinale de Public Sénat. Il a livré son analyse sur l’ensemble des pistes évoquées par le gouvernement pour réduire le déficit et faire des économies.
Camille Gasnier

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« Il faut faire des choix, on ne peut pas tout financer […], il faut bien qu’il y ait quelqu’un qui paye : les Français, les entreprises, les ménages »

C’est aujourd’hui que le gouvernement dévoile le projet de budget pour 2025. Texte très attendu, qu’Éric Woerth qualifie de « particulièrement difficile ». Si les détails seront révélés ce soir, Michel Barnier a déjà annoncé que le projet de loi de finances pour 2025 comprendrait une réduction des dépenses publiques. Un choix que l’ancien ministre du Budget semble approuver : « Il y a une addiction à la dépense publique, on considère que dès qu’il y a un problème, on considérera que la dépense publique réglera le problème ». Une véritable « transition financière » est nécessaire pour le député de l’Oise, qui recommande de « revenir à une vision plus sobre de l’emploi des deniers publics », et une réforme de la dépense publique, « par la décentralisation, par un dialogue profond avec les collectivités locales et par la réforme des administrations centrales ».

En parallèle, le Premier ministre propose également, une augmentation des impôts et notamment des grandes entreprises réalisant plus d’1 milliard d’euros de chiffres d’affaires, et des 0,3 % les plus riches. Une mesure que Gérald Darmanin et Gabriel Attal désapprouvent, mais qu’Éric Woerth soutient à condition que cela soit « ponctuel » et « transitoire », de manière à ce que cela ne dépasse plus de « deux exercices » budgétaires. Une position proche de celle du Président de la République qui avait affirmé que les contributions des grandes entreprises devaient être « exceptionnelles » et « limitées dans le temps ».

Avec cette hausse des impôts, le Premier ministre a aussi envisagé une augmentation des charges des petites et moyennes entreprises. Pour l’ancien ministre du Budget, « ce n’est pas possible d’augmenter les charges sur le travail », et précise que « dans ce budget, on ne peut pas trouver des augmentations de charges sur le travail ».

Autre mesure pour redresser les comptes publics, le gel de l’indexation des retraites jusqu’au 1er juillet 2025. Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, a précisé que les « petites retraites » ne devaient pas être impactées par cette mesure, mais pour le député de l’Oise, il est nécessaire de « soutenir des mesures difficiles, nécessairement impopulaires ». Toujours sur les retraites, il estime ne pas vouloir modifier la réforme des retraites : « Le débat a eu lieu, il a été tranché ».

Un effort budgétaire des collectivités territoriales

Dans ce projet de budget 2025, un effort budgétaire de 5 milliards d’euros sera demandé aux collectivités territoriales. Si cette mesure ne convainc pas les élus locaux et a déclenché de vives réactions hier lors des questions au gouvernement au Sénat, Éric Woerth estime que « les collectivités territoriales ne sont pas hors-sol […], elles ne peuvent pas être dans un univers de paradis lorsqu’il y a des complications, chacun doit participer à l’effort ». Sur le montant, l’ancien ministre doute : « Je ne sais pas si les 5 milliards sont une bonne idée ».

L’auteur du rapport sur la décentralisation, remis le 5 juin au Président de la République, constate que « le dialogue entre l’Etat et les collectivités est très mauvais, c’est un dialogue d’une défiance absolue ». Il propose une « réorganisation de la décision publique », afin de « rendre les politiques locales plus efficaces, plus compréhensibles et moins coûteuses ».

Éric Woerth évoque également une réforme de la fonction publique territoriale en proposant de réduire le nombre de fonctionnaires dans les collectivités et au niveau de l’Etat. Une mesure qu’il avait réalisée lorsqu’il était ministre du Budget sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Dans cette perspective, il préconise de « donner aux collectivités la gestion de leurs propres fonctions publiques » : « les collectivités doivent être le patron de leur propre fonction publique ».

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