Pas touche à mon SUV. S’ils ont adopté ce lundi une mesure pour la défense de la biodiversité (lire ici), les sénateurs ont supprimé, en fin d’examen du budget 2021, le malus automobile au poids, fixé à un seuil de 1,8 tonne par les députés. La majorité sénatoriale de droite et du centre a adopté un amendement du rapporteur LR Jean-François Husson qui revient sur la mesure, qui avait été votée à l’Assemblée à l’initiative du gouvernement. Les députés ayant le dernier mot, l’exécutif pourra réintroduire la mesure au Palais Bourbon.7
« On a intérêt à faire une pause »
Tel que voté par les députés, ce seuil de 1,8 tonne touche pourtant peu de voitures : celles vendues entre 40.000 et 60.000 euros, soit 2 à 3 % des immatriculations, avant avancé la ministre Barbara Pompili. L’idée d’une taxe au poids vient de la Convention citoyenne, qui l’avait fixée à 1,4 tonne.
Mais pour Jean-François Husson, cette taxe est « mal venue au moment où la filière est en pleine restructuration, avec la crise sanitaire, car il y a un effondrement de ventes ». Autrement dit, ce n’est pas le bon moment. Le rapporteur général du budget remarque que pour les SUV, ces vrai-faux 4X4 de villes, « l’offre a créé le besoin ». En même temps, les constructeurs « sont en train de faire bouger leurs chaînes de production, en fonction des attentes nouvelles de la société ». Mais pour l’heure, « on a intérêt à faire une pause ». Dans le même esprit, les sénateurs avaient adopté il y a quelques jours un étalement sur cinq ans de la hausse du malus pour les émissions de CO2 des véhicules. Jean-François Husson, qui avait alerté sur les conséquences de la hausse des taxes sur les carburants, étincelle des gilets jaunes, se méfie de ces taxes qui touchent l’automobile.
« Frénésie de consommation de grosses voitures »
Son amendement de suppression ayant été adopté, les socialistes n’ont pas pu présenter leur amendement visant, au contraire, à baisser le seuil de la taxe à 1,3 tonne. Le sénateur EELV Jacques Fernique a cependant pris la parole pour défendre l’idée de « muscler » une « taxe timide ». « Où est l’intérêt de notre industrie automobile ? Si les mots développement durable ont un sens, si c’est autre chose qu’une formule de communication, l’intérêt durable de nos constructeurs n’est pas de prolonger un peu plus cette dérive à courte vue qui vise à produire du SUV, et de réitérer cette frénésie de consommation de grosses voitures » lance le sénateur EELV du Bas-Rhin. Selon Jacques Fernique, l’avenir de l’automobile passe par « la construction de véhicules sobres et légers ».
Pour favoriser l’acquisition de véhicules « propres », les sénateurs ont par ailleurs adopté un amendement de la sénatrice LR Christine Lavarde. Il complète les deux dispositifs existants, le bonus écologique et la prime à la conversion, par un prêt à taux zéro, pour faciliter l’achat par les plus modestes.