France Politics
New French prime minister Michel Barnier arrives for the handover ceremony, Thursday, Sept. 5, 2024 in Paris. (Sarah Meyssonnier/Pool via AP)/XTC124/24249591330077/POOL PHOTO/2409051836

« Ce n’est pas un amateur de punchlines », Michel Barnier raconté par ses soutiens au Sénat

Le nouveau Premier ministre au CV long comme le bras a été le troisième homme de la dernière primaire interne à LR. A cette époque, peu de sénateurs croyaient en ses chances de victoire. Ses soutiens de l’époque expliquent pourquoi ils avaient fait de lui leur favori. Ils décrivent un homme taillé pour exercer le pouvoir, beaucoup moins pour le conquérir.
Simon Barbarit

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

A écouter les sénateurs du groupe LR décrire les qualités de Michel Barnier, c’est à se demander pourquoi le nouveau Premier ministre n’a pas remporté haut la main la primaire interne de LR en 2021. « C’est un homme qui est fait pour construire, pas pour conquérir. Ce n’est pas un homme qui aime les formules habituellement utilisées dans les campagnes militantes. Les raccourcis, il a horreur de ça », confesse le sénateur LR de Savoie, Cédric Vial, l’un des très proches de Michel Barnier à la chambre haute.

« Mes collègues n’étaient pas très attentifs à son discours »

L’élu se souvient avoir recensé une soixantaine de soutiens pour sa candidature à la primaire, uniquement au sein du groupe LR du Sénat. « Il y en avait aussi au sein du groupe centriste », précise-t-il. Patrick Chaize, sénateur LR de l’Ain, est dubitatif face à un tel chiffre. « Ça me parait beaucoup. Je me souviens d’une réunion où nous n’étions que cinq ou six. Disons que Michel Barnier n’était pas le premier choix. Ça s’explique car la plupart des gens aiment le showbiz. Ce n’est pas mon cas. Michel Barnier est peut-être devenu au fil de la campagne un choix par défaut pour certains », esquisse-t-il.

La sénatrice, Christine Bonfanti-Dossat, un autre soutien de la première heure, acquiesce. « Lorsque Michel Barnier était venu présenter son programme au groupe (lire notre article), mes collègues n’étaient pas très attentifs à son discours. Peut-être est-ce en raison de sa façon de s’exprimer, mais ce qui compte, c’est le fond ».

Michel Barnier n’est pas ce qu’on peut appeler un tribun. Ce sont ses qualités intellectuelles, ses valeurs, son expérience, son sens du compromis qui lui valent les louanges de ses partisans. « Je n’ai pas de lien particulier avec lui. Pour la primaire, j’avais espéré un temps que Bruno Retailleau y aille. Et quand il a fallu faire un choix, j’ai apprécié la capacité de Michel Barnier à embrasser beaucoup de sujets tout en prenant de la hauteur. Ce n’est pas un amateur de punchlines. Mais il a sa façon à lui de faire passer des messages avec un flegme très britannique. Et je trouvais qu’à l’époque où nous vivons, et où l’on vit toujours, nous avons besoin de respect en politique », explique le sénateur du Maine-et-Loire, Stéphane Piednoir.

« Mais Michel, tape ! »

Jean-Raymond Hugonet sénateur apparenté LR de l’Essonne, lui non plus,  ne connaissait pas Michel Barnier avant 2021. « On s’était croisé deux ou trois fois. Au moment des primaires, un matin, j’écoutais la radio. Et j’entends quelqu’un parler d’immigration. Et je me dis, cette personne pense exactement comme moi. Sans haine ni violence, Michel Barnier expliquait que la France était une terre d’accueil mais il fallait définir ou ça commence et ou ça finit. J’ai alors pris contact avec Cédric Vial pour faire partie de son groupe de soutien », relate-t-il.

Terminant de peu à la troisième place de la primaire LR derrière Éric Ciotti et Valérie Pécresse, Michel Barnier a finalement été puni par là où il a péché : sa communication « La première fois qu’on s’est vraiment parlé, c’était pendant les primaires. Et je lui ai posé cette question : est-ce que vous avez vraiment envie de devenir président de la République ? J’ai senti que j’avais tapé dans le mille. Et si vous vous repassez le premier débat, vous verrez qu’il n’ose pas attaquer les autres candidats. Et on lui a dit le lendemain. Mais Michel, tape ! », se remémore Jean-Raymond Hugonet.

