Budget : « Le bloc central ne veut pas aller au bout et mise sur les ordonnances », estime Jean-Philippe Tanguy (RN)

Invité de notre matinale, Jean-Philippe Tanguy est revenu sur l’examen du budget à l’Assemblée nationale. Le député RN estime que les débats n’iront pas au bout à l’Assemblée nationale et que le gouvernement finira par passer par des ordonnances. Le spécialiste des questions budgétaires au RN a aussi réitéré l’opposition de son groupe à la taxe Zucman.
Louis Mollier-Sabet

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« Le gouvernement a fait preuve de beaucoup de cynisme en faisant croire que l’abandon du 49-3 redonnait le pouvoir au Parlement. » L’affirmation de Jean-Philippe Tanguy (RN) a de quoi surprendre au premier abord, mais de fait, le scénario d’un budget construit à l’Assemblée semble inlassablement s’éloigner. Si le PS et le LR ne se mettent pas d’accord pour voter le budget Lecornu, l’engagement du Premier ministre sur le 49-3 pourrait bien conduire à un budget reconduit par ordonnances (voir notre article).

D’autant plus que d’après le décompte effectué ce mardi par le média parlementaire Projet Arcadie, il faudrait – sans compter les rappels au règlement et explications de vote, pourtant nombreux ces derniers jours – examiner un amendement toutes les 42 secondes pour tenir les délais. Dans le cas contraire, le gouvernement pourrait transmettre le texte au Sénat sans vote.

Des amendements venant principalement du bloc central

« Sous la Vème le budget est fait pendant un an par Bercy et les services du gouvernement alors que le Parlement a 50-70 jours. On n’a pas le temps de travailler dans de bonnes conditions, on n’a pas les moyens », résume Jean-Philippe Tanguy. Le spécialiste des questions budgétaires du groupe RN estime qu’au vu de l’avancement des débats, « on n’ira pas au bout. »

« Les partis du bloc central, y compris le PS et LR, ont déposé trop d’amendements (2 000 sur 3 500). Ils ne veulent pas aller au bout de l’examen parce que si on ne va pas au vote, ça sera adopté par ordonnances et le Parlement sera court-circuité », poursuit-il.

Effectivement, une fois n’est pas coutume, ce ne sont pas les groupes d’opposition qui ont particulièrement rallongé les débats. D’après le même décompte de Projet Arcadie, le groupe LR est celui qui a déposé le plus d’amendements (plus de 20 % des amendements examinés en séance), suivis du groupe EPR présidé par Gabriel Attal (15 %) et de LFI (15 %).

Taxe Zucman : « Dans un monde merveilleux, cela serait sans doute juste »

Sur le fond, Jean-Philippe Tanguy a confirmé l’opposition du RN à la taxe Zucman, un « slogan inefficace », d’après le député RN. « Il faut des mécanismes intelligents. Nous proposons un impôt sur la fortune financière qui protège les investissements dans nos entreprises et évite l’exil des capitaux qui financent l’économie réelle », développe-t-il avant d’ajouter : « La taxe Zucman est concentrée sur quelques contribuables, si vous leur demandez un chèque d’1 ou 2 milliards, ils partiront. Ceux qui pensent qu’ils vont payer sont des ados attardés. Ils se trompent. Dans un monde merveilleux, cela serait sans doute juste, mais dans la réalité, ils iront en Belgique, au Luxembourg ou ailleurs. »

Plus généralement, Jean-Philippe Tanguy réitère l’objectif du RN dans ces débats budgétaires : « Défendre les contribuables, refuser toutes les hausses d’impôts et baisser les dépenses toxiques. » Ainsi, le RN votera le décalage du calendrier d’application de la réforme des retraites, mais souhaite le financer par des économies. « Quand les socialistes n’ont pas censuré, nous avons dû faire pression avec LFI pour avoir une lettre rectificative (voir notre article), parce que le but du gouvernement est de passer par ordonnances », estime le député RN. « M. Macron joue la montre, je l’ai toujours dit, d’où tout le cinéma de la démission de M. Lecornu renommé. Les socialistes et LR ont participé à cette manipulation de M. Macron. À la fin, on va finir avec un budget par ordonnances et les classes moyennes vont devoir payer la facture », conclut-il.

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