Eric Woerth, président (Les Républicains) de la commission des finances de l'Assemblée, a dit jeudi comprendre les protestations des militaires contre les économies annoncées dans le budget de la Défense en 2017, jugeant l'armée "maltraitée" et que "trop d'efforts" mettent en cause "la souveraineté du pays".
"Oui, je le comprends", a déclaré M. Woerth sur RTL, commentant une information de presse selon laquelle le chef d'Etat major des armées Pierre de Villiers mettrait sa démission dans la balance contre les économies de 850 millions d'euros annoncées par le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin.
"L'armée est devant un mur budgétaire, vraiment", a estimé M. Woerth. "Trop d'efforts, ça met en cause la souveraineté du pays. On est devant des dépenses nucléaires extrêmement importantes. Il faut renouveler du matériel, il faut aider les industriels de l'armement, très importants en France, à innover sur pleins de sujets. Où sont les drones français aujourd'hui ? Où est l'autonomie française sur pleins de sujets? On dépend beaucoup des Américains. Il faut avoir plus d'autonomie."
"Que les Européens participent plus est une piste extrêmement puissante qu'il faut creuser, mais aujourd'hui l'armée française est maltraitée dans (...) cette annulation de crédits. Et je peux comprendre que les chefs militaires considèrent qu'on ne peut pas risquer la vie d'un certain nombre de soldats, faire de la géopolitique au travers de nos propres armes et de ne pas avoir les moyens d'en faire."
Les économies demandées à la défense provoquent une levée de boucliers à l'heure où les armées, surengagées, manquent de moyens et où la menace terroriste reste maximale.
"Il y a ces fameuses opérations à l'extérieur." "En général elles étaient sous-budgétisées, c'est vrai, de l'ordre probablement de 500 millions (d'euros) aujourd'hui, 550. Ca vaut maintenant à peu près 1 milliard, donc le gouvernement est obligé de ressortir de l'argent. Auparavant c'était toujours les autres ministères qui payaient, une sorte de solidarité des ministères et des dépenses. Aujourd'hui le gouvernement décide que non, que c'est la Défense qui va payer elle-même ces opérations extérieures. Ca réduit d'autant (ses) capacités", a expliqué M. Woerth.
L'ancien ministre de la Défense Hervé Morin (Nouveau Centre) a lui aussi critiqué ce choix de faire porter le poids des "opex" sur la Défense. "Cela va nuire aux conditions d'exercice de l'engagement des forces françaises", a-t-il dit au site Boursorama.
Interrogé sur les 850 millions d'euros d'économies annoncés, le président de la région Normandie a répondu que "pour le président jupitérien" ce n'était "pas terrible".
"C'est la même chose pour la sécurité intérieure. J'ai cru comprendre que le ministère de l'Intérieur allait aussi être mis à l'épreuve et là en vérité ce sont les conditions de sécurité de nos compatriotes qui sont immédiatement dégradées", a-t-il déploré.