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« Ce n’est pas un amateur de punchlines », Michel Barnier raconté par ses soutiens au Sénat

Le nouveau Premier ministre au CV long comme le bras a été le troisième homme de la dernière primaire interne à LR. A cette époque, peu de sénateurs croyaient en ses chances de victoire. Ses soutiens de l’époque expliquent pourquoi ils avaient fait de lui leur favori. Ils décrivent un homme taillé pour exercer le pouvoir, beaucoup moins pour le conquérir.
Simon Barbarit

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A écouter les sénateurs du groupe LR décrire les qualités de Michel Barnier, c’est à se demander pourquoi le nouveau Premier ministre n’a pas remporté haut la main la primaire interne de LR en 2021. « C’est un homme qui est fait pour construire, pas pour conquérir. Ce n’est pas un homme qui aime les formules habituellement utilisées dans les campagnes militantes. Les raccourcis, il a horreur de ça », confesse le sénateur LR de Savoie, Cédric Vial, l’un des très proches de Michel Barnier à la chambre haute.

« Mes collègues n’étaient pas très attentifs à son discours »

L’élu se souvient avoir recensé une soixantaine de soutiens pour sa candidature à la primaire, uniquement au sein du groupe LR du Sénat. « Il y en avait aussi au sein du groupe centriste », précise-t-il. Patrick Chaize, sénateur LR de l’Ain, est dubitatif face à un tel chiffre. « Ça me parait beaucoup. Je me souviens d’une réunion où nous n’étions que cinq ou six. Disons que Michel Barnier n’était pas le premier choix. Ça s’explique car la plupart des gens aiment le showbiz. Ce n’est pas mon cas. Michel Barnier est peut-être devenu au fil de la campagne un choix par défaut pour certains », esquisse-t-il.

La sénatrice, Christine Bonfanti-Dossat, un autre soutien de la première heure, acquiesce. « Lorsque Michel Barnier était venu présenter son programme au groupe (lire notre article), mes collègues n’étaient pas très attentifs à son discours. Peut-être est-ce en raison de sa façon de s’exprimer, mais ce qui compte, c’est le fond ».

Michel Barnier n’est pas ce qu’on peut appeler un tribun. Ce sont ses qualités intellectuelles, ses valeurs, son expérience, son sens du compromis qui lui valent les louanges de ses partisans. « Je n’ai pas de lien particulier avec lui. Pour la primaire, j’avais espéré un temps que Bruno Retailleau y aille. Et quand il a fallu faire un choix, j’ai apprécié la capacité de Michel Barnier à embrasser beaucoup de sujets tout en prenant de la hauteur. Ce n’est pas un amateur de punchlines. Mais il a sa façon à lui de faire passer des messages avec un flegme très britannique. Et je trouvais qu’à l’époque où nous vivons, et où l’on vit toujours, nous avons besoin de respect en politique », explique le sénateur du Maine-et-Loire, Stéphane Piednoir.

« Mais Michel, tape ! »

Jean-Raymond Hugonet sénateur apparenté LR de l’Essonne, lui non plus,  ne connaissait pas Michel Barnier avant 2021. « On s’était croisé deux ou trois fois. Au moment des primaires, un matin, j’écoutais la radio. Et j’entends quelqu’un parler d’immigration. Et je me dis, cette personne pense exactement comme moi. Sans haine ni violence, Michel Barnier expliquait que la France était une terre d’accueil mais il fallait définir ou ça commence et ou ça finit. J’ai alors pris contact avec Cédric Vial pour faire partie de son groupe de soutien », relate-t-il.

Terminant de peu à la troisième place de la primaire LR derrière Éric Ciotti et Valérie Pécresse, Michel Barnier a finalement été puni par là où il a péché : sa communication « La première fois qu’on s’est vraiment parlé, c’était pendant les primaires. Et je lui ai posé cette question : est-ce que vous avez vraiment envie de devenir président de la République ? J’ai senti que j’avais tapé dans le mille. Et si vous vous repassez le premier débat, vous verrez qu’il n’ose pas attaquer les autres candidats. Et on lui a dit le lendemain. Mais Michel, tape ! », se remémore Jean-Raymond Hugonet.

« Pour lui, il faut voir au-delà de la ligne d’horizon »

Parmi les soutiens de Michel Barnier, plusieurs élus ont pu apprécier son action au niveau local. En Savoie, il a accompagné Cédric Vial depuis le début de son engagement politique. « On s’est vraiment rapproché au moment de mon élection au Sénat en 2020. Michel Barnier a pour coutume de dire que la meilleure manière de rassembler, c’est autour d’un projet. Il a toujours été membre du parti de la droite républicaine, UDR, RPR, UMP, LR, mais ce n’est pas un homme de parti pour autant. Pour lui, il faut voir au-delà de la ligne d’horizon, c’est-à-dire au-delà des frontières partisanes. Et en Savoie, il a toujours respecté tout le monde avec cette méthode d’apaisement ».

C’est en « voisin » que Michel Savin, sénateur de l’Isère a eu, lui, l’occasion de suivre son parcours. « Avec Jean-Claude Killy, à l’époque président du comité d’organisation des JO d’Albertville, c’est le président du conseil général, Michel Barnier, qui a piloté les jeux. Et ça a été un grand succès autant d’un point de vue sportif que de l’aménagement du territoire », se souvient Michel Savin, président du groupe d’études des pratiques sportives au Sénat.

Chez ses soutiens de la première heure, certains sont-ils dans les petits papiers du Premier ministre pour rejoindre le gouvernement ? « Joker », répondent les intéressés. Seul Patrick Chaize assume ouvertement être tenté par un poste au Numérique. « S’il considère que je peux apporter quelque chose, ce sera avec grand plaisir. Ce secteur patine car il manque une vraie vision politique », considère l’auteur de la loi de 2021 visant « à réduire l’empreinte environnementale du numérique en France ». « Mais, mon nom ne sortira pas car je ne fais pas partie des appareils », s’empresse-t-il. Un profil technique qui peut-être un avantage en ce temps de fracturation de la vie politique.

 

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