« Tu es mon ami et ta place est à nos côtés, dans la maison des socialistes. » Luc Carvounas s’adresse ainsi à Manuel Valls, qui a annoncé mardi vouloir être le « candidat de la majorité présidentielle » aux législatives. Une décision qui lui coûte cher puisqu’il fait désormais l’objet d’une procédure d’exclusion du Parti socialiste et qu’En Marche n’a pour l’instant pas l’intention de l’investir. Hier, Jean-Paul Delevoye, chargé des investitures du parti d’Emmanuel Macron, a annoncé qu’ « à ce jour, il n’(était) pas dans les critères d’acceptation ».
Le sénateur-maire d’Alfortville admet « une divergence profonde » sur le fond avec l’ancien Premier ministre, mais assure que son « ami » « doit jouer un rôle à l’Assemblée nationale ». « Sur les « bancs du PS » évidemment.
Le report des sénatoriales « semble être acté par le Président »
S’il se dit prêt à pardonner Manuel Valls au cas où il reviendrait sur sa décision - « il a le droit de se tromper » - il est beaucoup plus offensif avec certains sénateurs, à l’image de Didier Guillaume, « assez consentants avec le nouveau président pour un an de rab sur le cumul des mandats ». Il fait allusion au report des sénatoriales, voulu par Emmanuel Macron afin de permettre la réduction du nombre de parlementaires et visiblement à l’étude d’après un article publié hier dans le Bulletin quotidien (BQ). « Beaucoup en parlent, y compris des ministres dont je tairai le nom », confie Luc Carvounas avant d’ajouter que cela « semble être acté par le Président ».
Carvounas : le report des sénatoriales "semble être acté par le Président"
Emmanuel Macron en prend aussi pour son grade, ainsi que les membres de son parti. Il cite un chef de cabinet de Mitterrand : « Les gens d’En Marche ont la vanité des nouveaux riches ». Il ose la comparaison avec Jean-Luc Mélenchon, dont le discours est « exactement le même que celui de Macron », au sens où tout en prônant le rassemblement, ils veulent faire de leurs mouvements respectifs des « partis uniques », avec un leader fort. « À un moment le vernis va se craqueler ».
Jean-Luc Mélenchon fait un « double calcul »
Le sénateur fustige le mouvement de La France insoumise autant que la décision de son leader de convoiter la circonscription marseillaise aux législatives : « C’est un nouveau tome dans sa collection du guide du routard électoral », ironise-t-il. Il accuse Jean-Luc Mélenchon « de faire un double calcul sur l’idée que Jean-Claude Gaudin étant sur le départ, il y a une opportunité peut être d’avoir un cliquet circonscription et ville ». « C’est peu courageux d’aller défier un député socialiste sur sa circonscription », le député sortant étant Patrick Mennucci.
Carvounas accuse Jean-Luc Mélenchon "de faire un double calcul"
Luc Carvounas est profondément attaché au Parti socialiste. Il s’en prend à ceux « qui ont tout vécu grâce au PS » mais qui actent sa mort, comme Gérard Collomb et François Patriat, qui sont « en train de jeter tout avec l’eau du bain pour avoir 5 ans de pouvoir de plus ».
« Toutes les sensibilités de gauche se parlent »
« Je suis attaché à mon parti sauf que je suis le premier à reconnaître que si un enseignement à tirer de la campagne de Hamon, c’est qu’on ne peut plus rester juste dans le périmètre d’un parti politique », tempère le socialiste. Il veut associer les associations, les citoyens et les syndicats et prône l’union des gauches : « Désormais toutes les sensibilités de gauche se parlent et nous serons quelques-uns à être les liens. » Ces quelques-uns pourraient être Benoît Hamon, qui a annoncé hier qu’il lancera le 1er juillet prochain « un mouvement pour reconstruire une gauche inventive, qui dépassera les étiquettes politiques ». Mais aussi Anne Hidalgo, qui a dit dans une tribune publiée hier dans Le Monde qu’elle comptait lancer un mouvement politique appelé « Dès demain », avec notamment Christiane Taubira et Martine Aubry. « Ce n'est pas la création d'un courant, d'un parti. Il s'agit de fédérer autour de valeurs communes », a précisé son entourage. Une initiative saluée par Luc Carvounas.