La porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a assuré ce mercredi à la sortie du Conseil des ministres qu’Emmanuel Macron a acté qu’il n’y avait pour le moment pas « de socle plus large que celui qui est en place aujourd’hui » pour gouverner. Mais, après les consultations des responsables de partis mardi, « le président continue à écouter et à tendre la main ».
Catherine Colonna aux Affaires étrangères, une chiraquienne rompue aux arcanes de la diplomatie
Par Romain David
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Son nom ne dit pas grand-chose au grand public, son CV a de quoi faire pâlir de nombreux diplomates. Catherine Colonna, 66 ans, actuelle ambassadrice de France au Royaume-Uni, vient d’être nommée ministre des Affaires étrangères. Cette énarque, réputée grande technicienne, a commencé sa carrière sous François Mitterrand avant de la poursuivre à l’Elysée sous Jacques Chirac, ce qui fait d’elle une figure du dépassement gauche-droite, si cher à Emmanuel Macron.
Fille d’un agriculteur corse, Catherine Colonna grandit en Touraine avant d’intégrer l’ENA au début des années 1980. Choisissant d’embrasser la carrière diplomatique, elle part pour Washington où elle travaille pour l’ambassade de France aux Etats-Unis. C’est là qu’elle rencontre Philippe Faure, une figure bien connue de la diplomatie française - et futur soutien d’Emmanuel Macron -, mais aussi un certain… Dominique de Villepin. « Elle a déjà la réputation d’être une travailleuse acharnée, de connaître à fond ses dossiers, de détester l’imprécision et d’avoir développé une grande capacité à expliquer les questions les plus complexes », note Les Echos dans un portrait d’elle réalisée en 2014.
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Neuf ans à l’Elysée
De retour à Paris, elle intègre en 1986 la direction des Affaires juridiques du ministère des Affaires étrangères. Puis en 1988 le cabinet de Maurice Faure, ministre de l’Equipement et du Logement de Michel Rocard. Durant la deuxième cohabitation, Catherine Colonna continue de grimper les échelons, devenant l’une des porte-parole du Quai d’Orsay lorsqu’Alain Juppé récupère le portefeuille des Affaires étrangères. Elle y retrouve Dominique de Villepin, alors directeur de cabinet du Bordelais, et qui saura se souvenir d’elle quelques années plus tard…
La carrière de cette technicienne prend un tournant plus politique en 1995, lorsqu’elle devient porte-parole de la présidence, un poste très exposé, mais qui ouvre aussi des perspectives ministérielles. Elle enjambe aisément le septennat de Jacques Chirac et le début de son second mandat. Neuf ans de porte-parolat, un temps record ! Le chef de l’Etat, qui modère ses interventions, s’appuie largement sur elle. En 2004, Catherine Colonna entame une brève parenthèse culturelle, comme directrice générale du Centre national de la cinématographie et vice-présidente du festival de Cannes. Elle est rappelée en 2005 pour rentrer dans le gouvernement de Dominique de Villepin, comme ministre déléguée aux Affaires européennes.
Un ministère fébrile face à la réforme du corps diplomatique
Nommée représentante permanente de la France auprès de l’Unesco en 2008, Catherine Colonna entame sa seconde vie d’ambassadrice à partir de 2014, d’abord en Italie et à Saint-Martin, puis en 2019 au Royaume-Uni, alors que les relations entre Londres et le reste de l’Europe se tendent en raison des négociations difficiles du Brexit.
Catherine Colonna prend donc la suite de Jean-Yves Le Drian au ministère des Affaires étrangères, « une Rolls-Royce », selon la formule de l’un de ses prédécesseurs, Laurent Fabius. Une Rolls qui menace toutefois de débrayer : plusieurs syndicats ont lancé un appel à la grève le 2 juin, pour protester contre certaines mesures de la réforme de la haute fonction publique, en particulier la suppression du corps diplomatique français. Ce sera le premier dossier chaud que la nouvelle ministre aura à gérer.