« Nous sommes en train d’organiser la fin définitive du ‘quoi qu’il en coûte’ »
A quelques jours de la présentation du budget, le ministre délégué de l’Industrie a rappelé que la situation budgétaire était « difficile », « au regard des comptes de l’Etat, des collectivités territoriales et de la Sécurité sociale ». Un constat déjà fait par d’autres membres du gouvernement. A son arrivée à Matignon, Michel Barnier avait qualifié la situation budgétaire de « très grave ». Il y a quelques semaines, devant la commission des finances de l’Assemblée nationale, Laurent Saint-Martin avait annoncé que le déficit public devrait dépasser les 6 % en 2024, contrairement aux 5,1 % initialement annoncés par Bruno Le Maire.
Pour y remédier, Marc Ferracci assure que « des efforts vont devoir être faits […], principalement sur la réduction des dépenses à hauteur de 2/3 des économies dont nous avons besoin et 1/3 sur des augmentations de recettes à travers des ajustements de la fiscalité ». Des efforts qui pourraient concerner les entreprises, comme l’avait annoncé Michel Barnier dans son discours de politique générale. Le Premier ministre a précisé que seules les entreprises réalisant plus de 1 milliard d’euros de chiffres d’affaires seraient concernées par cette hausse d’impôts. Cette hypothèse avait par ailleurs été confirmée par Emmanuel Macron, à condition que cette contribution des entreprises soit « exceptionnelle ». Des propos que le ministre reprend : « Les ajustements fiscaux doivent être ciblés sur des acteurs qui ont la capacité de l’assumer, en particulier aux grandes entreprises, celles qui font des profits, et elles doivent être limitées dans le temps ». Une contribution qui n’aurait pas vocation à durer, car selon Marc Ferracci « le signal qui en résulterait serait probablement un signal difficile à entendre », pour ne pas « remettre en cause le cap d’une politique pro business ».
De manière générale, le ministre évoque « la fin définitive du ‘quoi qu’il en coûte’ » et la nécessité d’un retour à « une forme de normalité économique » avec la fin des aides provisoires créées pendant le covid-19, en citant par exemple celles destinées à engager des apprentis, « c’est l’exemple-type qui mériterait d’être progressivement atténué ». Le ministre a également fait référence à des « phénomènes d’abus » qu’il lie à l’augmentation des arrêts maladies.
Prix de l’électricité : le ministre « attend que des efforts soient faits pour sécuriser la compétitivité des entreprises » de l’Industrie
Concernant les prix de l’électricité, la hausse des taxes va « toucher les ménages », affirme le ministre. Cependant, Marc Ferracci explique être « en discussion avec EDF, pour s’assurer que dans sa relation avec les industriels électro intensifs, des perspectives soient données pour, pendant dix ans, pendant quinze ans, avoir la certitude qu’elles auront accès à de l’électricité à un coût raisonnable », afin de faire en sorte de ne pas grever la compétitivité des entreprises.
Fin des 35 heures proposées par Gérald Darmanin : « Ce n’est pas une priorité »
Dans une interview donnée au journal Les Echos, Gérald Darmanin, a proposé la fin des 35 heures dans le secteur privé et le passage à 36 ou 37 heures dans le secteur public, comme pistes pour réduire les dépenses. Si Marc Ferracci admet qu’« il faut que le débat parlementaire ait lieu » et que « toutes les pistes se regardent », il considère néanmoins que la fin des 35 heures n’est « à titre personnel […] pas la priorité ». Le ministre délégué estime que « dans le droit du travail, il y a aujourd’hui beaucoup de mécanismes qui permettent d’annualiser le temps de travail et qui assouplissent le seuil des 35 heures ».