Le chef de file des socialistes pour les législatives Bernard Cazeneuve a dénoncé mardi à Marseille la "dérive" du leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon, en apportant son soutien au député sortant qu'il a choisi de défier, Patrick Mennucci.
L'ancien premier ministre a annoncé avoir déposé mardi sa plainte en diffamation contre Jean-Luc Mélenchon, qui l'avait accusé, lors d'une réunion publique de s'être "occupé de l'assassinat" de Rémi Fraisse à Sivens en 2014, quand il était ministre de l'Intérieur.
"Au début, j'étais en colère, puis ça m'a consterné et attristé pour lui et pour la qualité du débat démocratique", a commenté Bernard Cazeneuve, en partageant un sirop sur le Vieux Port avec M. Mennucci.
Les nouvelles attaques de M. Mélenchon, qui a accusé dimanche Bernard Cazeneuve d'avoir "beaucoup fait matraquer et gazer" pendant le mouvement contre la loi travail, témoignent d'un "processus de dérive", a déclaré M. Cazeneuve.
"Il se fait beaucoup de mal à lui même. Je m'inquiète pour lui", a-t-il ajouté, dénonçant une "manipulation et (un) mensonge".
M. Cazeneuve a ensuite pointé, lors d'une conférence de presse, le "parachutage" de Jean-Luc Mélenchon, qui a "sillonné tous les Parlements et tous les territoires" avant de choisir de se présenter à Marseille, dans l'une des circonscriptions où il a fait ses meilleurs scores au premier tour de la présidentielle (39%).
Actuellement député européen, M. Mélenchon a été sénateur de l'Essonne, a affronté le Front National à Hénin-Baumont (Pas-de-Calais) en 2012, avant de choisir de "combattre un socialiste", a-t-il déploré. "Il m'arrive de me demander si le +dégagisme+ chez (les "insoumis") ne consiste pas à dégager des circonscriptions dans lesquels ils sont élus", a-t-il raillé.
Répondant à l'ambition affichée de M. Mélenchon de "remplacer le PS" à gauche, M. Cazeneuve a jugé que La France Insoumise était "une organisation politique qui refuse tout, qui est dans l'opposition à tout.
"Nous avons besoin de sociaux-démocrates responsables qui veulent contribuer à la réussite du pays" et pourraient voter certaines réformes présentées par Emmanuel Macron et peser sur certains choix, a-t-il argué.
De son côté, M. Mennucci veut croire à la victoire, malgré des sondages défavorables, face à "Monsieur Non Non", Jean-Luc Mélenchon, et "Mme Oui Oui", la candidate d'En Marche Corinne Versini.
"Je ne crois pas aux députés hors-sol qui viennent se faire élire et qui s'en vont", a ajouté le député qui se dit prêt à "soutenir un certain nombre de choses", comme la suppression de la taxe d'habitation, très élevée à Marseille, et à "s'opposer à d'autres".
Il doit retrouver ses concurrents mercredi pour un débat télévisé diffusé sur France 3.