« Pour lui, il faut voir au-delà de la ligne d’horizon »

Parmi les soutiens de Michel Barnier, plusieurs élus ont pu apprécier son action au niveau local. En Savoie, il a accompagné Cédric Vial depuis le début de son engagement politique. « On s’est vraiment rapproché au moment de mon élection au Sénat en 2020. Michel Barnier a pour coutume de dire que la meilleure manière de rassembler, c’est autour d’un projet. Il a toujours été membre du parti de la droite républicaine, UDR, RPR, UMP, LR, mais ce n’est pas un homme de parti pour autant. Pour lui, il faut voir au-delà de la ligne d’horizon, c’est-à-dire au-delà des frontières partisanes. Et en Savoie, il a toujours respecté tout le monde avec cette méthode d’apaisement ».

C’est en « voisin » que Michel Savin, sénateur de l’Isère a eu, lui, l’occasion de suivre son parcours. « Avec Jean-Claude Killy, à l’époque président du comité d’organisation des JO d’Albertville, c’est le président du conseil général, Michel Barnier, qui a piloté les jeux. Et ça a été un grand succès autant d’un point de vue sportif que de l’aménagement du territoire », se souvient Michel Savin, président du groupe d’études des pratiques sportives au Sénat.

Chez ses soutiens de la première heure, certains sont-ils dans les petits papiers du Premier ministre pour rejoindre le gouvernement ? « Joker », répondent les intéressés. Seul Patrick Chaize assume ouvertement être tenté par un poste au Numérique. « S’il considère que je peux apporter quelque chose, ce sera avec grand plaisir. Ce secteur patine car il manque une vraie vision politique », considère l’auteur de la loi de 2021 visant « à réduire l’empreinte environnementale du numérique en France ». « Mais, mon nom ne sortira pas car je ne fais pas partie des appareils », s’empresse-t-il. Un profil technique qui peut-être un avantage en ce temps de fracturation de la vie politique.

 

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

« Ce n’est pas un amateur de punchlines », Michel Barnier raconté par ses soutiens au Sénat
5min

Politique

Projet de loi de refondation pour Mayotte : « Pas d’obsession particulière » sur l’immigration assure Manuel Valls

Après une loi d’urgence pour adoptée en février, le Sénat s’apprête à examiner le projet de loi de programmation pour la refondation de Mayotte qui prévoit 3,2 milliards d’euros pour des investissements jugés « prioritaires », et ce, sur la période 2025-2031. Un texte qui comporte plusieurs mesures sur l’immigration, mais pas la levée des titres de séjour territorialisés, comme le demandent les élus locaux. Une proposition de loi en ce sens a été déposée au Sénat.

Le

Paris: French President Emmanuel Macron during an interview on TV chanel TF1
14min

Politique

Emmanuel Macron sur TF1 : référendum, Gaza, fin de vie… On vous résume les trois heures d’émission

Dans le cadre de l’émission spéciale « Emmanuel Macron - Les défis de la France », le président de la République a répondu, pendant trois heures, à plusieurs personnalités sur l’actualité nationale et internationale, sur TF1. Il s’est prononcé pour la tenue d’« une consultation multiple, c’est-à-dire plusieurs référendums, dans les mois qui viennent », sur des sujets qui restent à déterminer. Sur la situation à Gaza, il a estimé que « ce que fait aujourd’hui le gouvernement de Benyamin Netanyahou est inacceptable ».

Le

NMR
8min

Politique

Nicolas Mayer-Rossignol et ses amis promettent de « changer radicalement le PS »

A deux semaines du vote des militants, le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, qui ambitionne de détrôner Olivier Faure de la tête du PS, a présenté avec sa « dream team » les « 100 premier jours » de son action, s’il remporte le congrès du parti. Avec une ambition : ne pas être « une gauche fantasmée », explique François Kalfon, mais plutôt « une gauche qui veut traiter les problèmes du réel ».

Le

Ukraine Kiev Western Leaders summit
4min

Politique

Emmanuel Macron sur TF1 : 83% des Français souhaitent entendre le chef de l'Etat sur la dette et les finances publiques

Ce mardi, TF1 Info publie un sondage réalisé par l’Ifop, sur les attentes des Français avant le grand rendez-vous donné par Emmanuel Macron ce soir. Si tous les regards sont tournés vers un potentiel référendum, les sondés s’intéressent en particulier à l’état des finances publiques, de l’insécurité en France, ou encore de la situation des services publics.

Le