Budget Sécu: vers un large vote de l’Assemblée, les critiques continuent
Bis repetita: l'Assemblée nationale s'apprête à voter mardi à une large majorité le projet de budget de la Sécurité sociale 2018,...

Budget Sécu: vers un large vote de l’Assemblée, les critiques continuent

Bis repetita: l'Assemblée nationale s'apprête à voter mardi à une large majorité le projet de budget de la Sécurité sociale 2018,...
Public Sénat

Par Isabelle CORTES

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Bis repetita: l'Assemblée nationale s'apprête à voter mardi à une large majorité le projet de budget de la Sécurité sociale 2018, premier du quinquennat Macron, une semaine après les recettes du budget de l'Etat, malgré des attaques croisées sur "l'injustice" des choix.

Pour ce vote solennel en première lecture, seuls les groupes En Marche et MoDem vont voter pour.

Les socialistes s'opposent à "une deuxième lame d'un budget pour les riches", de même qu'Insoumis et communistes. Selon Pierre Dharréville (PCF), il est synonyme "d'affaiblissement de la Sécurité sociale et de compression des dépenses de santé".

LR, qui critique "un budget de continuité du matraquage fiscal en direction de 8 millions de retraités et une attaque en règle contre la politique familiale", rejettera aussi ce texte, comme une majorité des Constructifs.

Pendant quatre jours marathon dans l'hémicycle, les ministres de la Santé, Agnès Buzyn, dont c'était le baptême du feu, et des Comptes publics, Gérald Darmanin (issu de LR), ont vanté un texte de "transformation", de "responsabilité" et "solidarité".

Chef de file des députés LREM, Richard Ferrand a défendu des "choix forts" pour "développer la prévention" et "moderniser notre système de soins".

Le projet de financement de la Sécurité sociale (environ 395 milliards d'euros pour régime général et Fonds de solidarité vieillesse) doit ramener, au prix de nouvelles économies dans la santé, le déficit de la Sécu à 2,2 mds d'euros en 2018, niveau inédit depuis 17 ans.

La majorité a insisté, comme pour le budget de l'Etat, sur des "promesses tenues", pour augmenter le pouvoir d'achat via une baisse des cotisations salariales "visible sur la feuille de paye" à compter de janvier, ou réhausser le minimum vieillesse -maintenu néanmoins sous le seuil de pauvreté-, mais aussi pour supprimer le décrié Régime social des indépendants (RSI).

L'Assemblée a aussi adopté des allègements pérennes de cotisations pour les employeurs, pour succéder au crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE), mesure phare et controversée du quinquennat Hollande, ou un allègement de la fiscalité sur les actions gratuites, qualifié de "chèque en blanc au monde de la finance" à gauche.

- "Injustice" de la hausse de la CSG -

La hausse de la Contribution sociale généralisée (CSG), qui doit rapporter 22,5 mds, a concentré les tirs croisés. La majorité a voté pour une "mesure de solidarité intergénérationnelle", là où gauche et droite ont dénoncé une "injustice", notamment pour près de 60% des retraités, voire une atteinte aux principes fondateurs de la Sécu.

Comme l'exécutif, les députés LREM ont martelé que les retraités gagnant moins de 2.500 euros par mois verront "leur taxe d'habitation diminuer largement", sur trois ans.

Dans la majorité même, le MoDem, dont le président François Bayrou avait critiqué le périmètre de la mesure sur la CSG, a cherché à en exonérer davantage de retraités... avant de renoncer à ses amendements dans l'hémicycle.

Les inquiétudes sur la politique familiale persistent, autour d'une baisse programmée de l'allocation versée aux parents de jeunes enfants à laquelle tous les groupes, hors LREM, se sont opposés. Le groupe majoritaire s'enorgueillit parallèlement de l'augmentation de l'aide à la garde d'enfants pour les familles monoparentales.

Avec l'objectif affiché de protéger la santé, l'Assemblée a augmenté le prix du tabac, et, dans un rare consensus de six des sept groupes, taxé davantage les sodas, pour inciter les industriels à moins utiliser de sucre.

Mais la polémique sur les vaccins, avec le passage de trois à onze obligatoires pour les enfants d'après 2017, s'est prolongée. Après de vifs débats et un moment d'émotion, l'Assemblée a voté cette mesure de "santé publique", selon le gouvernement. Dans les trois votes contre, figurent deux députés LREM.

Enfin, par un amendement gouvernemental, l'obligation de généraliser le tiers payant a été supprimée, au grand dam notamment des socialistes qui déplorent un "abandon" générant "un problème d'égalité dans l'accès aux soins".

Partager cet article

Dans la même thématique

Budget Sécu: vers un large vote de l’Assemblée, les critiques continuent
3min

Politique

Airbnb permet « payer les études de mes enfants », se défend cette propriétaire de Cagnes-sur-Mer

La France fait la part belle à Airbnb. La plateforme d’hébergement est désormais présente dans 80% des communes de l’hexagone. Une inflation des locations de courte durée qui a un impact direct sur la crise du logement. Dans certaines villes, le marché est saturé et le prix des loyers n’a jamais été aussi élevé. Mais pour certains propriétaires qui mettent leur bien en location, c’est aussi un revenu d’appoint utile pour entretenir leur patrimoine comme en témoigne Elodie Fakhfakh, face à trois sénatrices dans l’émission Dialogue Citoyen, présentée par Quentin Calmet.

Le

Documentaire Churchill chef de guerre de Peter Bardelhe
3min

Politique

Et si Winston Churchill était le grand perdant de la victoire des alliés en 1945 ?

L’Histoire a retenu de Winston Churchill un héros triomphant au balcon de Buckingham Palace après la capitulation des nazis. Mais proclamer le signe de la victoire avec la main ne suffit pas, encore faut-il en récupérer les bénéfices. A l’issue de la Seconde Guerre mondiale, la Grande-Bretagne a vu son influence dégringoler. Malgré les efforts du Vieux lion, les deux superpuissances, américaine et soviétique, ont imposé un agenda politique au détriment des intérêts britanniques. Le réalisateur Peter Bardelhe a fait le pari d’expliquer cette partie de poker diplomatique entre les vainqueurs de 1945 dans un documentaire Churchill, chef de guerre diffusé sur Public Sénat.

Le

Paris: Gerard Larcher elu President du Senat
3min

Politique

Échec de la CMP sur le budget : Gérard Larcher dénonce le « manque de considération » de Sébastien Lecornu à l’égard du Sénat

Le gouvernement et la majorité sénatoriale se renvoient la responsabilité de l’échec de la commission mixte paritaire (CMP) sur le projet de loi de finances 2026. Gérard Larcher répond à Sébastien Lecornu en défendant la position du Sénat pendant l’examen du budget et en dénonçant « le manque de considération » et « les mots excessifs » du Premier ministre.

Le