Arrêté au Japon, le 19 novembre dernier, Carlos Ghosn, le PDG de Renault, a comparu pour la première fois devant la justice japonaise mardi, alors qu’il est soupçonné d’abus de confiance. On connaît très mal en France le système judiciaire japonais, qui est très différent du système français.
Akira Hashimoto, avocat au barreau de Paris et de Tokyo, est venu sur le plateau d’« On va plus loin » pour nous éclairer : « Dans le système français, vous avez un juge d’instruction (…) Au Japon, il n’y a pas de juge d’instruction (…) Au Japon, la durée d’investigation est très raccourcie. En France, dans le cas [de Carlos Ghosn], il pourrait y avoir un ou deux ans pour terminer l’investigation [et] après il pourrait être laissé en liberté ou envoyé devant le tribunal. Mais au Japon, c’est la garde à vue. Et pendant ce temps-là, le procureur doit faire toutes ses investigations et décider si [la personne] va au tribunal ou si elle est relâchée. »
L’avocat rappelle que le taux de condamnation au Japon est de « 99,9% ». Car en fait, c’est le procureur qui décide en amont si la personne doit être renvoyée devant un tribunal ou bien si elle est libérée. Et les personnes sont relâchées dans « 60 à 70% » des cas. Ce qui veut dire que si Carlos Ghosn se retrouve devant un tribunal, il a quasiment toutes les chances d’être condamné.
Les conditions de détention de l’ancien dirigeant de Nissan ont beaucoup été commentées en France ainsi que sa façon de s’être présenté devant le tribunal. Recevant trois bols de riz par jour, dormant sur un futon pendant plusieurs semaines, l’homme est arrivé pour sa comparution, menotté, en sandales vertes en plastique, une corde autour de la taille. Ce qui est en fait le sort de tout détenu au Japon. Akira Hashimoto explique même que Carlos Ghosn, contrairement aux apparences, a bénéficié « un peu d’un traitement de faveur » avec sa cellule individuelle : « Normalement, c’est beaucoup plus dur. Et puis, il a eu un lit (…) Au Japon, il n’y a pas de lit (…) C’est le système japonais (…) Il n’y a pas de luxe, c’est sûr. »
Et de conclure que si Carlos Ghosn est condamné « il peut risquer 15 ans mais c’est le maximum. »
Vous pouvez voir et revoir l’entretien avec Akira Hashimoto, en intégralité :
Entretien avec l'avocat Akira Hashimoto à propos de Carlos Ghosn (en intégralité)